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La Serbie brise le rêve des Bleues

L'équipe de France féminine s'est inclinée face à la Serbie (76-68) en finale du Championnat d'Europe dimanche à Budapest. Les Bleues avaient pourtant pris le meilleur départ et donnaient l'impression d'avoir le match en mains, avant de voir leur jeu se déliter, de perdre leurs repères et leur efficacité défensive. Des Serbes qui ont tactiquement très bien manoeuvré et qui se sont montrées surtout beaucoup plus adroites.
Article rédigé par Christian Grégoire
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
La Française Gaëlle Skrela dans la tenaille des soeurs serbes Dabovic (ATTILA KISBENEDEK / AFP)

Les tricolores peuvent regretter les occasions manquées, les ballons perdus et les points abandonnés en route en première période, alors qu'elles semblaient imposer leur collectif, et surtout qu'elles disposaient à priori d'un banc un peu plus fourni. Les Serbes ne se sont pas laissées déstabiliser malgré un départ difficile, et elles ont su livrer un match plein, dans un basket plus direct et plus efficace, avec notamment Petrovic dans un rôle d'artificier et les soeurs Dabovic omniprésentes. La Serbie devient championne d'Europe pour la première fois de son histoire, et alors qu'elle n'était encore jamais montée sur un podium international, elle se qualifie directement pour les JO-2016. La France échoue à nouveau en finale, comme deux ans plus tôt à domicile face à l'Espagne, et elle devra passer par un Tournoi de Qualification olympique pour aller à Rio.

Un début de match prometteur

Les Françaises ont fait une entame remarquable, presque trop propre à tous les niveaux, avec notamment Tchatchouang (15 pts), avec aussi de la réussite, alternant les options offensives et trouvant des solutions à l'intérieur, alors que les Serbes ne pouvaient répondre qu'à mi-distance. Les Françaises menaient de cinq points à l'issue du premier quart-temps (22-15). Ce fut alors que les choses ont commencé à se désorganiser. Les filles de Valérie Garnier tentaient encore de faire tourner et de construire, mais elles avaient le plus grand mal dans la finition. Une gestion catastrophique des trois dernières minutes avant la mi-temps, avec une Anaël Lardy hors du coup à la mène, leur coûtait cher. La troisième faute trop tôt infligée à Tchatchouang cassait un peu plus la dynamique. En face, la Serbie n'était heureusement pas encore très efficace, ce qui permettait aux Bleues (10 points seulement dans le 2e quart) de limiter les dégâts à la pause (33-32).

Les Bleues sous l'éteignoir

Les stats tricolores ne s'amélioraient guère après la pause. Les intérieures ne parvenaient plus à faire la différence, la défense était beaucoup moins hermétique, et les Serbes, tranquillement, en jouant sur la vitesse d'exécution, et en écartant les ballons, trouvaient le plus souvent les positions préférentielles et dans la foulée trouvaient la mire. Dominée au rebond et manquant de mobilité en attaque, la France voyait même s'envoler son adversaire, toujours porté par Petrovic  (42-49, 27e). Sans aucun doute, les Serbes parvenaient à faire déjouer les Françaises qui s'obstinaient à vouloir construire; mais elles manquaient de rythme, se trompaient dans leur choix, et surtout ne parvenaient plus à marquer. Elles laissaient beaucoup trop de points en route et les Serbes gardaient l'avantage (53-49, 30e). Dans les dernières minutes, les Françaises, à l'image de Gruda, beaucoup moins percutante que depuis le début du tournoi, de Yacoubou, absente au rebond, de Dumerc à la peine pour remotiver ses troupes, commettaient beaucoup trop d'erreurs et ne surtout ne "scoraient" plus, ce qui rendait impossible tout retournement de situation. 

Les Françaises étaient en souffrance défensivement sur les un contre un serbes, mais elles tentaient de s'accrocher sur quelques actions individuelles, jusqu'à ce qu'un tir primé d'une extraordinaire Petrovic (22 pts) ne les rejettent très loin (59-67, 35e). Trop loin. D'autant qu'Ana Dabovic (25 pts) y allait aussi de sa partition pour sceller le succès serbe face à des Françaises qui pourront s'en vouloir d'être retombées dans leurs travers d'un basket compliqué et approximatif, en même temps qu'elles ont laissé au fil du match s'élargir leurs failles défensives. Comme si elles avaient joué leur finale au tour précédent contre l'Espagne et qu'elles n'avaient plus assez d'envie et de mordant pour aller chercher l'or.

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Déclarations

Céline Dumerc (capitaine de l'équipe de  France) : "Bien sûr que ce n'est pas forcément un sentiment de joie qui m'anime actuellement. Mais sincèrement, ce qu'a fait l'équipe de Serbie ce soir, respect. Elles ont vraiment produit un basket qui fait qu'elles ont été meilleures que nous. Donc c'est un sentiment mitigé. Contre l'Espagne (en finale de l'Euro-2013, on a senti qu'on leur avait laissé. Là, vraiment, la Serbie est venue le chercher. Elle a appuyé là où ça faisait mal. En  défense, on n'avait pas de solution, on s'est fait un peu balader alors que c'est notre clé. 76 points, c'est trop. On est revenu deux ou trois fois, en défendant fort. Et derrière, on voyait qu'en faisant des stops, on calmait un peu l'énergie qu'elles avaient. Malheureusement, ça a marqué beaucoup plus que ce qu'on avait espéré. Bien sûr qu'on aurait aimé avoir une autre couleur de médaille. Mais quand on voit la densité d'un Championnat d'Europe, on se rend  compte que ce n'est pas évident d'être sur le podium. On se bat. Il y a peut-être six ou sept équipes qui méritent autant que nous d'être à cette  place-là. Depuis 2009, on a tout le temps une médaille. Je ne sais pas si dans d'autres sports, c'est beaucoup arrivé."

Valérie Garnier (entraîneur de l'équipe  de France): "C''est une déception. Mais sur le match de ce soir, elles sont plus fortes que nous. On a eu du mal à tenir le un contre un. C'était le danger. On a eu du mal à imposer notre force à l'intérieur. Mais c'est surtout en défense qu'on a péché. Ce soir, elles sont plus fortes que nous. Mais l'objectif reste le même, c'est aller à Rio. On a été avec elles relativement longtemps. Après, à trois ou quatre minutes de la fin, on a vu que ça commençait à être compliqué. Et quand il reste une minute trente, que vous en avez neuf de retard face à cette équipe, c'est compliqué. On n'a pas réussi à s'imposer en attaque et surtout on n'a pas réussi à les empêcher de jouer. A un  moment donné, il y a des responsabilités individuelles qui font qu'on est en face d'une joueuse et qu'il faut la tenir. Après, on sait que c'est leur force. Et on est en difficulté par rapport à cette force là, à la mobilité de toutes leurs joueuses."

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