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Mondial 2019 de basket : "Potentiellement la meilleure équipe de France de l'histoire", assure Richard Dacoury

L'équipe de France a réussi l'exploit de battre les Etats-Unis en compétition internationale, lors du quart de finale de la Coupe du monde (89-79). "Un authentique exploit", décrit Richard Dacoury, 160 sélections en bleu. L'ancien joueur voit beaucoup de potentiel dans cette équipe.
Article rédigé par Théo Dorangeon
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

Vous faisiez partie de la dernière équipe de France à avoir battu les Etats-Unis, c'était en 1986. Le temps d'attente est fini. Que ressentez-vous
Richard Dacoury
: "C'est très fort. Il faut dire que nous jouions une équipe de plus faible niveau. Mais là, c'est un authentique exploit face à une équipe vraiment estampillée NBA, avec d'énormes joueurs. Il faut vraiment féliciter les Français et l'organisation. Je parle des coachs qui ont proposé un match d'une qualité fantastique, en attaque et défense. J'ai adoré les voir jouer, avec cette intensité, cette densité physique. Ils l'ont fait avec une maîtrise en attaque, une sérénité bluffante notamment dans les dernières minutes. Le banc a répondu présent, avec des joueurs qui se sont donnés sans compter. Bravo à eux."

On a l'impression qu'il y a quelque chose en plus dans cette équipe, un supplément d'âme. En-avez vous l'impression ?
RD
 : "Même si cette équipe n'a pas beaucoup de vécu, l'expérience accumulée par toutes les individualités qui la constituent, font qu'ils se retrouvent avec dans ces compétitions avec sérénité. Ils ont un vrai projet partagé et ils portent avec fierté et intensité. C'est remarquable, et c'est sans doute ce qui fait la différence. Ils savent où ils veulent aller. Ils ont les moyens de réaliser leur rêve. Ils ont réussi à mettre en place le jour J, les ingrédients pour exploiter leur potentiel. Quand ça sourit, quand tout est en place, il y a très peu d'équipes dans le monde qui peuvent s'opposer aux Français."

Vous parlez des ingrédients. Quelles ont été les clés de cette victoire historique ?
RD 
: " Ce que je retiens, c'est la sérénité et la maîtrise technique et tactique. Hormis le troisième quart-temps, ils les ont empêchés de courir, ils les ont repoussés au rebond. La seule équipe à l'avoir fait dans la compétition face aux Etats-Unis. Après, ils ont déroulé leur jeu en s'appuyant tout à tour sur Nicolas Batum, Nando De Colo ou Rudy Gobert qui a été monstrueux. Ils ont déstabilisé les Américains avec une maestria que je ne leur connaissais pas. Et là, comme l'a dit Popovich (l'entraineur des USA) en conférence de presse, ils ont affronté la meilleure équipe de France qui n'ait jamais été constituée." 

C'est la meilleure équipe de France pour vous aussi ?
RD
 : "Oui, enfin potentiellement. Elle a encore d'énormes progrès à faire, et pour autant elle a déjà réalisé cet exploit. Ça laisse pantois, et je pèse mes mots. Mais battre les Américains ne doit pas être une finalité parce que l'ambition va être de battre l'Argentine en demi-finale, et de jouer la finale pour la gagner. Il ne faut pas se tromper de combat. Il faut vite revenir sur terre et se dire que le rêve n'est pas réalisé. Mais oui, il y a une fabuleuse équipe de France. On va bien sûr retenir l'équipe avec Tony Parker, qui a réalisé d'immenses exploits. Donc les deux équipes se valent, mais je trouve que l'actuelle a quelque chose de supérieur, des individualités plus nombreuses mais capables de porter l'équipe. On a un quatuor formidable avec Fournier, De Colo, Gobert et Batum. Tous semblent vouloir tirer dans le même sens, et ça leur donne une force qui peut les porter vers les sommets."

Vous les voyez aller jusqu'où ?
RD
 : "Ils veulent aller le plus loin possible. Mais on sait très bien comment ça se passe. Il faut jouer les Argentins, un adversaire totalement différent. Ils ont une vraie expérience, de la dureté, du vécu. A mon avis, ça sera plus dur que contre les Américains. Il va falloir se reconcentrer de suite, redéfendre immédiatement.Il faut se dire qu'il y a encore deux matches à gagner, et que le deal n'est pas fait. Il faut encore se relever les manches, se remettre à l'ouvrage, et c'est ça le plus dur." 

En 2014, les Bleus font l'exploit en éliminant l’Espagne, chez elle, en quart de finale du Mondial. Avant de perdre en demi-finale face à la Serbie. C'est ce risque qui est craint? 
RD :
"Exactement. On a ce match là et la suite en tête. Le plus dur est d’enchaîner les grands matches. On veut être une équipe qui domine le basket international, il faut donc être capable d’enchaîner avec constance et intensité contre les meilleurs. Je crois qu'ils le savent. Je les ai vus à la télévision dans le vestiaire après le match, ils étaient tout en maîtrise, en contrôle, en sérénité. Ils ne s'enflammaient pas. Ils savaient qu'ils n'avaient gravi qu'une seule marche, et qu'il en reste deux. Leur objectif commun n'est pas de passer les Américains, mais de ramener une médaille, et sans doute la plus belle. Faisons-leur confiance. Ils savent que toute la France va les soutenir. Tous les amoureux de sport sont derrière eux pour peut-être assister au plus bel exploit du basket français."

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