Championnats Européens : Jimmy le maudit ?
Le grand public l'avait découvert en 2010, trônant fièrement sur la plus haute marche d'un podium. Il avait alors remporté l'or aux Championnats d'Europe de Barcelone sur le relais 4 x 100 mètres à seulement 18 ans. Déjà la promesse tacite d'un titre individuel sur la distance en individuel pour Jimmy Vicaut.
Huit ans plus tard, il court toujours après ce titre européen qui lui tend les bras depuis pourtant si longtemps. A Berlin, il quitte les Championnats Européens la mine déconfite, frustré d'avoir sacrifié une année d'efforts intenses pour rien. Frustré surtout de s'être senti aussi bien en séries, où il s'est imposé en 9''97 sans forcer. "J'étais très bien après la demi-finale. J'étais impatient d'être en finale, et puis le drame".
L'ischio et le marabout
Vicaut se blesse à l'ischio-jambier droit sur sa dernière accélération sur la piste d'entraînement avant de rejoindre la chambre d'appel. "J'ai tout de suite vu que c'était mort. Je ne fais pas dans la dentelle quand je me teste. C'est comme ça, c'est la dure loi du sport de haut-niveau", explique le sprinteur de 26 ans.
Depuis qu'il a été battu d'un souffle par Christophe Lemaître en 2012 à Helsinki, aucune réussite. En 2014 à Zurich, il se blesse à la cuisse juste avant les demi-finales. Aux derniers championnats, ceux d'Amsterdam en 2016, il ne termine qu'à la 3e place avec un temps très moyen - pour lui - de 10''08, un mois après s'être imposé en 9''88 aux championnats de France.
En 2017, il avait connu une déchirure de l'ischio-jambier qui l'a contraint à l'abandon cette année. Ce même muscle avait été touché en 2012, ce qui l'avait empêché de prendre part à la finale du 4 x 100 mètres. Son mètre quatre-vingt-six et ses quatre-vingt-quatorze kilos lui ont permis de marquer l'histoire de sa discipline en s'adjugeant notamment le record de France et en égalant le record d'Europe en 9''86.
Mais sculpter son corps est un art délicat, le sprint un effort brutal. Jimmy Vicaut a désormais la réputation d'avoir un corps de cristal. Mais son mental tient bon. "Si je suis maudit ? Je ne sais pas du tout ! Il y a peut-être un marabout qui ne m'aime pas ou plus", a-t-il lâché dans un sourire feint quelques minutes après le titre du Britannique Zharnel Hughes, qu'il n'a pu contester.
Pour se remettre de cet échec et pour recouvrer l'essentiel de ses capacités, Vicaut compte d'abord prendre des vacances. Puis il faudra mettre le cap sur d'autres échéances. "Il y a les Mondiaux de Doha en 2019, il y a les Jeux de Tokyo en 2020". Le Français a déjà fait des petites croix dans son calendrier. Il est encore dans la fleur de l'âge et sait qu'il n'a pas gâché sa dernière cartouche ce mardi 7 août 2018.
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