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Schumacher sera-t-il un jour le plus grand pilote de F1 de tous les temps ?

Le septuple champion du monde raccroche aujourd'hui le volant pour de bon. C'est pourtant insuffisant pour décrocher la première place au Panthéon de la F1.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le pilote allemand Michael Schumacher sur le circuit d'Hockenheim (Allemagne), en juillet 2006. (VLADIMIR RYS / BONGARTS/ GETTY IMAGES)

FORMULE 1 - Le record du nombre de titres de champion du monde, de victoires, de pole positions, de meilleurs tours en course, de deuxièmes places, de podiums, de combos pole-position-victoire-meilleur tour en course, de points marqués, de tours parcourus en tête, de victoires dans un même Grand Prix, de poles sur un même tracé... Au total, Michael Schumacher détient 33 records en Formule 1. Jamais un pilote n'a autant écrasé cette discipline. Pourtant, alors que le coureur allemand va prendre sa retraite dimanche 25 novembre à l'issue du Grand Prix du Brésil, il n'est pas sûr que la place de n°1 au panthéon des coureurs lui revienne. Explications. 

Une personnalité clivante sur les circuits

"Il a été un septuple champion du monde qui a ruiné ce que représentait le fait d'être sacré", estime sur CNN (en anglais) l'ancien pilote Stirling Moss... qui n'a, lui, jamais remporté de titre. Sur les circuits, Michael Schumacher avait peu d'amis. Si l'Allemand était un pilote extraordinaire sous la pluie, il pouvait se montrer prêt à tout pour arriver à ses fins, y compris à harponner ses adversaires : c'est ainsi que se sont conclues les saisons 1994 (vidéo) et 1997, la première avec succès, la seconde sans.

Un travers de sa personnalité ? C'est discutable : Ayrton Senna, élu meilleur pilote de tous les temps par d'anciens champions pour le magazine Autosport (en anglais), était coutumier du fait. Et comme Michael Schumacher, le Brésilien ne cachait pas que, pour lui, seule la victoire comptait.

Schumacher la grosse tête

Quand l'Allemand sortait de son baquet après une course, il était rare de le trouver dégoulinant de sueur. "Michael a hissé la forme physique à un niveau inconnu. Il était capable de finir une course sans transpirer alors que les autres étaient au bord de la syncope", se souvient son directeur sportif Ross Brawn, cité par Sports Legends. Une impression de facilité matinée de suffisance. Il n'était pas rare que Michael Schumacher, une fois dans le bac à sable, s'en prenne vertement à un pilote qui l'avait accroché. L'ancien rival de l'Allemand, le pilote écossais David Coulthard, se souvient dans The Telegraph (en anglais) d'une discussion avec lui, après un accrochage : "Je lui ai demandé s'il avait déjà eu tort une fois dans sa vie. Sa réponse ? 'Pas que je m'en souvienne.'" 

Michael Schumacher pose lors d'une séance photo à Hambourg (Allemagne), le 14 novembre 1991. (BONGARTS / GETTY IMAGES)

Une domination sans coup férir, donc sans légende

Michael Schumacher n'a pas suivi un cursus à la Lance Armstrong, en bâtissant une équipe pour régner sans partage tous les ans. Quand il quitte Benetton-Renault pour Ferrari en 1996, il prend un vrai risque sportif, tant l'écurie italienne n'est plus que l'ombre d'elle-même. L'intérêt du championnat réside dans le fait que le meilleur pilote (Schumacher) ne dispose pas de la meilleure voiture (la Williams). L'équilibre est rompu en 2000, quand la Ferrari devient une machine à gagner. S'ensuivra cinq titres de champion du monde consécutifs, souvent conquis dans la facilité. En 2002, Michael Schumacher est même sacré à la mi-saison. Au début des années 2000, le pilote allemand n'a pas d'adversaire à sa mesure alors qu'Ayrton Senna a bâti sa légende sur sa rivalité avec Alain Prost.

Michael Schumacher bâille lors des essais du Grand Prix de Catalogne, à Barcelone (Espagne), en 2000. (OLIVE/EFE AGENCIA/SIPA)

Un come-back raté

Il existe deux types de come-back en sport : le victorieux, à la Michael Jordan qui a glané trois titres NBA consécutifs après un an et demi d'absence, et le désastreux, à la Björn Borg, fantomatique lors d'un bref retour sur le circuit tennistique avec sa légendaire raquette en bois, en 1991. Celui de Michael Schumacher, de 2010 à 2012 chez Mercedes avec un malheureux podium à la clé, appartient à la seconde catégorie. Le patron d'écurie qui l'a lancé, Eddie Jordan, estime que "Schumi" "a fait son temps". "Il a eu deux carrières, juge le pilote Red Bull Mark Webber dans The New York Times (en anglais). La phénoménale... et l'autre."

Il n'est pas sûr que Michael Schumacher dépasse l'aura d'un Ayrton Senna, à qui un beau film a été consacré en 2010. Mais la mauvaise image dont il souffre sera sans doute effacée par la patine du temps. Les internautes, appelés à commenter le classement d'Autosport, favorisent systématiquement les pilotes des temps héroïques, quand ils roulaient en t-shirt et/ou avec des rouflaquettes de compétition. Le temps est le meilleur allié du prochain retraité pour devenir enfin le plus grand pilote de tous les temps.

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