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Ogier attaque en mode mineur

Il était arrivé en Alsace avec sa banane japonaise. Vainqueur au pays du soleil levant, Sébastien Ogier avait retardé le sacre de Sébastien Loeb et s’apprêtait à défier le patron sur ses terres et sur sa surface de prédilection. Un fol espoir qui s’est brisé en même temps que son amortisseur droit samedi. Pour lui comme pour les autres, Loeb était déjà loin mais le jeune homme rêvait encore d’un podium.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Sébastien Ogier (Citroën)

Dans ses yeux, on ne lisait pas la résignation de Mikko Hirvonen mais la flamme d’un conquérant. La première journée n’avait pas tout à fait refroidi ses ardeurs et l’envie d’en découdre était manifeste. On ne marche pas sur l’eau comme on ne roule pas à bloc sur une route boueuse. Les miracles n’existent pas en rallye et il est plus facile de caresser un arbre qu’une colombe. Ogier l’a constaté samedi matin en tirant tout droit dans l’ES12 jusqu’à lécher l’écorche d’un sapin. “C’est impossible de faire les temps de Seb (Loeb) qui nous pourrit la route. Déjà en temps normal ce n’est pas facile alors là c’est juste impossible. Nous avons quand même réussi à tenir un bon rythme ce qui nous a permis de reprendre du temps à Dani (Sordo). Mais il y a eu cette erreur juste avant la fin. Du coup, c’est un bilan mitigé”, confiait-il à la mi-journée. Leader de la classe biberon, Ogier avait alors quinze secondes à combler pour accrocher la 2e place de Sordo. Un gouffre sur asphalte. A l’attaque dans Klevener (ES13), le pilote du Junior Team Citroën n’en reprenait qu’une. Dans ces conditions, soit on lâche, soit on tente d’en remettre encore. La 2e option était de trop car Ogier abîmait son amortisseur avant droit. Impossible de défendre ses chances. Les secondes s’égrainaient par poignée, renvoyant la C4 dans les eaux troubles du classement. Fin du rêve.

Sébastien Ogier n’est pas encore Sébastien Loeb. La comparaison s’arrête là pour le moment. Si loin si proche, les deux Seb. Leur trajectoire commune les rapproche mais leur rivalité naissante les oppose. A dix ans d’intervalle, la montée en régime d’Ogier rappelle celle de son glorieux aîné, jeune élu qui venait mettre le feu dans les baquets de Sainz et McRae. Faire tomber le chef de meute, c’est l’obsession des louveteaux. Un confit générationnel vieux comme le monde. Encore un peu tendre cette année, Ogier attend beaucoup de sa prochaine saison. En 2011, les deux pilotes joueront à plein temps dans la même cour. Promu pilote officiel en remplacement de Dani Sordo, le pilote de Gap disposera lui aussi de la nouvelle DS3 WRC. Mais chez Citroën, c’est une étiquette de N.2 qui attend Ogier, tout petit à côté du futur septuple champion du monde de la discipline aux 60 victoires. En Alsace, il n’a pas fait mieux que les autres challengers de Loeb en cédant régulièrement du temps. A des années lumières de son leader au niveau de l’expérience, Ogier doit surtout travailler sa conduite sur asphalte. A l’inverse de la tradition française des Panizzi, Delecour, Auriol, il s’est forgé une solide réputation sur la maîtrise de la terre comme en témoigne ses deux premières victoires en WRC cette saison (Portugal et Japon). Loeb avait fait le contraire en s’imposant en Allemagne et au Monte Carlo. Reste à savoir si tous les chemins mènent au titre mondial.

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