Al-Attiyah: ce rallye reste fantastique !
"C'est le plus beau jour de ma carrière sportive. A partir de maintenant, tout le monde saura placer le Qatar sur la carte du monde". Ainsi s'exprimait Nasser Al-Attiyah il y a un an, après sa victoire dans le Dakar, sept ans après sa première participation. Longtemps considéré comme un incontrôlable génie du volant, le pilote qatari remportait sa plus belle course en rallye-raid, celle que lui même considère comme "la plus grande de toutes". Cette consécration était aussi pour lui l'occasion de faire parler de son pays.
Il avait d'ailleurs bien besoin de ce réconfort, en plus de celui déjà acquis du public, pour revenir sur les pistes sud-américaines cette année. "J'aspirais depuis longtemps de courir cette course en deux roues motrices. Tout mon pays est derrière moi et je compte bien conservé mon titre" disait-il au départ de ce Dakar en dévoilant qu'il courrait sur un Hummer.Car la réalité est que Al-Attiyah a longtemps cru ne pas pouvoir défendre ses chances, après le retrait de Volkswagen. Jusqu'au début décembre, ou la situation s'est débloquée avec Hummer. "L'idée de ne pas faire le Dakar était terrible. Après le retrait de Volkswagen, j'étais très embêté parce que je voulais vraiment défendre mon titre. J'ai donc cherché de nouvelles solutions et je me suis dit qu'il me fallait un challenge différent. Je ne voulais pas une voiture similaire à celle de mon titre. La meilleure solution pour moi, c'était de piloter le Hummer deux-roues motrices du Team Gordon. J'ai aussi regardé le parcours cette année et je me suis dit que cette voiture pouvait bien se comporter. Quand Etienne Lavigne (directeur du Dakar) m'a dit qu'il était derrière moi, qu'il me soutenait et que le numéro 300 m'attendait, j'étais ravi"..
Mais si cette voiture qu'il considérait rapide et excellente sur un terrain dur et cassant lui avait donné de bonnes raisons d'y croire, sur le sable d'Argentine et du Chili, il a mesuré les difficultés rencontrées sur le plan du moteur, jusqu'à ce que son alternateur rende l'âme. Ce qui ne lui ôte pas le sourire ni ne le déçoit de cette épreuve qu'il aime tant. "C'est la course. C'est vrai que c'est décevant. C'est vrai aussi que j'ai demandé plusieurs fois qu'on regarde ce qu'il y avait sur l'alternateur....Je ne sais pas ce qu'ils ont fait. Mais le résultat est là. De toutes façons, depuis le début de ce Dakar, j'essaie d'aller vite, mais j'ai eu trop de problèmes mécaniques....Tant pis, je reviendrai tenter de nouveau ma chance". Car le Dakar le Qatari y tient. Car c'est là qu'il peut le mieux se livrer Son bonheur, c'est piloter. Dès son entrée dans la carrière, son coup de volant percutant a rapidement fait le tour des écuries. A l'aise dans les dunes, il a commencé à se faire un nom en Afrique; c'est là aussi qu'il a connu ses premières sorties de route intempestives qui ont installé une autre réputation: celle d'un incorrigible casseur de voitures. Mais le pilote apprend vite et sa progression a été fulgurante; après avoir multiplié les pirouettes et éparpillé les carcasses, il a beaucoup travaillé, et assidument, dans tous les domaines, pour dompter sa fougue et ajuster sa technique de pilotage. "J'ai choisi aussi de disputer les saisons de rallye traditionnel, pour être plus performant au Dakar. Je crois que ça a constitué une des clés de mon succès".
Le pilote insiste aussi sur les bénéfices de sa carrière dans le shooting. "Cette discipline m'a vraiment beaucoup apporté. Cela m'a apporté notamment une capacité de concentration décisive, avec la carabine comme dans la voiture".Sa vie privée aussi est devenue plus posée. "J'ai trouvé mon environnement personnel parfait, ce qui me donne beaucoup d'énergie et de soutien et est le parfait contraste avec le sport automobile plutôt trépidant". Le travail a fini par payer mais la mécanique n'est pas toujours à la hauteur. "C'est vrai que je n'étais pas très bien parti, mais j'avais envie de gagner. Je crois que j'ai maintenant vraiment l'expérience de la course, et le fait de l'avoir déjà remportée m'a donné de la confiance. Je me sentais beaucoup plus détendu. Peut-être la préparation et le travail sur le Hummer ont-ils été trop courts dans le temps".
Bien sur Naser Al-Attiyah a un programme chargé qui l'attend cette saison en rallye, et ce retrait prématuré, qu'il prend avec philosophie, l'aidera sans doute à mieux se préparer. Mais il regrette de ne pas avoir pu défendre ses chances: "quand on est battu, ça se joue au chrono. Mais au moins on va au bout....". Déception donc un peu quand même qui ne remet pas en cause son envie de goûter de nouveau aux pistes de sable dès l'année prochaine. "Le Dakar, je n'imagine pas maintenant ne pas pouvoir y revenir, pour avoir la possibilité de me battre avec des armes solides. Depuis la première fois que je me suis aligné sur ce rallye, j'en suis devenu accro et j'ai beaucoup appris. Le Dakar, c'est fantastique".
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