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Peterhansel : "Il faut des têtes d'affiche en MotoGP"

Guest star du Monster Energy Grand Prix de France moto avec Michael Schumacher, Stéphane Peterhansel apprécie le spectacle des meilleurs pilotes du monde. Impressionné par Casey Stoner et Valentino Rossi, le recordman de victoires au Dakar (10) prend son pied. Toujours passionné de moto, il continue à rouler pour le plaisir. En revanche, il défendra bien son titre au Dakar sur une Mini.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
Stéphane Peterhansel pose devant sa Mini victorieuse du dernier Dakar avec les Monster Girls

Q : Vous êtes dans votre élément ici. Toujours aussi fan de moto ?
R : « Je reste un vrai fan du motortsport et plus particulièrement de la moto. C’était ma première passion et ça reste très très fort. Voir des belles machines avec de la haute technologie, des pilotes d’exception comme Stoner et Rossi dans une ambiance de course, c’est toujours un vrai plaisir. Après, c’est le temps qui manque pour assister à des courses. La dernière fois au Mans était il y a quatre ans. »

Q : Quel regard vous portez en tant qu’ancien motard. Où vont vos yeux ?
R : « Ce que j’adore, c’est la technique. J’ai passé beaucoup de temps en tout-terrain donc c’est compliqué d’avoir une moto nickel. On la fait rouler dans la boue, dans des conditions un peu plus rustiques. Les motos de Grand Prix sont comme des horloges de précision. C’est propre, net, beau. Ce sont des pièces en carbone, en titane. Après, la capacité des pilotes à rouler à la limite à chaque virage, à chaque freinage. C’est ce qui est hyper intéressant de comparer les styles. Le MotoGP est vraiment un beau sport. »

Q : Vous parlez de pilotage. Qui a vos faveurs ?
R : « Je ne vais pas être original mais celui domine en ce moment, c’est Stoner. Déjà quand il roulait chez Ducati il était impressionnant. Par ses trajectoires. Par son nombre de tours. Il roule moins que les autres mais il fait toujours le bon temps. Il a une qualité d’anticipation exceptionnelle. Je suis aussi très fan de Valentino Rossi pour toute sa carrière. Là, il n’est pas à son aise depuis l’année dernière mais ça reste un immense champion. J’aime aussi les pilotes Yamaha comme Lorenzo et les pilotes Monster Tech 3 qui roule à très haute niveau en ce moment. »

Q : Vous êtes surpris par l’annonce de la retraite de Stoner ?
R : « C’est un pilote complètement atypique et en dehors des clous par rapport à tous les autres. Il est en marge du circuit habituel. C’est une décision respectable. Stoner pourrait continuer des années à entasser des millions et des millions. En fait, quelque chose ne lui plaît pas dans le système. Il le dit et il est capable d’arrêter. J’espère que c’est une vraie décision et qu’il la tiendra car être une girouette ce n’est pas très bon. Je pense quand même que quelque chose va lui manquer. Même s’il y a beaucoup de déplacement, l’adrénaline de la compétition est comme une drogue. Arrêter brutalement provoque un vrai manque. Trouvera-t-il son équilibre en arrêtant ? Ce serait beau qu’il gagne le championnat du monde et qu’il stoppe là-dessus. »

Q : Le manque de bagarre en MotoGP, l’apparition des CRT et la crise ont surement joué dans la décision de Stoner. Avez-vous une solution pour sortir de cette impasse ?
R : « Tout est une question de prix et de budget. On sait que l’économie mondiale est en difficulté. Quand on voit le prix que coûte une moto d’usine pour les constructeurs mais aussi pour les teams satellites, si on veut avoir un plateau plus étoffé, il faudra passer par une réduction des coûts. Ce qui a été fait en moto 2 est une bonne solution. Ça donne des courses superbes, ouvertes, intéressantes. Le faire en MotoGP, ça ne va pas arriver tout de suite mais c’est peut-être une piste sur laquelle il faudrait se pencher. Il faut surtout que le prix des motos des grands constructeurs baisse pour remplir le paddock. On est partagé car le MotoGP est la vitrine technologique. On doit y voir les solutions d’avenir mais ça reste vraiment trop coûteux. »

Q : Le MotoGP doit rester la discipline qui tire la moto vers le haut ?
R : « Il faut des vraies têtes d’affiche. Des pilotes charismatiques et des belles courses. Pour les spectateurs, qu’on roule sur une moto à trois millions d’euros ou à trois cent milles, ils ne vont pas beaucoup voir la différence. »

Q : Si en compétition, vous évoluez sur quatre roues depuis plusieurs années, vous continuez à rouler à moto pour le plaisir ?
R : « La moto reste une vraie passion. Le week-end prochain je vais participer au Trèfle lozérien. Le mois prochain je ferai un rallye en Sardaigne qui est une manche du championnat du monde des rallye-raids. Je vais rejoindre mes petits copains Coma et Desprès. Je vais essayer de m’amuser un petit peu avec eux. Même si je suis toujours en contrat avec Yamaha, ce n’est plus une activité professionnelle de faire de la moto. J’ai la chance d’être encore traité comme un pilote officiel de Yamaha un matériel au top et les mécanos qu’il faut. Mais c’est juste la passion qui me fait courir. J’adore ça et il y a encore quelques belles courses accessibles par rapport à mes qualités et mes capacités. Je ne ferai plus le Dakar en moto. C’est trop long, trop dur, trop dangereux. »

Q : Donc on va vous revoir sur le Dakar …en camion ?
R : « Non… J’ai re-signé avec le team Mini Monster Energy. On aura les mêmes partenaires et les mêmes équipiers comme Nani Roma. C’est plus raisonnable. Même si le camion peut être une expérience intéressante ma priorité reste dans l’automobile La voiture est bien et je prends beaucoup de plaisir à la conduire. Il n’y a pas de raison de changer. »

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