Les Etats-Unis rêvent de doublé, la Serbie d'une première
Les Américains ont gagné 14 des 18 titres olympiques décernés depuis que le basket est devenue une épreuve officielle aux Jeux de Berlin en 1936. Mais le Mondial leur a moins réussi, avec seulement quatre titres (1954, 1986, 1994 et 2010). Il leur a même valu une claque mémorable en 2002 (6e), l'une des trois seules années avec 1970 et 1978 (deux fois 5e) où ils n'ont pas au moins atteint les demi-finales. Seulement deux nations dans l'histoire ont conservé leur titre mondial : le Brésil (1959, 1963), et la Yougoslavie (1998, 2002) des Vlade Divac, Dejan Bodiroga et autres Predrag Stojakovic, dont la Serbie actuelle est l'héritière directe. Pour la Serbie, 4e de l'édition précédente, ce sera la première finale mondiale, en tant que nation indépendante. Sans les autres pays de l'ex-Yougoslavie, elle n'a figuré qu'une fois sur un podium international, en 2009 à l'Euro (2e).
Cette finale mettra aux prises deux pays à l'immense tradition basket. Elle intervient 22 ans après les JO de Barcelone, où auraient dû s'affronter les deux plus grandes équipes de l'histoire. La "Dream Team" originelle, celle des Michael Jordan, Magic Johnson et Larry Bird, et l'équipe yougoslave, championne du monde en 1990 avec Drazen Petrovic, Tony Kukoc et Vlade Divac, étaient destinées à se retrouver en finale. Mais le conflit dans l'ex-Yougoslavie avait éclaté quelques mois plus tôt, et c'est une équipe de Croatie, amputée des joueurs serbes et slovènes, que les Etats-Unis avaient battue en finale.
Tous les ressorts psychologiques
Pour la Serbie, ce retour au sommet du basket international, attendu depuis si longtemps, est une immense fierté. La victoire sur la France en demi-finale vendredi (90-85) a donné lieu à d'intenses célébrations de joie à Belgrade. Dans un pays où le ressentiment reste vivace à l'égard des Etats-Unis pour les bombardements de l'Otan en 1999, l'instinct patriotique devrait pousser les orgueilleux joueurs serbes à se livrer corps et âmes dans cette finale. Tous les ressorts psychologiques seront bons à utiliser pour Sasha Djordjevic, ancien membre de l'équipe de Yougoslavie championne d'Europe en 1991, qui a déjà amplement répondu aux attentes pour sa première compétition internationale comme sélectionneur. Car, sur le papier, la Serbie ne paraît pas de taille à lutter avec les Américains. Ceux-ci, même sans les super stars comme LeBron James, Kevin Durant ou Carmelo Anthony, ont écrasé tous leurs adversaires jusque-là (32,5 points d'écart en moyenne sur huit matches).
Depuis le début du Mondial, les Etats-Unis, avec un groupe très inexpérimenté au niveau international, peinent un peu en première mi-temps. Mais forts des conseils de Mike Krzyzewski à la pause, ils s'adaptent et emportent ensuite tout sur leur passage. La Slovénie (76-119) en quarts et la Lituanie (68-96) en demi-finales ont été submergées dans le troisième quart-temps par l'agressivité défensive et les contre-attaques des Américains qui, dès qu'ils associent un peu d'adresse à leur domination athlétique, font des ravages considérables. Pour avoir une quelconque chance, la Serbie aura besoin que son meneur Milos Teodosic, exceptionnel en quarts et en demi-finales, et candidat au titre de MVP (meilleur joueur) du tournoi, parvienne à s'extirper de la défense américaine. Mais c'est tout de même un défi absolu qui attend la Serbie. En 75 matches comme sélectionneur, Krzyzewski n'en a perdu qu'un, en demi-finales du Mondial-2006 face à la Grèce (95-101), quelques mois seulement après avoir pris en mains l'équipe américaine.
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