Après son fiasco à l'EuroBasket, l'équipe de France attend la suite
« Nous allons tourner la page de l’Euro, nous renouvelons notre confiance à Vincent Collet et tout le staff de cette campagne : notre objectif est désormais la qualification à la Coupe du Monde 2019 ». Les premiers mots de Jean-Pierre Siutat depuis la débâcle française à l’Euro ont le mérite d’être clairs : pardonnons cet échec et repartons ensemble du bon pied vers l’avenir. Sauf que la défaite face à l’Allemagne (81-84) laissera certainement des traces : première compétition internationale depuis la fin de la « génération Parker » et première défaite en huitièmes de finale d’un championnat d’Europe depuis celui de 1997 à Barcelone.
Un Euro complètement raté
Deux êtres vous manquent et tout est dépeuplé ? C’est en tout cas l’impression que laissait paraître l’équipe de France sur le parquet. Parker and co partis, Rudy Gobert et Nicolas Batum excusés, les joueurs de Vincent Collet, en place depuis 2009, devaient se renouveler autour des cadres restants : Boris Diaw (35 ans), Nando De Colo (30 ans et dans un degré moindre Thomas Heurtel (28 ans). Ajouté à eux, Kevin Séraphin (FC Barcelone), Evan Fournier (Orlando Magic), Joffrey Lauvergne (San Antonio Spurs), Louis Labeyrie (Strasbourg), Edwin Jackson (Chine), Axel Toupane (Kaunas), Léo Westermann (CSKA Moscou), Antoine Diot (Valence) ainsi que Vincent Poirier (Vitoria) et vous avez là une équipe certes moins rutilante qu’à l’accoutumée mais qui reste compétitive. Officiellement, le discours était d’accrocher les quarts de finale et de penser à la reconstruction. Mais il est insensé de ne pas rêver de médaille avec un effectif comme celui-ci. Même si l’or paraissait inatteignable tant l’Espagne reste au-dessus de la concurrence, la France se devait de tenir son rang.
Une défense aux abonnés absents
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Mais il n’y en a rien été. Battus d’entrée de jeu en prolongation (84-86) face à la Finlande d’un grand Lauri Markkanen (22 pts, 7 rebonds) à cause d’une intensité défensive aux abonnés absents avant de montrer un bien meilleur visage contre la Grèce (95-87) et d’atomiser une faible équipe d’Islande (115-79), les Bleus se sont ensuite montrés friable contre la Pologne (78-75) puis archi-dominés face à la Slovénie (78-95) d’un Goran Dragic de gala (22 pts, 8 passes). Résultat ? Une 3e place de groupe synonyme de huitième de finale contre les Allemands du meneur d’Atlanta (NBA) Dennis Schröder. Si la défense tricolore était la marque de fabrique de l’équipe de Vincent Collet depuis son entrée en fonction, les 85 points de moyenne encaissés par match n’auguraient rien de bon.
La faute aux absents ? Élu deuxième meilleur défenseur de NBA, Rudy Gobert a décidé de faire l’impasse à l’Euro, tout comme Nicolas Batum, plus que précieux des deux côtés du terrain. Mais malgré l’absence de ces deux individualités, c’est bien l’intensité défensive collective qui a fait défaut aux Bleus. Il n’en fallait donc pas moins pour que l’Allemagne, sur le papier largement à la portée des Français, éliminent les Bleus aux portes des quarts de finale (81-84) de l’Euro. Une première depuis 20 ans.
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Et maintenant ?
Interrogés dans la foulée de l’élimination sur le cas Vincent Collet, pointé du doigt, Jean-Pierre Siutat et Patrick Beesley ont communiqué de la même manière : tous deux sont « très déçus du résultat » des Bleus mais pensent que l’entraîneur deStrasbourg « est la bonne personne pour mener l’équipe de France » car il est « le coach qui a remporté le plus de matches à la tête de l’équipe de toute l’histoire ». Et de toute manière, « ce n’est pas ce résultat qui change la donne ». Soit. Vincent Collet honorera son contrat courant jusqu’en 2020. Il sera donc sur le banc pour le prochain objectif des Bleus : les matches de qualification pour le Mondial 2019 qui se déroulera en Chine et sera le seul moyen de se qualifier pour les JO 2020. Pour s'y rendre, il faudra passer par des « fenêtres internationales » adoptées récemment par la FIBA. La première de ces périodes arrive dès novembre prochain puis cinq suivront jusqu'à février 2019, la plupart en plein milieu de la saison des clubs. Et là est tout le problème.
Une nouvelle formule qui n’arrange pas les Bleus
« Dans quelques semaines nous serons de nouveau réunis autour de l’équipe nationale et nous annoncerons d’ici la fin du mois d’octobre la pré-sélection pour ces rencontres » a déclaré Patrick Beesley, le DTN français. Ce nouveau modèle de qualification est calqué sur celui du football. A la différence près que les stars du basket ne seront pas libérées, ni par les franchises de NBA, ni par les clubs d'Euroligue, à cause du conflit qui oppose cette dernière à la Fédération internationale pour le contrôle des compétitions européennes. Et dans le cas de la France, on parle de 24 joueurs absents, tous parmi les meilleurs. Douze sont en NBA (Fournier, Lauvergne, Gobert, Batum, Ntilikina...) et les 12 autres en Euroligue (De Colo, Heurtel, Westermann, Séraphin, Diot...). S'y ajoutera la capitaine Boris Diaw, pour le moment sans contrat, s'il trouve un club dans l'une ou l'autre de ces ligues…
Pas le droit à l’erreur
Les éliminatoires se déroulent en deux temps. Il faudra d'abord finir dans les trois premiers d'une première poule de quatre comprenant aussi la Bosnie et la Russie, puis dans les trois premiers d'une seconde poule de quatre pour faire partie des douze équipes européennes qui iront en Chine du 31 août au 15 septembre 2019. Or l'enjeu est énorme car la qualification pour les Jeux de Tokyo passe forcément par le Mondial 2019. Et comme l'Euro n'a plus lieu que tous les quatre ans, si l'équipe de France terminait dernière de sa poule, elle disparaîtrait dans un trou noir jusqu'à 2021 au moins. Un coup de massue pour le basket. On peut imaginer que si les premières "fenêtres" tournaient mal, certains joueurs de NBA se rendraient disponibles pour la troisième, celle de juin 2018, a priori compatible avec leur calendrier. Pour sauver la patrie.
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