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Schumacher : trois questions sur le processus de réveil progressif

Selon "L'Equipe", les médecins du CHU de Grenoble auraient entrepris de réveiller progressivement le champion de Formule 1, placé dans le coma depuis un mois. Francetv info vous explique les étapes de ce procédé médical.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Devant le CHU de Grenoble (Isère), où est hospitalisé le pilote allemand Michael Schumacher, le 8 janvier 2014.  (  MAXPPP)

Il aurait renvoyé de premiers signes positifs. Michael Schumacher serait en phase de réveil progressif, affirme L'Equipe mercredi 29 janvier. Les médecins du CHU de Grenoble (Isère), où il est hospitalisé depuis son grave accident de ski, auraient entrepris de réveiller progressivement le septuple champion de Formule 1, plongé dans un coma artificiel. La porte-parole du pilote a toutefois qualifié cette information de "spéculation", refusant de la commenter. 

Qu'elle ait déjà été déclenchée ou pas, après quatre semaines de coma, la question d'entamer cette procédure de réveil se pose. 

Pourquoi déclencher maintenant un réveil progressif ? 

Le but du coma artificiel, dans le cas d'un traumatisme crânien, est de mettre le cerveau au repos pour réduire la tension dans la boîte crânienne. Les médecins décident généralement de la sortie de ce coma une fois que cette pression est redevenue basse et stable. Est-ce le cas pour le pilote allemand ? Sa porte-parole renvoie au dernier bulletin de santé, publié le 17 janvier, dans lequel son état est qualifié de "stable" et non plus de "critique". Sans plus de détails.

"Quand on enlève doucement la sédation [l'administration de médicaments par voie intraveineuse] et que la pression reste correcte, cela détermine l'arrêt complet du coma artificiel", explique Gérard Audibert, responsable de l'unité de réanimation neurochirurgicale du CHU de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Le patient revient alors à son "état de base clinique". Il peut rester dans le coma, cela arrive, ou bien se "réveiller" progressivement.

La durée moyenne d'un coma artificiel pour les traumatisés crâniens graves est "de l'ordre de quinze jours", selon Gérard Audibert. Même si cela peut être un peu plus long, c'est "assez rare" qu'un coma artificiel dépasse trois semaines. Dans le cas de Michael Schumacher, qui souffre de lésions crâniennes "diffuses et sérieuses", le coma artificiel a duré quatre semaines. Quand on "arrive à ce délai, on tente le réveil. Pour voir ce qu'il se passe. Voir si [la personne] se réveille, ou si elle reste dans le coma 'spontané'", précise Jean-Luc Truelle, spécialiste de traumatologie crânienne, dans L'Equipe

Comme se déroule la sortie du coma artificiel ? 

La prise de sédatifs est arrêtée progressivement. A la sortie du coma artificiel, les médecins sont attentifs aux réactions du patient. "On va tester pour voir si on arrive à communiquer avec lui, s'il répond aux stimulations verbales, avec des ordres du type 'serrez-moi la main', 'fermez ou ouvrez les yeux'", indique Gérard Audibert.
 
"La définition du coma, c'est d'abord la perte de toute capacité de relation. En sortir, c'est commencer à retrouver cette capacité", souligne Jean-Luc Truelle. Le malade peut toutefois être replongé dans le coma si le réveil "entraîne une augmentation de la pression intracrânienne, ou qu'il manifeste de la souffrance. Mais il est rare, après quatre semaines, qu'on ait à faire une réintroduction dans le coma", poursuit-il. Et le médecin de rappeler que "96% des gens qui se retrouvent dans un coma artificiel finissent par en sortir". Les patients qui restent plusieurs mois, voire plusieurs années, dans le coma ne sont pas représentatifs de la majorité des cas. "Souvent, quand on parle de 'coma prolongé', l'appellation n'est pas correcte ; ce sont en fait des états végétatifs", indique encore Jean-Luc Truelle.  

Que peut-on espérer ensuite ? 

Après cette phase de réveil, s'ensuit un état de confusion et de léthargie qui peut durer beaucoup plus longtemps que le coma lui-même. "Quand celui-ci a duré trois semaines, on peut compter que durant deux mois, le patient restera confus", pronostique Jean-Luc Truelle. 

Après, "la route peut être encore très longue et on a vu des patients s'améliorer entre un et trois ans après un accident", explique Bernard Vigué, anesthésiste réanimateur à l’hôpital du Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). Pour Jean Mantz, chef du département d'anesthésie réanimation à l'hôpital parisien Bichat-Beaujon-Louis Mourier, "le temps au bout duquel le patient peut récupérer de son accident sur le plan neurologique, et la qualité de cette récupération, restent impossibles à pronostiquer avec certitude aujourd'hui".

Mais selon Gérard Audibert, on peut être fixé sur le handicap définitif consécutif à un traumatisme crânien environ deux ans après l'accident. Les patients ne sont pas tous égaux face à la capacité de récupération. "Il est des récupérations assez spectaculaires, et que l'on attendait pas", constate Jean-Luc Truelle. Le spécialiste met en avant "la condition physique, la force mentale", ainsi que "la force immunitaire" du patient.

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