Une saison pleine et un grand vide
Alors qu'on pensait que Jorge Lorenzo (Yamaha) allait étendre la domination de Yamaha et que Valentino Rossi ferait briller les couleurs de Ducati, on a vu du Honda partout, sur tous les circuits. Contraint par le contrat d'Andrea Dovisiozo d'engager une 3e RC212V officielle, le HRC a tourné à plein régime. Il a trusté les podiums (31) et les victoires (13 sur 17 courses). Les Honda étaient tout simplement inaccessibles. Champion en titre mais orphelin de Rossi, Yamaha n'a eu que des miettes jusqu'à la conclusion valenciane où Casey Stoner a soufflé la victoire à Ben Spies. Champion dès Phillip Island, l'Australien s'est taillé la part du lion avec 12 poles (record partagé avec Mick Doohan) et 10 victoires. Le premier tournant de la saison a eu lieu au Mans. Pendant que Stoner s'imposait une première fois dans la Sarthe, Dani Pedrosa chutait avec Marco Simoncelli et se cassait la clavicule. Seul Jorge Lorenzo tentait de suivre le rythme et s'accrochait à son titre mondial. Mais l'Espagnol devait se rendre à l'évidence au cours de l'été que Stoner était bien intouchable sur sa Honda. L'échéance était repoussée jusqu'en Australie où une chute de Lorenzo au warm-up offrait la couronne à Stoner. Blessé à une main, l'Ibère baissait pavillon jusqu'à la fin de la saison.
Attendu comme le messie par tout un pays, Valentino Rossi n'a pas encore transformé l'essai avec Ducati. Le Docteur a même vécu la pire saison de sa carrière avec un seul podium (3e au Mans) et aucune victoire. Une première en quinze années de carrière. Prototype surpuissant, la Desmosedici était bien trop difficile à dompter. Avec un physique irréprochable, Casey Stoner fût bien le seul à la faire triompher. Handicapé par son épaule en début de saison, Rossi s'est finalement perdu dans ses demandes de modification et les réglages pointus de la belle italienne. C'est peu dire que le nonuple champion du monde attend beaucoup du passage aux 1000 cc. En attente du redressement de son idole, l'Italie avait porté un autre pilote dans son coeur. Un jeune homme talentueux, charismatique et spectaculaire de 24 ans : Marco Simoncelli. Fougueux en qualif comme en course, la crinière au vent, l'Italien s'était révélé comme un prétendant sérieux au podium avec une Honda privée. Sévèrement décrié pour ses attaques viriles, "Super Sic" n'avait rien d'un bad boy. Plus régulier à partir de la mi-août, il avait claqué deux poles et deux podiums avant ce funeste dimanche de Sepang. Une chute anodine et un retour au milieu de la piste, pile sous les roues de Colin Edwards et Valentino Rossi, son "grand frère" dans le paddock. Le choc est mortel. Le séisme est réel dans le monde des sports mécaniques, une semaine après le décès de Dan Wheldon en Indycar. L'Italie et le MotoGP ont perdu un grand champion en devenir.
S'il ne faut retenir qu'un pilote français, c'est Johann Zarco. Soutenu par la FFM, l'Avignonnais a crevé l'écran lors de l'ultime saison de 125cc avant le passage au quatre temps à la Moto3. Au fil des courses, le protégé de Laurent Felon est montée en puissance jusqu'à contrarier l'avènement de Nicolas Terol. Privé par deux fois de la victoire, Zarco a ouvert son compteur au Japon. Cette barrière psychologique a fini par sauter mais un poil trop tard dans la saison. Courtisé par les meilleures équipes de Moto2, le Français défendra les couleurs de l'équipe italienne JIR avec l'espoir de figurer dans le tiercé de tête régulièrement. Il aura pour adversaire le petit prodige Marc Marquez et le nouveau champion de la catégorie Stefan Bradl. Moins chanceux, Jules Cluzel et Mike di Meglio sont à la recherche d'un bon guidon. Pas simple... En MotoGP, le passage de Randy de Puniet chez Ducati Pramac n'a pas porté ses fruits. Jamais loin de le moto officielle de Rossi en qualifications, le Francilien a souvent connu la malchance en course. Malgré un léger mieux en fin de saison, De Puniet a vu sa cote baisser. Après quelques semaines d'incertitudes, son avenir devrait s'écrire ou plutôt se réécrire chez Luigi Cecchinello qui n'a pas prolongé Toni Elias. Un retour aux sources pour Randy qui avait réussi sa plus belle saison en 2010 avec le LCR.
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