De suicidaire à champion du monde, la rédemption de Tyson Fury
Des milliers de supporters britanniques venus supporter le gamin de Manchester, donnant au MGM de Las Vegas des faux airs de Old Trafford. Une entrée toute en exubérance, avec trône, couronne sur la tête et cape rouge sur le dos. Puis une démonstration, brutale, imposante, pour réduire en lambeaux un monstre de la boxe invaincu jusque-là.
Minute après minute, round après round, Tyson Fury a dessiné les contours d’une victoire sans appel, face à un Deontay Wilder impuissant comme jamais jusque-là. "Pas mal pour un vieux gros qui peut pas cogner, hein ?", a-t-il lancé en conférence de presse après avoir envoyé Wilder deux fois au tapis, avant que le clan de ce dernier ne se décide à jeter l’éponge à la 7e reprise. Une nouvelle consécration mondiale pour Tyson Fury - qui s’empare de la ceinture WBC -, un peu plus de quatre ans après son premier coup d’éclat.
A Düsselforf, il était venu à la surprise générale à bout de la légende Wladimir Klitschko, 40 ans et invaincu depuis 2004. “Ton heure est venue, c'est la fin de ton règne” avait clamé , avant le combat Tyson Fury, 2.06m de confiance en soi et de provoc’. Une victoire et le nouveau statut de patron des lourds qui n’auront rien du début de l’hégémonie de Fury sur la boxe mondiale. Bien au contraire, elle sera le point de départ de sa descente aux enfers.
Alcool, drogue et dépression
1er octobre 2016. La chaîne américaine ESPN annonce que Tyson Fury a été contrôlé positif à la cocaïne fin septembre, suite à un contrôle urinaire. Le lendemain, il annonce qu’il renonce à sa revanche tant attendue face à Wladimir Klitschko, se disant “médicalement inapte à combattre”. Tyson Fury a touché du doigt la rançon de la gloire, plongeant dans la drogue, l’alcool et la dépression dans la foulée de son sacre mondial. “Je ne m’entraîne plus, je suis dépressif, j’en ai assez de la vie”, explique-t-il au magazine Rolling Stone, se confiant longuement sur les maux qui le touchent. “Je suis sur le point de devenir alcoolique. Je bois du lundi au vendredi et du vendredi au dimanche. Je ne peux faire avec [la dépression] et la seule chose qui m’aide, c’est quand je m’évade. Je ne mens pas, je n’ai pas besoin de mentir. J’ai pris de la cocaïne à de nombreuses occasions au cours des six derniers mois, et pas pour améliorer mes performances."
Dépression, drogue, alcool et - plus inquiétant encore - pensées suicidaires ("J’espère juste que quelqu’un me tue, avant que je ne me tue moi-même”), Fury n’a plus rien d’un boxeur de haut niveau, encore moins quand il se voit retirer sa licence suite à sa suspension pour son contrôle positif à la nandrolone et à la cocaïne. Mais il ne faut pas enterrer si vite le “Gypsy King”, qui annonce en janvier 2018 sa volonté de remonter sur le ring. Rien n’est alors gagné. Monté jusqu’à 174 kilos sur la balance, traité de “gros lard” sur les réseaux sociaux par le nouveau roi des lourds Anthony Joshua et pris de haut par ses concurrents, Tyson Fury va se nourrir de cette haine pour effacer 50 kilos de superflu, s’offrir deux combats face à des boxeurs de seconde catégorie pour se refaire la main avant de revenir sur le devant de la grande scène pour un combat très attendu face à Deontay Wilder.
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Loin d’être favori, personne ne sait alors s’il aura de quoi tenir la cadence. Fury tiendra 12 rounds, dominant globalement les débats avant d'aller deux fois au tapis lors de la 9e et la 12e reprise sous la puissance de Wilder, permettant à l'Américain de conserver sa ceinture WBC. "Même si je suis allé au tapis deux fois, je crois que j'ai gagné ce combat, j'ai montré que j'étais un vrai champion, un vrai guerrier, un grand professionnel, personne de ma taille et de mon poids ne bouge comme moi", lance alors Fury.
Il aura droit à sa revanche un an plus tard pour une victoire éclatante. Cette fois, c'est Wilder qui goûtera deux fois au tapis sur le ring de Vegas pour une première défaite chez les professionnels. "Je peux vous dire que le roi est remonté sur le trône", a clamé Tyson Fury après sa victoire, fidèle à cette promesse faite lors de l'annonce de son retour en janvier 2018 de vouloir "tous [les] détruire". En attendant un possible "Fury-Wilder III", Anthony Joshua, tenant des titres WBA, WBO et IBF, est le prochain sur la liste du "Gypsy King."
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