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Les Américains toujours en course, la Lituanie surprend l'Argentine

Les Etats-Unis se sont qualifiés pour les demi-finales du Mondial grâce à leur victoire 89 à 79 sur la Russie jeudi à Istanbul. Branchés sur courant alternatif durant la 1re période, au cours de laquelle les Russes restaient dans leur sillage, les Américains ont ensuite accéléré le tempo. Ils ont fait valoir un collectif plus performant avec un banc plus fourni. En demi-finales, les USA affronteront la Lituanie, qui a dominé l'Argentine 104-85.
Article rédigé par Christian Grégoire
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min
 

 Si le groupe américain, grandissime favori des ce Mondial, présente des joueurs de très haut niveau à tous les postes, il a aussi besoin de s'étalonner de façon sérieuse. Et de fait, après avoir déjà somnolé face au Brésil lors du premier tour, au point d'avoir dû batailler pour s'imposer, et après deux périodes creuses (quatre jours de repos une première fois avant d'affronter le Liban et la Tunisie, puis l'Angola en huitièmes de finale, trois succès faciles, suivis de nouveau de trois jours de repos), la machine américaine avait sans doute besoin de dérouiller son jeu avant de se mettre vraiment en route.

C'est ce qui explique que les hommes de Krzyzewski ont été chahutés pendant un bon quart d'heure, avant de retrouver leurs vertus pour s'imposer sans trembler. Grâce à une intensité défensive tout terrain, une vraie présence sur les lignes de passes, et des contres meurtriers. Agressés dans la raquette, leur point faible, par Mozgov et à l'extérieur  par les tirs primés de leur adversaire, ils ont été menés 30-35 à la 16e minute et ont atteint la pause avec un avantage de seulement cinq points (44-39) lorsqu'ils ont haussé leur intensité en défense pour renverser la vapeur.  Ils se sont définitivement détachés après une quatrième faute injustifiée de  Mozgov, qui venait de clouer Rose au panneau sur un contre énorme, vers la fin  du troisième quart-temps (65-50) et remporter ce vieux classique du basket. S'ils ne se sont pas envolés par la suite, ils n'ont plus jamais été menacés  par un champion d'Europe 2007 volontaire mais limité par les absences de Holden,  Kirilenko et Khryapa, qui n'a pas joué une minute dans ce Mondial.

Bien que privés de leurs douze champions olympiques de Pékin, les Américains ont emmené en Turquie une équipe qui reste très compétitive avec  comme principaux joueurs Kevin Durant, meilleur marqueur de la dernière saison  NBA, et l'expérimenté Chauncey Billups, ancien champion NBA avec Detroit. es deux ont été déterminants jeudi. Durant a terminé avec son meilleur  total du tournoi avec 33 points, dont 19 en première période lorsque la Russie  menaçait. Billups a réussi plusieurs paniers décisifs pour creuser l'écart et a  terminé deuxième meilleur marqueur américain avec 15 points et 5 passes. Surtout, les rotations ont permis de faire tourner les scoreurs côté américain, où l'on sait régalé en contres et dans les ballons gagnés avec pas moins de 14 interceptions.

Des Lituaniens survoltés, des Argentins désargentés
L'Argentine avait déjà montré des signes d'essoufflement dans ce Mondial. On savait les champions olympiques vieillissants et limités sur  le banc, mais on n'imaginait pas qu'ils allaient sombrer ainsi face à des Lituaniens survoltés. A l'image de Luis Scola, 30,3 points de moyenne jusque-là mais seulement 13  (à 5 sur 16 aux tirs), les Albiceleste ont vécu un long calvaire (66-36,  25e, 85-53, 30e) en donnant l'impression d'avoir lâché toutes leurs forces lors de leur merveilleux huitième de finale contre le Brésil mardi. Ils ont été assommés d'entrée par l'insolente adresse des Baltes qui ont  réussi leurs huit (!) premières tentatives à trois points, contre un piteux 0  sur 9 aux Argentins, pour se mettre à l'abri dès la mi-temps. L'absence de Manu Ginobili a évidemment pesé côté argentin. Mais la Lituanie avait encore beaucoup plus de forfaits à déplorer. Sauf que le petit pays balte, où le basket est une religion, peut s'appuyer sur un réservoir de joueurs immense, qui lui permet de retrouver le devant de la scène un an seulement après un Championnat d'Europe catastrophique.

Les champions d'Europe 2003 ont démontré qu'ils pouvaient nourrir quelques espoirs, en s'appuyant sur une organisation collective presque sans faille. Ils ont terminé la partie avec sept joueurs entre 12 et 19 points! Personne  n'avait misé sur eux au départ. En attendant ils sont, comme la Turquie et les  USA, toujours invaincus et les Américains feraient mieux de s'en méfier. Car la Lituanie qui atteint pour la première fois une demi-finale mondiale n'entend pas arriver devant la dream team étoilée comme une victime expiatoire.
      
 

Déclarations
Mike Krzyzewski (sélectionneur de l'équipe des  Etats-Unis): "Bravo à l'équipe russe qui a fait un grand match et qui nous a  mené la vie dure. J'étais inquiet jusqu'au bout. On s'attendait à un match  compliqué et on l'a eu. On a été prêts et on a joué dur, c'est une belle victoire. Kevin (Durant) devient de plus en plus fort. Il a beaucoup de pression sur lui car dans cette jeune équipe tout va vers lui mais il gère ça de manière remarquable."
      
Kevin Durant (ailier des Etats-Unis): "Ca a été un match compliqué, surtout  au début. Il faut rendre hommage à l'équipe de Russie, elle nous a donné du fil à retordre sur demi-terrain. Mais on s'est bien amusés et on attend la suite  avec impatience."
      
David Blatt (sélectionneur de l'équipe de Russie): "Les USA forment une superbe équipe, meilleure que la nôtre. Ils ont l'air impliqués dans ce qu'ils  font. Ce qui est le plus important c'est qu'ils ont compris comment jouer sur les points forts tout en s'adaptant au jeu européen. Aujourd'hui on a essayé de  les sortir de leur rythme, de leur style de jeu. On y est parvenus par moments,  mais la majorité du temps ils ont réussi à garder le contrôle. Ca a été un grand  plaisir de faire partie ce match pour moi qui suis Américain."

Kestutis Kemzura (sélectionneur de l'équipe de  Lituanie):
"Je pense que l'Argentine avait plus à perdre que nous. C'est une grande équipe mais on savait qu'on avait un banc plus fort. Notre plan était de commencer fort, d'arrêter Scola et leur jeu à deux. On y est arrivé. Je tiens à  souligner la performance de notre capitaine Robertas Javtokas qui a fait un énorme travail sur Scola même s'il n'a pas marqué un seul point. On est un petit  pays, on a su trouver des ressources. Pour moi le basket est à l'image de notre  pays. On a traversé plein de moments difficiles mais on a survécu. Vous pouvez  nous battre mais vous ne pouvez pas nous détruire. Je pense que si on avait tous  nos joueurs, on serait les meilleurs. Ca n'a pas été possible cette année. Mais  on arrive quand-même à faire de belles choses avec les joueurs qui sont là, pour  qui c'est un défi mais aussi une chance."

Sergio Hernandez (sélectionneur de l'équipe d'Argentine)
: "Il n'y avait  qu'une seule équipe sur le terrain ce soir. Ils nous ont tués en défense, ils  ont shooté avec un pourcentage fantastique en première mi-temps. On n'a pas réussi à les arrêter. Ils ont réussi la plus grosse performance dans ce Mondial  jusque-là. N'oubliez pas qu'il y avait l'Argentine en face ! Ils auront une belle carte à jouer contre les USA. Ils forment un meilleur collectif. S'ils jouent avec la même concentration, discipline et confiance ils peuvent battre les  Etats-Unis et ceux-ci le savent. Ca va être très excitant."

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