Xavier de Soultrait frappe à la porte
Les yeux clairs et le regard tranchant. Derrière son masque de protection, Xavier de Soultrait sait parfaitement où il va. De dunes en dunes. De spéciales en spéciales. Un unique objectif : gagner le Dakar dans un futur proche. D'un calme olympien, Xavier de Soultrait n'a rien du chien fou parti pour griller toutes les étapes. L'ambition n'empêche pas d'aborder le rallye avec prudence et intelligence. Sa progression est linéaire et ne suit pas le même parcours que les fusées Quintanilla et Price. Pour son 2e Dakar, l'Auvergnat est toutefois dans les temps de passage des Despres et Coma qui avaient terminé dans le Top 20. Surveillé par Yamaha après ses performances en enduro, Xavier de Soultrait est sur le point de devenir une valeur sûre de la marque en rallye-raid.
A l'issue de la 9e étape, il talonne même les deux leaders de l'équipe, Juan Pedrero Garcia et Olivier Pain. "On le suit depuis pas de temps. Il a muri et progressé par rapport à l'an dernier, explique le patron du team Yamaha officiel, Alexandre Kowalski. Il a une approche très professionnelle. On est agréablement surpris." En 2014, Xavier de Soultrait avait le couteau entre les dents pour son premier Dakar. Une énorme envie de bien faire que le staff de Yamaha a immédiatement essayé de pondérer. "Il fallait d'abord finir le Dakar, apprendre à naviguer, à gérer son effort, ajoute Kowalski. Au début, il faut apprendre les ficelles de la discipline et elles sont nombreuses."
Dans le rythme du Top 20
Malgré des débuts intéressants, revenir sur le Dakar un an plus tard n'a pas été simple. C'était même mal engagé pour le Français quand, à deux mois du départ, l'un des principaux sponsors du motard s'est retiré. Comme sur la moto, De Soultrait s'est adapté aux éléments contraires et a réussi à boucler son budget in extremis. Dans son package, la Yamaha officielle de 2014. "Ça change tout, assure-t-il. Je me sens super bien, et le fait de rouler avec une moto plus puissante m’aide énormément, notamment dans le franchissement des dunes. L'an dernier, celle que j'avais me bridait." Dans l'équipe Viltaïs, Xavier de Soultrait se sait sous surveillance.
En cas de bon Dakar cette année et l'année prochaine, les portes bleues pourraient s'ouvrir en grand. "C'est encore trop tôt pour le dire mais à terme il a le potentiel pour rouler chez Yamaha officiel", assure Kowalski qui estime qu'on ne peut pas gagner un Dakar sans avoir trois ou quatre participations au compteur. En attendant, il faut tailler la route sans faire d'erreur. "Je suis tous les jours dans le rythme des top 20. L’expérience compte énormément sur ce genre d’épreuve, explique-t-il. Je sais aujourd’hui à quoi m’attendre. Le Dakar est la seule épreuve où tu peux rouler pendant vingt minutes à fond de six. Ça défile vite à 160 km/h dans le fesh-fesh, faut rester vigilant et voir s’il n’y a pas de pierres qui sortent du sable ou des animaux qui traversent la piste. Quand on roule en enduro, on tourne autour des arbres et on dépasse rarement les 100 km/h."
En Bolivie, De Soultrait a marqué les esprits et des points. 6e de la terrible étape Uyuni – Iquique, il est arrivé sous les applaudissements de toute l'équipe Yamaha. Après l'enfer du Salar, l'Auvergnat s'est appliqué à nettoyer sa moto, préférant même perdre une minute de plus que de risquer la casse. "Si je casse ma moto, c'est fini et je ne pourrai sûrement pas revenir l'année prochaine, explique-t-il. Mais une performance comme ça montre que dans les moments difficiles, je suis là." L'apprentissage du haut niveau, c'est aussi gérer les départs parmi les meilleurs pilotes de la course. Après son exploit de lundi, Xavier de Soultrait s'est laissé surprendre et …s'est perdu au début de la 9e étape. "Je voulais rattraper Laia Sanz pour la suivre dans les dunes, raconte-t-il. Je n'ai pas lu une note. Je me suis précipité…" Heureusement, il n'a pas perdu trop de temps et reste bien calé dans le top 15 (13e à 3:38'47"). Il n'y a pas d'erreur, c'est juste le métier qui rentre.
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