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MotoGP : la carrière de Valentino Rossi en quatre actes

L'Italien Valentino Rossi a tiré sa révérence dimanche à 42 ans, après 26 ans d'une carrière unique.

Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP - Hugo Lauzy
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le nonuple champion du monde italien de MotoGP, Valentino Rossi, à l'occasion du Grand Prix d'Espagne 2021 (30 avril-2 mai). (GIGI SOLDANO / GIGI SOLDANO / AFP)

Valentino Rossi, c'est fini. À 42 ans, l'Italien, nonuple champion du monde MotoGP et icône absolue de son sport a fait ses adieux dimanche 14 novembre à l'issue du Grand Prix de Valence, après 26 saisons toutes catégories confondues. Son jubilé avait débuté le 5 août dernier lors de l'annonce de sa dernière saison en MotoGP en marge du Grand Prix de Styrie."J'ai décidé d'arrêter à la fin de la saison", avait-il lâché lors d'une conférence de presse.

"Vale", "The Doctor", les surnoms sont légion pour celui qui a dominé la première décennie du 21e siècle. Ses sept titres en 500 cm3 et MotoGP entre 2001 et 2009 avec Honda puis Yamaha ont grandement participé à écrire sa légende, dans et comme en dehors des paddocks aux quatre coins du monde entier.

1Un palmarès sensationnel

115 victoires dont 89 en MotoGP, 235 podiums dont 199 en MotoGP et la plus longue carrière dans la catégorie reine du sport motocycliste. Les records s'accumulent lorsqu'on commence à évoquer le CV d'un pilote devenu une véritable référence en l'espace de seulement quelques Grands Prix. Arrivé lors de la saison 1996, le gamin d'Urbino a remporté un titre sur une 500 cm3 deux temps en 2001, avant que celles-ci ne soient remplacées par des 1000 cm3 quatre temps. Le début d'une longue série et d'une ultra-domination puisqu'il en a glané six autres (2002, 2003, 2004, 2005, 2008 et 2009) par la suite.

Un total de neuf couronnes mondiales, en comptant celles acquises avec l'écurie Aprilia en 125 cm3 en 1997 et en 250 cm3 en 1999. Il a toutefois dû céder ensuite son piédestal à l'Espagnol Marc Marquez, sacré en 2013, 2014, 2016, 2017, 2018 et 2019, et vu son étoile faiblir ces quatre dernières années. Pour trouver trace de sa dernière victoire, il faut remonter à 2017. Sa dernière pole, elle, a été décrochée en 2018 et son dernier podium en 2020. Cette année-là, il ne s'était classé que 15e du championnat du monde, lui qui n'avait jamais fini l'année en dehors du Top 10 depuis ses débuts en 1996.

2Des rivalités et des tensions avec Max Biaggi et Marc Marquez

Bavard, drôle, charmeur mais aussi implacable avec ses adversaires, "Vale" ne s'est pas fait que des amis au plus haut niveau. Son compatriote Max Biaggi d'abord, avec qui les relations étaient plus que tendues au début de sa carrière, puis l'Espagnol Jorge Lorenzo, qui a été son coéquipier chez Yamaha, et surtout Marquez.

Les tensions nées durant leurs années en commun dans la catégorie reine, de 2000 à 2005, et n'ont depuis jamais été totalement gommées. "On n'a jamais fait semblant d'être amis, ni sur la piste ni en dehors, mais on a livré l'une des plus belles rivalités de l'Histoire de la moto. Ça manque, en tout cas à moi et à nos fans. Peut-être qu'un jour on se retrouvera autour d'un verre pour rigoler un peu !", a expliqué Max Biaggi, jeudi, auprès de Sky Italia.

Une autre rivalité a marqué sa deuxième partie de carrière. Celle avec son cadet de 14 ans, l'Espagnol Marc Marquez. Si, au début, Rossi acceptait les hommages de son rival de chez Honda, les relations se sont tendues au fur et à mesure que l'Espagnol raflait les titres, jusqu'à un affrontement lors du Grand Prix d'Argentine 2015. Les deux pilotes aux égo surdimensionnés n'ont alors accepté de se réconcilier qu'un an plus tard, du bout des lèvres, non sans que l'Italien refuse une première main tendue. Car Rossi n'aime pas qu'on lui manque de respect.

Autre exemple : ses accusations contre Johann Zarco, dont la moto l'a frôlé après un accident en août 2020. "C'est un super gars mais il vaut mieux être dans son camp", a ensuite constaté le pilote français.

3Des pitreries en série et un caractère insaisissable

Entre moqueries et tensions entre pilotes, il sait aussi se rendre populaire grâce à ses pitreries : il arrête sa moto sur le bord de la piste pour une "pause pipi", se fait remarquer avec un casque "Viagra", ou porte encore des perruques délirantes après certaines de ses victoires. Le nombre de tenues et de drapeaux jaunes vif, sa couleur fétiche, ornés de son numéro de course, le 46, dans les tribunes à chaque course sont là pour en témoigner, tout comme ses qualités pour monétiser son image.

Valentino Rossi a aussi connu quelques déboires avec le fisc de son pays, qui l'a contraint à payer des millions d'euros d'arriérés d'impôts, alors que le pilote avait longtemps plaidé le fait de passer plus de temps en Angleterre que dans la péninsule. À 40 ans passés, Rossi garde l'air d'un lutin avec le même visage souriant et les mêmes yeux bleus pétillants, quelques rides en plus. Les folles boucles brunes du début de sa carrière, qui avaient à un moment fait place à un crâne rasé, sont revenues et son anglais reste "fleuri" d'expressions italiennes.

42021, l'année de son nouveau départ

La saison 2021 devait être la saison de la dernière chance. Rétrogradé chez Yamaha-SRT, l'équipe satellite de la marque japonaise, il lui fallait reprendre des couleurs ou prendre sa retraite en fin d'année. Après neuf courses, il n'était que 19e et la messe a rapidement été dite : la légende vivante, à l'esprit intenable, va s'arrêter pour s'essayer à la course automobile. Un contrepied supplémentaire là où personne ne l'attendait.

Préparant son avenir après la compétition, le "Docteur" est aussi devenu un mentor pour les espoirs italiens (Franco Morbidelli, Francesco Bagnaia, Luca Marini, son demi-frère...) qu'il accueille au sein de sa "VR46 Academy" depuis 2013. Il s'entraîne avec eux dans son "ranch" de Tavullia, près du circuit de Misano, mais surtout les accompagne de la Moto3 jusqu'au MotoGP. Et son écurie, le Team VR46, arrive en MotoGP l'an prochain sur des Ducati satellites. De pilote à dirigeant d'équipe, le championnat du monde de vitesse moto n'est donc pas près de perdre son meilleur ambassadeur.

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