Boxe - antidopage : Yoka entendu, sa sanction sera connue le 4 juillet
A trois jours de son 5e combat chez les pros contre l'Anglais Dave Allen, samedi au Palais des Sports de Paris, le champion olympique des lourds est lancé dans une bataille en coulisses tout aussi cruciale pour la suite de son parcours. Suspendu un an avec sursis en décembre par la Fédération française de boxe pour trois fautes entre juillet 2016 et juillet 2017, Yoka est désormais sous la menace d'une sanction plus lourde devant l'Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), qui s'est saisie du dossier.
Le danger est réel pour le boxeur de 26 ans puisque, pour trois manquements en douze mois, le code de l'Agence mondiale antidopage (AMA) prévoit deux ans de suspension ferme, ou un an au mieux, "en fonction du degré de la faute du sportif". Le droit français dispose cependant que la peine peut être encore réduite en raison de "circonstances particulières". Une nuance à laquelle s'est accroché l'avocat du boxeur, Me Arnaud Péricard, qui a rappelé qu'en France, les sanctions automatiques, ça n'existe pas".
Le camp Yoka devra en tout cas attendre jusqu'au 4 juillet, "au plus tôt", avant que ne lui soit notifiée la décision, qui pourra être attaquée devant le Conseil d'Etat, a précisé le secrétaire général de l'AFLD, Mathieu Teoran.
Conséquences lourdes
Costume noir, chemise blanche et cravate, accompagné de son épouse Estelle Mossely, l'unique médaillé d'or olympique de l'histoire de la boxe française chez les lourds s'est engouffré vers 10h30 dans l'immeuble où siège l'AFLD à Paris, sans faire de déclaration. Une heure plus tard, à la sortie, il s'est réjoui d'avoir pu exposer ses arguments devant les neuf membres du collège de l'AFLD, magistrats, scientifiques et représentants du monde sportif."Ils ont été super, a déclaré le boxeur. Ils nous ont écouté. Je pense qu'ils ont compris un certain nombre de choses et c'était important (...) de pouvoir m'exprimer face à eux".
Pour son avocat Me Arnaud Péricard, "il était important que Tony Yoka (...) puisse apporter un certain nombre d'éléments expliquant les conséquences que pourrait avoir une mesure disciplinaire forte."
"A chaque fois, il y a des éléments factuels qui viennent non pas justifier mais qui viennent expliquer" les trois fautes, a-t-il ajouté. Le boxeur se voit reprocher deux "no show", c'est-à-dire son absence à l'adresse qu'il a indiquée et où il doit se trouver une heure par jour pour être contrôlé, en juillet 2016, avant les JO de Rio, et en septembre 2016. Le troisième avertissement, synonyme d'ouverture d'une procédure disciplinaire, est tombé en juillet 2017, pour non transmission de sa localisation. Avant l'audience, son avocat avait expliqué que le boxeur s'était relâché durant cette époque, une période de "transition entre le monde amateur et le milieu professionnel".
Le clan Yoka va maintenant vivre fébrilement dans l'attente de la décision de l'AFLD. Selon le degré de sévérité de l'Agence, c'est tout l'édifice bâti autour du boxeur qui pourrait voler en éclats. Le Parisien pourrait ainsi voir son ascension sportive et médiatique brisée net, lui qui avait enchanté la France aux JO de Rio en 2016, réveillant du même coup le fantasme d'un futur sacre en pro dans la catégorie reine. Il a d'ores et déjà exclu de combattre à l'étranger sous l'égide d'organismes ne reconnaissant pas le code mondial antidopage.
En cas de lourde sanction, il faudra également guetter la position de Canal+, qui a misé gros sur Yoka en lui faisant signer un contrat d'exclusivité de 4 ans estimé entre 8 et 10 millions d'euros.
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