Edwin Jackson, le shoot made in France
En 1975, personne ne pensait qu'il faudrait attendre 2014 pour voir un Français succéder à Jacques Cachemire. L'arrivée massive et surtout le talent des joueurs américains ont relégué les scoreurs tricolores au rang de faire-valoir chaque saison. C'était sans compter sur la volonté sans faille d'Edwin Jackson. Intérieurement, le prodige de l'ASVEL s'était programmé pour arriver au sommet des marqueurs de la ligue. Doté d'une incroyable confiance en lui, il n'a cessé de progresser, passant de 3,5 pts de moyenne à son retour à Villeurbanne en 2010 à 18,2 pts cette saison. Souvent taxé d'individualiste, l'arrière rhodanien est simplement un soliste surdoué qui joue sa partition dans un orchestre philharmonique. "Que dire sur Edwin ? Il a un physique et un shoot hors normes, et le pire, c’est qu’il a encore tellement à progresser ! Il est perçu comme quelqu’un d’égoïste mais c’est notre meilleur passeur", raconte son coach Pierre Vincent, admiratif.
Une soirée historique
Face à la Chorale, Jackson avait un double objectif. Premièrement qualifier son équipe pour les playoffs et ensuite dépasser le Chalonnais AJ Slaugther au classement des meilleurs marqueurs. Relégué et avec seulement six pros sur le parquet, Roanne n'a pas existé longtemps. Au fil d'une victoire qui se dessinait, Jackson a lâché son bras comme jamais. "Au début, je n’ai pas du tout abordé cette rencontre pour être coûte que coûte le meilleur marqueur du championnat, le plus important était la qualification, assure-t-il. Je n’ai pas forcé les choses, juste été très agressif, et eu beaucoup de réussite. A la fin, évidemment, plus les minutes passaient, plus je me suis dit que j’allais le faire." Et comment ! Auteur de 44 pts (record en carrière et meilleur total d'une Français depuis Antoine Rigaudeau et ses 47 pts avec Cholet contre Gravelines en 1993, ndlr) avec un 15/20 aux tirs, 7 rebonds et une évaluation de 47, l'arrière français de 24 ans a fait coup double. Avec ses 13 pts à Nanterre, Slaughter a vu Jackson lui passer devant in extremis. "C’est un sentiment très particulier de se dire que l’on restera dans l’Histoire, avoue Jackson. Evidemment que j’ai envie de gagner des titres collectifs, mais cette récompense individuelle, elle est gravée dans le marbre, personne ne me l’enlèvera ! La qualification plus le titre de meilleur marqueur, c’est la soirée parfaite, je ne pouvais pas imaginer mieux terminer."
Objectif Limoges ...et France
Ce titre de top scoreur, c'est aussi celui de Pierre Vincent qui le fait progresser chaque jour. Un pari réussi qui donne du corps au projet de l'Asvel et des garanties pour l'avenir. Jackson a toujours dit qu'il voulait jouer toute sa carrière à Villeurbanne. Il cadre parfaitement avec les ambitions de Tony Parker d'en faire une place forte européenne. "Ce qu’il a fait ce soir est phénoménal ! Après, moi, à travers cette performance, j’ai envie de valoriser le travail du club qui a pris des risques en construisant une équipe française, à laquelle on pouvait s’identifier. Et Edwin en est le symbole et le leader !" Aussi curieux que cela puisse paraître, Edwin Jackson n'a pas encore fait son trou en équipe de France. Appelé en préparation, il se heurte pour l'instant à la paire estampillée NBA De Colo – Batum. Nul doute que Vincent Collet va lui trouver une petite place lors des prochaines échéances. En attendant, Edwin Jackson va se frotter à l'enfer de Beaublanc en quarts de finale. Limoges, Villeurbanne et Jackson, trois légendes sur un même parquet !
Voir sur Twitter
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.