Une année sur la planète basket
Peut-on imaginer les Etats-Unis sans titre de champion du monde pendant vingt ans ? Presque impossible. Mais dans un pays qui a dû mal à se mobiliser pour une autre compétition que le NBA et où seuls les Jeux Olympiques sont de nature à faire vibrer le patriote, on n'en était pas loin. C'est tout le drame de Championnats du monde dont tout le monde ou presque se moque. Le Team USA a donc attendu seize années avant de regrimper sur la plus haute marche du podium. La "sienne". Sans ses principales stars (Bryant, James, Wade, Anthony, Stoudemire, etc.), il a fallu revenir aux fondamentaux pour le coach Krzyzewski : quelques guerriers, une défense athlétique et un Kevin Durant intenable dans le bain turc (38 pts en demi-finale et 28 en finale). Sérieuse et appliquée, l'équipe américaine a largement dominé son sujet, y compris dans une finale de tous les dangers face au pays hôte, la Turquie (81-64). Un bel élan de fraîcheur ! "Le Mondial a longtemps été moins important aux Etats-Unis que dans les autres pays et cela explique pourquoi on ne l'avait plus gagné depuis 1994. Aujourd'hui nous sentons la passion autour de cet événement", a expliqué Chauncey Billups, capitaine de ce que certains ont qualifié d'équipe C puisque privée de ses douze champions olympiques de Pékin. Seront-ils encore là à Londres ? Pas certain
Si le 16e titre NBA des Los Angeles Lakers, vainqueurs des Celtics 4-3 en finale, a permis d'écrire un nouveau chapitre de ce "clasico" (12e finale entre les deux franchises), un autre évènement aura tenu en haleine les parquets de la ligue nord-américaine. Le transfert de "l'élu", LeBron James. En fin de contrat avec les Cavaliers de Cleveland, James allait-il quitter l'Ohio, son état d'origine, pour les dollars de Big Apple ou de la Floride ? La réponse se situait dans l'échec chronique des Cavs, premiers de la conférence Est en saison régulière mais battus en finale par Boston. LeBron James perdait les pédales et allait jusqu'à annoncer sa décision sur ESPN dans une émission spéciale appelée "The Decision". Un incroyable barnum médiatique qui a écorné l'image de la star et fait du Heat l'une des équipes les plus détestées de la NBA. Fin 2010, après un début très poussif de sa nouvelle équipe, le natif d'Akron n'est toujours pas assuré d'avoir une bague de champion au doigt. A noter par ailleurs le changement de statut de Joakim Noah avec les Bulls. Avec un contrat de 60 millions de dollars sur 5 ans !
Il en est un pour qui l'année 2010 a été un vrai cauchemar. En club comme en équipe nationale, rares auront été les moments de satisfaction. Homme du renouveau à Villeurbanne (champion de France 2009) et sauveur désigné de Bleus en perdition, Vincent Collet n'a pas survécu à sa double casquette. Si les deux échecs ne sont pas directement liés, ils interpellent, non pas sur les qualités du coach, mais sur la cohabitation des deux fonctions. En Pro A, l'Asvel était un candidat très sérieux à sa succession avec les recrutements de Dixon et Borchardt. Malgré une Semaine des As en trompe l'il, car remportée à domicile, les Verts n'ont jamais réussi à appliquer le jeu huilé prôné par Collet. Résultat : une piteuse 14e place en championnat (premier non-relégable), une non qualification pour les playoffs (une première pour un champion sortant) et une absence du top 16 de l'Euroligue. Rebelote cet automne avec un mauvais recrutement (Vassalo, Zizic, Jefferson). C'en était trop pour le directoire du club rhodanien qui écartait Collet du banc (remplacé par Ghrib). Actionnaire majoritaire du club et bombardé vice-président, Tony Parker a certainement eu son mot à dire. Les retrouvailles en Bleu entre "TP" et Collet s'annoncent froides à l'été 2011.
Bouté de l'Astroballe, le Normand n'a pas tenté une pénétration au Pole Emploi. Il reste en effet le sélectionneur de l'équipe de France avec un gros chantier en perspective. Collet est sommé de bâtir une équipe performante à l'Euro en Lituanie (ou au tournoi de pré-qualification olympique) afin d'obtenir sa qualification pour les JO de Londres. Privés de ses principaux des Parker, Turiaf, Mickael Pietrus et en attente de Noah, les Bleus ont alterné bon et très mauvais en Turquie. Après une préparation désastreuse (tournée en Amérique du Nord ratée), la France s'est payée le luxe de battre l'armada espagnole d'entrée (72-66) avant d'enchaîner contre le Liban (86-59) et le Canada (68-63). Mais deux revers inexplicables contre la Lituanie (69-55) puis la Nouvelle-Zélande (82-70) et ont précipité le sort des Français, opposés aux Turcs en 8e. Chez elle, la Turquie écrasait une France apathique 95-77, rouvrant du même coup la plaie ouverte par les déserteurs frenchies de la NBA. Fin de l'équipe expérimentale de Collet. "J'aurais aimé au moins avoir un huitième de finale plus abordable. C'est ça qui est le plus regrettable, ce fameux match contre la Nouvelle-Zélande, où on a gâche le bénéfice de tout ce qu'on avait fait auparavant, indiquait le sélectionneur à la fin du Mondial terminé en 13e position. On aurait pu avoir un huitième contre la Grèce ou la Russie. Ca ne veut pas dire qu'on aurait gagné. On était quand même avec une équipe expérimentale. Mais elle a aussi montré de très belles choses et tout n'est pas négatif dans ce Mondial . On n'est juste pas assez forts pour jouer dans cette cour-là et c'est normal car on n'a pas un réservoir extensible. Les jeunes joueurs ont emmagasiné de l'expérience pour progresser et être candidats à la prochaine équipe de France qui, je l'espère, sera renforcée par ses meilleurs joueurs." Vivement 2011 !
Cette rétro ne serait pas complète sans aborder le chapitre national par le sacre (enfin !) de Cholet. Souvent placé mais jamais gagnant, le club des Mauges a fini par tordre le cou aux vieux démons en dominant la Pro A de la tête et des épaules. Sous la houlette du coach Erman Kunter, le CB a remporté la saison régulière puis a dominé les playoffs malgré une grosse frayeur contre Grevlines en demi-finales. A Bercy, Cholet a étouffé Le Mans 81-65 en s'appuyant sur une défense intense où le "virus" John Linehan a fait très mal. Mention spéciale également pour Séraphin, Gelabale et Meija, trois piliers du coach franco-turc.
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