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Brésil-2014: le chantier des stades

Ce 25 décembre marque une date importante pour le Brésil puisque nous sommes à 900 jours de l'ouverture de la Coupe du monde de football en 2014 (12 juin au 13 juillet). Engagé dans une entreprise gigantesque, le pays où le ballon rond est roi voir l'échéance se rapprocher. C'est l'occasion de faire un tour d'horizon de tous les défis qui attendent les Brésiliens. Premier des quatre volets de notre dossier: les stades.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 9min
 

Une Coupe du monde, c’est d’abord des stades. Première vitrine et surtout support essentiel pour voir de belles rencontres, les enceintes au Brésil représentent l’un des principaux chantiers du comité d’organisation. Douze villes, douze stades (dont cinq doivent être construits, les autres étant rénovés), douze occasions de réussir (ou rater) l’épreuve planétaire en 2014.

De Manaus, au Nord, jusqu’à Porto Alegre, au Sud, en passant par Fortaleza, Natal, Recife, Salvador, Brasilia, Cuiaba, Belo Horizonte, Sao Paulo, Curitiba et bien entendu Rio de Janeiro, le Brésil est lancé dans les douze travaux d’Hercule, et dans un contre-la-montre à risques. Car dans le planning de la Fédération internationale (FIFA), la majeure partie des travaux doit être finie à la fin de l’année 2012, pour pouvoir accueillir la Coupe des Confédérations du 15 au 30 juin 2013. La première répétition, le juge de paix à un an du Mondial.

Sous surveillance de la FIFA

Chaque projet a eu son lot de surprises et de mésaventures, et certains accusent déjà de gros retards, ce qui a poussé la FIFA à rappeler à l’ordre le Brésil. Même le syndicat nation des entreprises d’architecture et de l’ingénierie du Brésil (Sinaeco) s’était montré inquiet par la lenteur des travaux en mars 2010. Au cœur des problèmes : l’argent, bien sûr. Près de 3 milliards d’euros à engager, qui devaient, à l’origine, reposer sur les épaules d’investisseurs privés. Mais ils ont beaucoup tardé, et les collectivités (états, municipalités, gouvernement, …) ont dû s’employer. Les autorités brésiliennes ont régulièrement dû montrer toute leur bonne foi. En août, Dilma Rousseff, la présidente, annonçait que "la rénovation et la construction des stades va à un rythme adéquat. Des douze stades où auront lieu les matches, dix sont en travaux, et neuf seront prêts en décembre 2012".

Aldo Rebelo, ministre des Sports du Brésil: "La majorité des travaux dans les stades seront finis avant la fin des délais fixés."

Concrètement, Cuiaba (43 000 places dans l’Ouest), Belo Horizonte (69 000 places à l’Est) sont deux des très bons élèves, suivis par Natal (45 000 places sur la côte Ouest), Recife (46 000 places sur la côte), Fortaleza (60 000 places au Nord-Ouest) et Manaus (44 000 places au Nord). Pour eux, les feux sont au vert, même si l’enceinte de Manaus inspire des doutes. Pas sur le plan de sa construction ou de son architecture, mais plutôt de son utilisation future. Car dans la région amazonienne, le football n’est pas aussi développé que dans le reste du pays, et surtout, aucune équipe n’évolue en série A ou B, et faire stade comble après l’événement va s’apparenter, pour beaucoup, au miracle. La crainte de "l’éléphant blanc" ou de la coquille vide après le Mondial est grande.

Le Maracana, un écrin en travaux pour trois ans

Pour les autres, si celui de Curitiba (45 000 places au Sud-Est) connaît des retards, ce n’est rien comparé aux cinq derniers. Et ce ne sont pas les moins connus. Salvador (50 000 places sur la côte Est), Porto Alegre (66 000 places au Sud-Est), Brasilia (70 000 places au centre), Sao Paulo (65 000 places à l’Est) et Rio (83 000 places à l’Est), voici les stades les plus importants, ceux qui connaissent le plus de soucis. Trois cas, trois exemples des difficultés.

La répartition des matches par villes
. Rio de Janeiro: 4 matches de groupe, un 8e de finale, un quart de finale et la finale
. Sao Paulo: le match d'ouverture, trois autres matches de groupe, un 8e de finale, une demi-finale
. Brasilia: 4 matches de groupe, un 8e de finale, le match pour la 3e place
. Belo Horizonte: 4 matches de groupes, un 8e de finale, une 1/2 finale
. Salvador: 4 matches de groupes, un 8e de finale, un 1/4 de finale
. Fortalezza: 4 matches de groupes, un 8e de finale, un 1/4 de finale
. Porto Alegre: 4 matches de groupes, un 8e de finale, un 1/4 de finale
. Recife: 4 matches de groupes, un 8e de finale
. Cuiaba: 4 matches de groupes
. Curitiba: 4 matches de groupes
. Manaus: 4 matches de groupes
. Natal: 4 matches de groupes

D’abord le plus mythique : le Maracana de Rio de Janeiro. Construit pour la première Coupe du monde organisée au Brésil en 1950, il subit une cure de jouvence (encore une) pour améliorer son accueil et sa sécurité. Des 200 000 spectateurs venant s’entasser ici à ses débuts, il n’y en aura plus que 83 000 en 2014. Ce chantier gigantesque, perturbé par les pluies diluviennes du mois d’avril 2010 qui avaient fait 153 morts dans la région et l’avait transformé en piscine puis par une grève des ouvriers en août 2011, doit se terminer en 2012. L’Etat de Rio, propriétaire du stade, affirme qu’il sera rouvert comme prévu en 2013, après trois ans de travaux. Beaucoup sont sceptiques, mais le Brésil n’a pas le choix : le Maracana devra être prêt pour la Coupe des Confédérations, quitte à augmenter les coûts, à travailler nuit et jour.

Le véto de la FIFA à Sao Paulo

A Sao Paulo, c’est plus compliqué. La FIFA a dû mettre son veto pour écarter le projet de rénovation du Stade Morumbi, qui ne prévoyait qu’une capacité de 48 234 places. Pas aux normes de la FIFA, encore moins pour accueillir le match d’ouverture. Du coup, le FC Sao Paulo, ancien club de Raï, a vu les voisins des Corinthians hériter du dossier. 65 000 places, mais des retards incroyables qui ont d’abord inquiété la FIFA avant qu’elle n’adoucisse sa position. Le président du club assure que le stade sera fini pour septembre 2013.

Enfin, Porto Alegre révèle toute la complexité qui peut exister dans un projet. Dans une ville où la rivalité entre l’International (en rouge et blanc) et le Gremio (en bleu, le club formateur de Ronaldinho) est extrêmement forte, le choix du premier par le Comité d’organisation a fortement déçu le second. Qui s’est lancé dans un projet de rénovation de son stade, trouvant les financements alors que son rival avait toutes les peines pour y parvenir. Les "Tricolor" rêvent secrètement d’un revirement, « façon Sao Paulo ». C’est d’ailleurs le seul cas problématique reconnu par le gouvernement : "Un seul retard a été constaté dans le Rio Grande do Sul", déclarait au début du mois de décembre le ministre des Sports. Là encore, l’optimisme est de rigueur. Méthode coué ou réalité ?

L’exemple écologique de Belo Horizonte

A l’opposé des difficultés des uns et des autres, le stade de Belo Horizonte fait figure de modèle à suivre. Dans les temps en ce qui concerne l’avancée des travaux, le stade du Mineirao vise surtout l’excellence en terme d’environnement. Avec en prime la certification LEED (Leadership in energy and Environmental Design), une norme américaine désignant des bâtiments à haute qualité environnementale.

"On n'accepte plus de travaux qui ne tiennent pas compte du respect de l'environnement", explique José Roberto Bernasconi, président du syndicat d'architecture et d’ingénieurie de Sao Paulo (Sinaenco-SP). La rénovation (qui devrait se terminer en 2012) de ce stade construit en 1965 privilégie ainsi l’embauche de fournisseurs locaux pour éviter le transport et donc l’augmentation de gaz à effet de serre. Il a aussi été décidé de recueillir jusqu’à six millions de litres d’eau de pluie pour arroser les pelouses, de réutiliser le béton retiré du stade original pour effectuer la rénovation, de donner les 50 000 sièges retirés à des gymnases et complexes sportifs, tandis que les 800 000m3 de terre extraites ont servi à panser des zones dégradées par l’exploitation de mines de pierres précieuses.

"Tout a été réutilisé", se félicite Vinicius Lott, en charge du projet "Mondial durable" du gouvernement du Minas Gerais. Cerise sur le gâteau : l’installation d’une usine solaire sur le toit de l’enceinte, qui permettra d’alimenter 1500 domiciles. 6000 panneaux solaires développeront une puissance de 1.5 mégawatt par heure, chiffre bien inférieur à la capacité d’une centrale hydroélectrique. Mais c’est de l’énergie "propre".

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