Frank Ntilikina : Du centre de formation de la SIG à Russell Westbrook
Le basket dans le sang
« La NBA, j'en rêve depuis que je suis tout petit ». Né en juillet 1998 en Belgique, comme un certain Tony Parker dont il partage également le poste de jeu, Frank Ntilikina a commencé le basket à l’âge de 5 ans. Très vite, son niveau interpelle jusqu’aux plus grosses écuries françaises : le club de Strasbourg décide de le prendre sous son aile alors qu’il n’a que 15 ans. Ultra-précoce, sa formation alsacienne se déroule à merveille. En 2015, la SIG lui offre son tout premier contrat professionnel. Grâce à sa vision de jeu et son impact défensif, Ntilikina se crée rapidement une place dans la rotation de Vincent Collet.
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A tel point que, deux plus tard, le Frenchie peut se vanter d’être titulaire dans l’un des meilleurs clubs de l'hexagone, d’avoir disputé deux finales de Pro A, joué plusieurs rencontres d’Euroligue et obtenu deux trophées de meilleur espoir du championnat de France… Sans oublier son palmarès international : champion d’Europe des moins de 16 ans (2014) et moins de 18 ans (2016) où il est élu meilleur joueur du tournoi après 31 points et 14 rebonds claqués en finale face à la Lituanie.
Courtisé par la Grande Ligue
De fait, les recruteurs américains le scrutent de très près, au point d’en faire un candidat très crédible au Top 10 de la Draft NBA de 2017, à comprendre parmi les 10 meilleurs espoirs au monde. Même le prestigieux New York Times s’y met en lui accordant un long portait… La suite de sa carrière se dessinera donc vers la NBA, où il se présente à la cérémonie en pleines finales de Pro A, non sans une dernière acclamation de son public alsacien.
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Une Draft historique
Perfectible offensivement mais d’une exceptionnelle maturité tactique et défensive, Frank Ntilikina est devenu, ce 22 juin 2017, le Français drafté à la plus haute position de l’histoire de la ligue américaine. Une 8e place décidée par les Knicks de New-York qui ont de fait destiné une grande carrière au gamin d’1m96. A titre de comparaison, Tony Parker (28e choix en 2001), Joakim Noah (9e en 2007), Nicoals Batum (25e en 2008) et plus récemment Rudy Gobert (27e en 2013) sont devenus des joueurs incontournables outre-Atlantique.
Mais chaque chose en son temps. Lui qui veut, selon ses propres mots, « devenir le meilleur joueur possible et marquer l’histoire » aura besoin de patience. Bon point pour l’intéressé, il en est conscient : "C'est une belle chose ce qu'il s'est passé lors de la Draft, mais on connaît l'histoire, il y a ceux qui réussissent et ceux qui ne réussissent pas. Il ne faut rien retirer à cela, mais le plus important, c'est la carrière qui se joue sur les terrains ensuite, c'est ça que les gens retiennent. »
Du Rhénus au Madison Square Garden
Cette transition est souvent difficile à gérer. Tout d’abord, le style de jeu change drastiquement. Exit la domination du jeu collectif et des systèmes à outrance du Vieux Continent. La NBA, c’est d’abord la domination physique et athlétique. Son nouveau coéquipier Kristaps Porzingis, Letton d’origine, peut en témoigner. Hué par les fans à son arrivée à New-York puis devenu leur chouchou, le nouveau franchise player des Knicks sera important pour l’évolution du jeune français qu’il devrait rapidement prendre sous son aile : « Après sa draft, il a bossé tout l’été. J’espère qu’il va bien s’adapter au basket NBA, tout comme je l’avais fait. » En attendant, New-York met les petits plats dans les grands avec sa nouvelle coqueluche. Placardé sur un immeuble de 20 étages en plein Manhattan, le jeune Ntilikina domine la ville, telle la future star dont il est destiné à devenir.
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Plein de recul, le rookie de Big Apple ne prend pas la grosse tête pour autant. Lui préfère en rire : « Quand j’étais à Strasbourg, mon visage s’affichait sur les abribus ». Pour le plus grand plaisir de son entraîneur, Jeff Hornacek : « C’est un gamin très intelligent. Il ne se laisse pas impressionner par tout ça. Il sait simplement jouer au basket. Je pense qu’il sera prêt à relever les défis. ».
Premiers pas en NBA
En plus de Porzingis, Frank Ntilikina pourra se reposer sur plusieurs vétérans qui lui donneront les clés pour survivre en NBA, dont son compatriote Joakim Noah. Et ces derniers ont commencé dès le 3 octobre, lors du seul match de pré-saison disputé par le Frenchie, la faute à un genou droit douloureux. Face aux Nets de Brooklyn, le rookie a compilé 5 points (1/7 aux tirs), 3 passes, 1 rebond, 1 interception et 2 balles perdues en 18 minutes lors de la défaites des siens 107-115.
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Pas éblouissant mais pas non plus impressionné, le nouveau meneur des Knicks a montré de belles choses. Et ce n’est coach Hornacek qui dira le contraire : « C'est un très jeune joueur, ne l’oublions pas, qui a tout ce qu’il faut -intelligence, maturité- pour réussir une magnifique carrière ». Adoubé par les fans et par ses nouveaux coéquipiers qui lui ont trouvé un petit surnom, « The French Prince », Ntilikina a déjà conquis New-York. En moins de quatre mois. “Le signe ultime qui montre que vous êtes assez bon pour jouer dans cette ligue, c’est lorsque vous gagnez le respect des vétérans de l’équipe. Les gars parlent déjà de lui et des actions qu’il réalise. Quand vous avez le respect des anciens, c’est que vous faites bien les choses ». Il ne lui reste plus qu’à prouver qu’il peut devenir le phénomène que tout le monde attend.
Opposé à Westbrook pour son baptême du feu
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Et tout commencera cette nuit pour son premier match officiel en NBA. New-York ouvrira sa saison sur le parquet du Thunder de Russell Westbrook, qui sera son adversaire direct. Et quelle entrée en matière ! Meilleur joueur en titre de la ligue, l’extraterrestre d’Oklahoma City évolue à un niveau pour l’instant inimaginable pour Frank Ntilikina. Ultra-athlétique, Westbrook donne des sueurs froides à tous les meilleurs défenseurs de la ligue depuis de nombreuses années. Interrogé sur le sujet par un média New-Yorkais, Ntilikina n’abdique pas à l’avance pour autant : « Défensivement, comme offensivement, il faut être prêt à être compétitif, et c’est ce que je vais faire. Westbrook est le MVP, et ça va être plaisant. »
Reste à savoir quel sera son temps de jeu. Tout juste remis de sa blessure au genou droit, le meneur devrait débuter sur le banc, en tant que doublure du vétéran Ramon Sessions. Mais le Français assure qu’il est rétabli à 100%. Dans un match qui risque de faire des étincelles du fait des retrouvailles de ses coéquipiers avec leur ancien franchise player, Carmelo Anthony, désormais à OKC... Sa première soirée en NBA risque de lui rester gravée très longtemps en mémoire…
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