Carl Lewis : "Notre sport est en train de mourir"
"Notre sport est en train de mourir. Quand Michael Johnson, moi-même, Jackie Joyner-Kersee et Edwin Moses avons pris notre retraite, l'athlétisme était au sommet", a rappelé le nonuple champion olympique. L’ancienne légende des tartans venait tout juste de participer au lancement officiel de la commission des athlètes de Los Angeles 2024, dont il est l’un des principaux ambassadeurs.
Carl Lewis ne s’est pas arrêté en si bon chemin dans sa critique : "tout le monde dit que ce sport va bien, mais il faut se souvenir que pour les Mondiaux de Rome (en 1987) ou d'Helsinki (en 1983), il y avait 60.000 spectateurs dans les tribunes. Maintenant, il y en a 25.000". L’octuple champion du monde déplore ce qu’il considère être comme un "déclin" de son sport : "Maintenant, 60% des meetings qui étaient au calendrier il y a vingt ans ont disparu, et les sponsors sont partis."
Lewis prédit même une campagne décevante de ses successeurs en sélection américaine, lors des épreuves masculines des Jeux de Rio. "Regardez ce qu'il s'est passé lors des Mondiaux-2015 (de Pékin), on n'a quasiment rien gagné chez les messieurs", martèle-t-il, en faisant référence aux quatre titres américains décrochés en Chine, dont un seul en sprint (4x400 m). Un résultat faible qui détient pour origine le manque de formation et de compétence des entraîneurs présents dans les écoles. "Quand je vois des jeunes athlètes dans les compétitions universitaires, il y aurait tant de choses à changer dans leur façon de courir. L'entraînement (les premières années) n'est pas du tout ce qu'il devrait être", regrette celui qui a remporté dix médailles en quatre championnats du monde.
"La longueur ? C'est pathétique"
Carl Lewis, aujourd’hui âgé de 54 ans, déplore également le niveau actuel du saut en longueur, sa discipline de prédilection sur laquelle il a régné au niveau olympique de 1984 à 1996. "C'est la discipline qui est dans le pire état au niveau mondial, c'est affreux", se désole-t-il. "Avec son record personnel datant d'il y a 80 ans, Jesse Owens aurait été troisième du concours des Jeux olympiques de Londres en 2012".
"Est ce que vous voulez vraiment voir des concours gagnés avec des sauts à 26 pieds (7,92 m) ? Ils ne savent pas sauter, mais comme ils gagnent quand même, ils n'essaient pas de s'améliorer. A mon époque, quand je sautais 26 pieds, je demandais à ce qu'il ne soit pas mesuré", s’énerve Lewis.
Aux JO de Londres en 2012, le Britannique Greg Rutherford a remporté le titre olympique avec un saut à 8,31 m. Une performance très éloignée du record du monde de l'Américain Mike Powell (8,95 m), établi en 1991 au terme d'un duel épique avec Carl Lewis lors des Mondiaux 1991. "Mike et moi, nous sautions régulièrement à 28 pieds (8,53 m). La génération actuelle ? Rutherford ? Je suis désolé mais c'est pathétique, il ne devrait pas gagner comme cela", a conclu l’ancien roi des sautoirs, qui ne semble pas être complètement rentré dans son costume d’ambassadeur de Los Angeles 2024.
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