Mondial 2019 de basket: "L'improvisation organisée" des Serbes toujours dans le dessus du panier
"C'est du jazz basket", décrit l'écrivain et journaliste sportif Aleksandar Miletic, l'auteur de la formule. "C'est une manière de laisser le joueur sortir du collectif sans qu'il nuise à l'équipe". Pour Vladimir Koprivica, spécialiste de la préparation physique, qui a participé à de nombreuses campagnes victorieuses avec la Serbie et précédemment la Yougoslavie, ce n'est pas par hasard que la balle orange est devenue une passion nationale.
"Il y a quelque chose dans ce jeu qui convient parfaitement à notre mentalité: de l'individuel au sein d'un collectif, une façon d'être plus malin que l'adversaire", explique-t-il à l'AFP. Les bases de l'école yougoslave-serbe ont été posées au lendemain de la Seconde guerre mondiale par quatre jeunes hommes: Radomir Saper, l'organisateur de la Fédération, Nebojsa Popovic, le promoteur du basket à la télévision, Borislav Stankovic, le fin diplomate qui fut secrétaire général de la Fiba de 1976 à 2002, et surtout l'entraîneur Aleksandar Nikolic, devenu une légende de sa profession.
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"Ces quatre-là ont mis en place ce qui nous rend différents des autres", estime pour l'AFP Sasa Jakovljevic, 54 ans, doyen de la chaire de basket-ball à la faculté des sports à Belgrade. "Ils ont compris qu'il fallait bien apprendre de quelqu'un mais surtout que ce qui avait été appris ne devait pas obligatoirement être appliqué à la lettre". "Nikolic s'est rendu aux États-Unis, pour se former auprès de John Wooden (le mythique coach universitaire des années 1940 à 1970). Les tournées aux USA (des équipes yougoslaves/serbes, ndlr), sous son impulsion, ont été précieuses", estime Vladimir Koprivica. "L'école yougoslave/serbe est donc un mélange de la préparation physique de l'est et de la philosophie du jeu de l'ouest, le tout appliqué à nos spécificités locales", résume-t-il.
Le maître Nikolic
Nikolic a été le premier d'une longue lignée de grands stratèges: Ranko Zeravica, Bozidar Maljkovic, Dusan Ivkovic, Svetislav Pesic, Zeljko Obradovic, etc. "Il y a toujours eu de l'amour pour le jeu, mais surtout d'excellents entraîneurs et une organisation sans faille", dit Vladimir Koprivica, qui souligne que les résultats sont le fruit "d'un dévouement et d'un travail acharnés".
"Le travail, appliqué au sein d'un système bien organisé, plus le talent = la régularité", résume Zarko Paspalj, l'ancien ailier fort du Partizan Belgrade et de la sélection. Les équipes dominantes se sont succédé, yougoslaves (avec des éléments croates, slovènes et monténégrins notamment) puis serbes: Dragan Kicanovic, Zoran Slavnic et Drazen Dalipagic, dans les années 1970, Vlade Divac, Zarko Paspalj, Aleksandar Djordjevic (l'actuel sélectionneur) dans les années 1990 jusqu'à celle de Milos Teodosic (forfait au Mondial sur blessure), Bogdan Bogdanovic et Nikola Jokic de nos jours.
La Yougoslavie/Serbie a été cinq fois championne du monde (1970, 1978, 1990, 1998, 2002), huit fois championne d'Europe et sept fois médaillée olympique (1 or en 1980, 5 argent et 1 bronze). Elle a fini à la deuxième place de trois des quatre dernières compétitions majeures (Mondial-2014, JO-2016, Euro-2017). En 2002, à Indianapolis, elle a été la première nation à remporter une compétition à laquelle participait une équipe américaine entièrement composée de joueurs de NBA (qu'elle a éliminée en quart de finale). La dernière mouture de cette école se présentera au Mondial en Chine du 31 août au 15 septembre avec le podium en ligne de mire, voire le titre, compte tenu des nombreuses défections chez les Américains. "Nous sommes prêts pour un beau combat avec eux si le match a lieu", affirme Aleksandar Miletic.
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