EuroBasket : Les Bleus fidèles à eux-mêmes
« A notre image depuis 6 ans »
« C’est un premier match, on sait que c’est toujours particulier (…) à l’image de l’entame de nos tournois depuis 6 ans », rappelait Vincent Collet au terme de la déroute française de ce jeudi soir. C’est l’habituelle rengaine avec les Bleus. La génération Parker partie, les mauvaises habitudes restent. Depuis 2011, la France a perdu cinq de ses six matches d’ouverture en grande compétition. La série débute lors des JO 2012. A Londres, les Français tombent sur la super-team américaine portée par un Kevin Durant de gala. Le MVP NBA en titre claque 22 points et annihile le rêve de Parker and co : faire tomber la meilleure équipe au monde (71-98). Un an plus tard, lors de l’Euro 2013 - qu’ils remporteront -, les Bleus entrent en lice face à l’Allemagne en perdant malgré l'absence de la légende Dirk Nowitzki (74-80).
Rebelote un an plus tard lors du Mondial 2014. Outrageusement dominés aux rebonds, les hommes de Vincent Collet doivent s’incliner de deux petits points par une équipe brésilienne déterminée (63-65). L’Euro 2015 fait office d’exception qui confirme la règle. L'équipe de France réussit à s’extirper du piège finlandais, non sans en passer par les prolongations (97-87). En 2016, l’Australie inflige une véritable raclée à l’équipe de France (66-87) pour son entrée au Mondial. Et cette année donc, contre la Finlande (84-86) portée par le jeune Markannen (22 pts) malgré une avance de 8 longueurs à 2'15' buzzer final. La routine en somme.
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Mettre de la dureté défensive
Si la défaite du premier match ne signifie pas un tournoi forcément raté, les Bleus sont au bord de la crise avant d’affronter la Grèce, samedi, dans une rencontre qui sent déjà la poudre et qu'ils n'ont pas le droit de perdre. Malgré l'absence de leur meilleur joueur, Giannis Antetokounmpo, star des Bucks de Milwaukee (NBA), la Grèce n’est jamais bonne à prendre. Surtout dos au mur. Pour en sortir vainqueur, il faudra que la défense française ne soit pas aux abonnés absents : les Helvètes sortent d'une rencontre à 90 points marqués face aux Islandais (90-61).
D’autant plus que le forfait de Rudy Gobert, le géant des Utah Jazz (NBA) oblige les intérieurs français (Diaw, Lauvergne, Labeyrie, Séraphin, Poirier) à ne jamais être en dilettante. La première mi-temps d’hier en a été la preuve : beaucoup trop de box-out oubliés et les Finlandais avaient déjà captés 9 rebonds offensifs à la pause alors que leur secteur intérieur ne fait pas partie des meilleurs d’Europe. Le tir est absolument à rectifier. Joffrey Lauvergne (4 rebonds) est le premier concerné. Vincent Collet doit également penser sa rotation, ne donnant que 3 petites minutes de temps de jeu à Kevin Séraphin (2.06m, 130 kg). Ou alors assumer le fait de n'avoir aucun grand dominant et jouer small-ball, c'est à dire avec des joueurs plus petits mais dominant de par leur vitesse.
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Prudence et collectif
Avec seulement 15 passes décisives pour l’équipe de France, le jeu collectif a laissé place à un excès d’individualités. Et ce n’est pas Vincent Collet qui dira le contraire : « La compétition a ramené des velléités d’individualisme, on ne pourra pas s’en sortir comme ça ». Comment ne pas pointer du doigt Thomas Heurtel, nouveau meneur titulaire depuis la retraite internationale de Tony Parker, qui est passé à côté de son match avec une seule petite passe décisive au compteur ? Le meneur de Barcelone doit absolument se muer en maître à jouer. Des scoreurs, l'équipe en a déjà.
"En commettant 23 pertes de balles, si tu gagnes le match, tu ne le mérites pas », s’exaspérait Boris Diaw, le capitaine tricolore, à la fin du match. Cette seule statistique explique en grande partie les difficultés majeures des Bleus contre la Finlande. Le manque de profondeur de l’effectif parti au pays des Loups ne permet aucune action en dilettante.
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Fournier-De Colo, un duo pour rêver
Hier soir, pour son premier match en tant que titulaire lors d’un championnat d’Europe, l’arrière d’Orlando (NBA) a tout simplement battu son record de points en sélection (25). Mais de ça, Evan Fournier n’en a « rien à cirer ». Ajouté à lui un joueur de la trempe de Nando De Colo (MVP d’Euroligue en 2016 avec le CSKA Moscou), 14 points dans le seul 3e quart-temps, la ligne arrière des Bleus est peut-être la plus redoutable et redoutée de la compétition. D’autant que ces deux-là se trouvent les yeux fermés. Le parcours des Bleus sera pondéré en fonction de leur apport offensif : difficile de croire à un exploit lors des matches à élimination directe si le duo français passe au travers.
Quoi qu’il en soit, ce premier match ne permet en aucun cas de tirer des conclusions pour l’équipe de France qui a prouvé par le passé toutes les ressources qu’elle possédait. Les 4 prochains matches de poule, face à la Grèce (samedi), l’Islande (dimanche), la Pologne (mardi) et la Slovénie (mercredi) devront se dérouler sans accroc afin d’espérer un quart de finale clément. Et pourquoi pas, rêver de médaille par la suite. Mais, chaque chose en son temps.
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