Cet article date de plus d'onze ans.

Luc Alphand : "Le Dakar est ouvert"

Luc Alphand revient pour nous sur les dix premiers jours du Dakar 2013 et les principaux duels du rallye.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 8min
Luc Alphand et Cyril Desprès

Q : Il y a eu une première semaine intense ?
R : « Il y a eu beaucoup de choses au classement mais surtout dans les étapes. Les quatre premiers jours au Pérou ont mis tout le monde dans le bain. Et pour tous les novices, ceux mal préparés physiquement et dans leur projet global, ils ont souffert. Ça a fait beaucoup de dégâts. »

Q : Ça brouille les cartes de mettre les grosses difficultés au départ ?
R : « Oui c’est sûr mais c’est la géographie qui a voulu ça. L’an dernier on a vécu à Nazca de grands moments jusqu’à Pisco. Le rallye est coincé par les Andes et on est forcément obligé de descendre. On a rarement fait des spéciales en montagne comme ça a été le cas au Portugal ou dans l’Atlas au Maroc. Les organisateurs se sont pourtant dit on va simplifier le truc sinon il y avait moyen de faire encore plus compliqué. Même avec ça, ça a été dur. En plus il y a eu le changement d’horaire en arrivant au Chili. Mais le point positif c’est qu’on n’a pas fait ces étapes entre Antofagasta et La Serena qui ne sont pas très intéressantes avec du terrain piégeux et du fesh fesh. Ce type de terrain s’est résumé à une seule étape et c’est bien. Derrière, ils ont retrouvé d’entrée du WRC et maintenant un nouveau coup de sable. Pour résumer la première semaine, c’était agité. »

"Ouvert à pas mal de gens"

Q : Les buggys étaient au niveau de Mini
R : « En performance pure, on a vu que les buggys avaient bien fait de s’engouffrer dans la brèche du règlement. Finalité, ceux de Qatar Red Bull ont raflé quatre étapes sur les cinq premières. Sans ses petites erreurs, le SMG de Guerlain Chicherit serait dans le coup au général. Il se peut que l’année prochaine le règlement s’occupe des buggys qatarien. Quand tu donnes des buggys d’une perfo comme ça avec des pilotes de ce niveau, tu sais que ça va marcher. S’ils avaient eu une bonne préparation (le projet n’avait que 5 mois, ndlr). En 2014, la base sera la même mais la fiabilité sera meilleure. Ça devrait en faire douter plus d’un. Sainz a été accablé de problème mais avec Al-Attiyah il y a eu deux erreurs. Les SMG ont eu des problèmes de transmission arrière, c’est juste une histoire de préparation. Chabot a été bien placé. La perfo pure, ils l’ont. Les 4x4 doivent eux leur salut à leurs équipages qui sont quasiment à zéro faute. A part trois minutes dans une dune, Peterhansel n’a pas fait d’erreur. C’est ce qui te fait gagner un Dakar. Les Mini ont quand même dû attaquer pour ne pas se faire déposer par les buggys  qui finalement se sont explosés tout seul. Le premier enseignement, c’est que le Dakar peut être ouvert à pas mal de gens. »

Q : On peut rivaliser avec un constructeur ?
R : « A l’époque où je courais, il y avait trois constructeurs à quatre voitures. On ajoutait trois ou quatre buggys Schlesser et personne ne pouvait rentrer dans le top 16 sauf incident de course. Aujourd’hui, c’est plus ouvert. C’est bien pour les amateurs qui courent mais est-ce que c’est bien de montrer ça aux constructeurs ? Ce sont eux qui font rêver. Je pense que les gens ont besoin de s’identifier à un véhicule comme ce fût le cas pour le Touareg, le Pajero ou le Lancer. Avec la carrosserie des Mini ou le Mitsu de Spinelli, on peut s’identifier. On se souvient tous des épopées Peugeot, Citroën, des Pajero même si, le Dakar comme Le Mans vit grâce à la passion des gens avec 90 % d’amateurs. Au bout, si Peter gagne, le résultat sera conforme à ça.

Le seul match: Novitskiy - Roma

Q : Ca a l’air bien parti pour Stéphane Peterhansel. L’abandon de Nasser Al-Attiyah a tué le suspense.
R : « A part un problème, c’est quasi réglé. Mais ça peut toujours arriver. Il y a du vent de sable ici à Fiambala… »

Q : Et Monsieur Dakar sait gérer ce genre d’avance…
R : « Oui, il sait faire. Hier il a terminé troisième pour ne pas ouvrir la trace. Il est malin comme un singe mais c’est intelligent. Aux autres de se faire un peu les dents s’ils veulent gagner une spéciale. Guerlain ou Robby veulent prouver des choses. De Villiers va lui chercher à défendre sa 2e place. Il a quarante minutes sur Roma. Un plantage, c’est sept minutes, dix avec les plaques donc il peut voir venir. Le seul match qui reste intéressant, c’est celui qui est interne à Mini entre Novitskiy et Roma. Pour le moment, le Russe est comme Stéphane, il fait le Dakar quasi parfait. Moi je ne ferai pas le malin jusqu’à Copiapo. Après demain soir ça déroule. »

Q : Robby Gordon continue de faire le show
R : « Il va encore rester quelques images de Gordon sur ce Dakar, notamment celles de sa caméra embarquée quand il apprend qu’il a perdu trente minutes sur le prologue. Gordon s’est encore préparé trop vite. Il a pris un copilote novice qui ne connaît pas bien le règlement. Gagner sur des Bajas, ce n’est pas la même chose que courir un Dakar. Il vaudrait mieux prendre quelqu’un comme Arnaud Debron qui parle anglais et qui a un peu de bouteille dans le Dakar. Il faut quelqu’un qui puisse le gérer. Mais ça ne doit pas être simple. Le Hummer, j’adore cette voiture. A piloter c’est toujours fun. Lui il a ça dans le sang. Mais s’il est à six heures, c’est surtout de sa faute. Les plantages, le tonneau par l’avant, c’est lui. Il s’est cramé son Dakar tout seul. C’est sût qu’il aura à cœur de gagner une étape. A Fiambala ou à Copiapo. »

Q : En moto, on en a vu de toutes les couleurs
R : « Oui il y a eu match. On a vu plein de victoires différentes, plein de rebondissements. Cette catégorie des 450 est géniale. KTM avait rechigné à y aller car ils avaient tout le marché des 690. Ils avaient obtenu un an de délai et là ils ont bien préparé leur Dakar. La surprise positive, c’est Yamaha. Je suis désolé pour Casteu qui est passé de la joie au désarrois dans la douleur physique. Cyril Despres lui s’est fait ventouser. Il n’y en a pas un qui veut ouvrir. Tous les favoris se sont marqués et lui qui s’énerve car il ne peut pas s’échapper. Des fois il y en avait six derrière lui qui le laissaient faire. C’est rageant car on n’a pas envie d’accélérer pour ramener tout le monde. Barreda est un sacré numéro. Il va très vite mais est parti à la faute. Ca a été une épine du pied en moins pour Cyril. Je suis agréablement surpris par Chaleco Lopez. Il a assuré en navigation, il connaît bien le Dakar et son rythme de course. Il est 3e derrière Ruben Faria. »

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.