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Championnats européens 2022 : le javelot français reprend son envol à Munich

Deux athlètes français ont été sélectionnés pour le concours du lancer du javelot à Munich, une discipline dans laquelle une jeune génération fait son apparition.

Article rédigé par Louise Gerber, franceinfo: sport - De notre envoyée spéciale à Munich
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Le Français Felise Vahai-Sosaia lors du concours du lancer de javelot des Jeux Méditérranéens, le 2 juillet 2022 à Oran (Algérie). (HERVIO JEAN-MARIE / KMSP via AFP)

Munich devrait rester une date clé pour le javelot français. Pour ces Championnats européens d'athlétisme en Allemagne, deux lanceurs ont été envoyés par la fédération. D'un côté Alizée Minard, 25 ans - 12e du concours dame jeudi - et Felise Vahai Sosaia, 23 ans, originaire de Wallis-et-Futuna, qui débute le sien vendredi 19 août.

Une compétition qui fera date, puisqu'elle met fin à une longue disette pour le javelot masculin. Si Mathilde Andraud, détentrice du record national féminin depuis 2016 avait représenté la France aux Jeux olympiques de Rio, c'est la première fois qu'un lanceur tricolore participe à un concours international depuis les Championnats d'Europe de Barcelone... en 2010. Le début d'une nouvelle ère ?

De jeunes talents et un encadrement qualifié...

Avant la compétition, Vahai Sosaia et Minard, tous deux sacrés champions de France fin juin, décrivaient la "fierté" que représentait leur première sélection internationale en équipe de France - dont la présence se limitait jusqu'à début juillet aux Jeux méditerranéens. "On entre dans une autre dimension, à partager le même hôtel que les athlètes qu'on ne voyait jusqu'à présent qu'à la télévision", raconte Alizée Minard. 

"On est sur une période de renouveau, assure Thierry Cristel, responsable national des lancers à la fédération française d'athlétisme (FFA), avec Alizée et Felise, nous avons deux lanceurs dans les 25 meilleurs européens, continent où la concurrence est la plus forte." Deux autres athlètes (le Tahitien Teuraiterai Tupaia, deuxième meilleur lanceur de javelot français de l'histoire depuis mars avec 80,86 m, et la native de Rodez Jöna Aigouy) ont également réalisé des lancers de niveaux similaires mais sont actuellement blessés.

Avoir des athlètes talentueux avec un certain gabarit est évidemment le point de départ de la réussite, mais pour le cadre de la FFA, d'autres facteurs entrent en jeu. "Le javelot est une discipline technique qui demande un travail de longue haleine avec des gens de qualité. Il faut des encadrants avec une compétence technique élevée", relève Thierry Cristel. Problème ? Les cadres emblématiques des lancers sont partis à la retraite il y a quelques années sans trouver de remplaçants à la hauteur, "ce qui explique qu’on n’a pas eu de progression des athlètes ces derniers temps", assure le responsable national des lancers.

... nécessaires pour maîtriser une discipline ultra-technique

Avec l'arrivée d'Eric Reuillard et Cédric Djerbir, les coachs de Felise et d'Alizée, la passation est en cours de route. "On commence à revoir des encadrants de haut-niveau en javelot", explique avec satisfaction Thierry Cristel, une "discipline très exigeante", qui nécessite de la puissance, de la vivacité, et un gros travail technique. "Il faut six à huit ans de pratique pour appréhender l'engin", estime le cadre de la FFA. Le javelot demande de maîtriser et d'animer une course d’élan d'une trentaine de mètres qui donne la vitesse qu'on transfère au javelot. 

"Sur 100 personnes qui lancent une balle de tennis à 50 m, combien de personnes y arrivent ? Alors imaginez lancer un engin de 2,20 m de long, de le placer sur la meilleure trajectoire possible dans un certain secteur pour produire la distance la plus longue possible, qui représente l'équivalent de deux terrains de handball", image Thierry Cristel. 

Faire tomber le record de France

Cette gestuelle peu évidente à dompter fait du javelot le lancer le plus technique. Et une discipline dans laquelle les Français stagnent : chez les hommes, le record de France de Pascal Lefèvre (82,56 m) tient depuis 1989 - et reste loin du record du monde (98,48 m, réalisé en 1996). Pour Thierry Cristel, c'est l'émulation entre les jeunes lanceurs qui a donné lieu à des performances proches de ce record. "Quand Pascal Lefèvre réalise le record de France, il concourt avec Stéphane Laporte, qui lance également à plus de 80 m", rappelle le technicien français, pour qui la concurrence est quasi-nécessaire pour progresser.

"C'est une chance d'avoir à nouveau deux garçons à la bagarre", estime Thierry Cristel, faisant référence à Felise Vahai Sosaia et Teuraiterai Tupaia qui ont un "beau challenge" devant eux selon le cadre : "Faire tomber le record de France aux Jeux olympiques à la maison". "De toute façon, il faudra le battre pour se qualifier", estime le cadre tricolore. Soit réaliser les minimas, "qui étaient à 85 m à Eugene", soit faire partie des 32 meilleurs au ranking, "c'est-à-dire cumuler cinq performances entre 83 m et 84,5 m environ".

Du côté des filles, le potentiel existe également. Alizée Minard, basée désormais à Bordeaux après deux années passées aux Etats-Unis, pourrait profiter de la concurrence de Jöna Aigouy (en convalescence après avoir été victime d'une rupture du ligament croisé du genou gauche).

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