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GP du Brésil : un tracé à l'envers, une météo très changeante... Comment Interlagos est devenu le théâtre des meilleurs thrillers de la F1

Avec le Grand Prix de São Paulo, dimanche, Max Verstappen a une belle occasion de se rapprocher du titre des pilotes, sur un tracé qui a souvent été décisif dans l'histoire de la Formule 1.

Article rédigé par Loris Belin, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Charles Leclerc lors des qualifications de la course sprint à Interlagos, au Grand Prix du Brésil, vendredi 12 novembre. (ANTONIN VINCENT / DPPI)

Money time dans le paddock. En plein cœur d'un triptyque de courses en trois semaines, le Grand Prix de São Paulo est une occasion rêvée pour Max Verstappen (Red Bull) de se rapprocher de son premier titre pilotes. Un succès, dimanche 14 novembre, assurerait au leader du championnat un matelas d'au moins une victoire d'avance sur Lewis Hamilton (Mercedes), peu importe le résultat du champion en titre au Brésil.

Avec trois courses restantes, le Néerlandais aurait déjà une main sur le trophée à Interlagos. L'Autodromo José Carlos Pace a souvent été le théâtre d'instants cruciaux dans la course au sacre en Formule 1. Mais qu'est-ce qui rend si spécial le tourniquet carioca pour qu'il soit si déterminant ?

Un placement en fin de calendrier propice

Dans son histoire récente, le Grand Prix du Brésil, devenu cette année Grand Prix de São Paulo, a été placé en fin de saison, servant même de dernier rendez-vous en 2004, entre 2006 et 2008, puis entre 2011 et 2013. Ainsi située dans le calendrier, la course d'Interlagos s'est transformée à plusieurs reprises en lieu de couronnement, notamment cinq saisons de rang, de 2005 à 2009. Le tracé a ainsi offert certains des moments les plus indécis et rocambolesques de l'histoire de la discipline.

En 2007, le titre des pilotes se joue entre les deux coéquipiers chez McLaren-Mercedes Lewis Hamilton (107 points) et Fernando Alonso (103 points), et Kimi Räikkönen (Ferrari) qu'on croit trop loin pour encore se mêler à la lutte (100 points), alors qu'une victoire rapporte dix points. Mais Hamilton est mis hors-jeu dès le premier tour par une légère sortie de piste et un incident mécanique. Les Ferrari font la course parfaite : Räikkönen prend les devants aux stands pendant que Felipe Massa assure le doublé, près d'une minute devant Alonso. Le Finlandais est titré avec un point d'avance sur ses deux rivaux.

Hamilton prendra sa revanche la saison suivante dans un scénario digne d'un film. Le Britannique prend encore le départ en tête du championnat et ne peut plus être renversé que par Felipe Massa. Devant son public, le pilote Ferrari fait une course exemplaire et l'emporte. Derrière, Hamilton doit finir 5e ou mieux, mais la pluie relance tout à cinq tours de la fin.

Le pilote McLaren-Mercedes est en perdition et tombe au 6e rang à trois boucles de la fin. Massa croit être champion du monde, mais la joie ne dure que vingt secondes. Lewis Hamilton est sauvé par Timo Glock, aux abois avec les mauvais pneumatiques, et qui se fait déborder dans l'avant-dernier virage.

La météo comme élément perturbateur

Placée de plus en plus tard dans le calendrier, la course au Brésil voit l'aléa climatique prendre une place plus prépondérante encore. À Interlagos, les prévisions météo comptent parfois autant que le coup de volant. Lewis Hamilton et Max Verstappen comptent parmi les pilotes les plus adroits sous la pluie, même si le Néerlandais a sans doute un petit quelque chose en plus quand le temps se gâte.

En 2016, sous une pluie diluvienne, sa maîtrise des trajectoires à Interlagos avait bluffé tout le monde, gagnant 13 places en 16 tours. Quatre ans plus tôt, sa maestria sur piste changeante avait permis à Sebastian Vettel de sauver son troisième titre de champion, après avoir été percuté et envoyé en fond de peloton dès le premier tour.

Outre l'humidité, qui n'est pas attendue ce week-end, les brusques changements de température peuvent bouleverser la piste sur la durée d'une course. Dans des conditions plus piégeuses, les stratégies prennent une autre dimension, en particulier quand les titres se jouent. "On peut avoir une piste à 50 degrés un jour et des pluies intenses le lendemain", expliquait jeudi Andrew Shovlin, directeur de l'ingénierie piste de Mercedes. "Je pense que s'il fait chaud, alors ça ira probablement dans la direction de Red Bull. Un ciel un peu couvert pourrait plus nous convenir."

Un circuit éprouvant pour les machines et les pilotes : le défi d'Interlagos

Si les conditions autour du Grand Prix ne suffisaient pas à garantir le suspense au Brésil, le tracé d'Interlagos est loin d'être simple à aborder pour les pilotes, comme pour leur monoplace. L'Autodromo José Carlos Pace est l'un des rares circuits sur lesquels on court dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Une contrainte physique supplémentaire, notamment au niveau des cervicales.

Même les plus solides des pilotes sortent parfois de leur baquet en souffrance, encore plus par temps chaud. Vainqueur en 1991 pour la première fois devant son public au terme d'une course homérique (sa boîte de vitesse reste bloquée en sixième à sept tours de la fin), Ayrton Senna, tétanisé de douleur, avait dû être porté hors de sa voiture.

La mécanique, elle aussi, souffre sur ce circuit si particulier. Il compte parmi les plus exigeants pour les moteurs, avec près de 70% du tracé passé le pied enfoncé sur l'accélérateur. Pour les moteurs, la charge est lourde, d'autant plus à 800 mètres d'altitude où l'air se fait plus rare pour alimenter les turbos, et après 18 courses déjà disputées. Alors que plusieurs pilotes ont dû passer par une pénalité au départ pour avoir utilisé trop de pièces moteur par rapport au règlement, ceux aux engins plus usés pourraient avoir de mauvaises surprises. 

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