Le Dakar des patrons
Despres sur des montagnes russes
Cyril Despres a vécu un drôle de Dakar. Sans Marc Coma, convalescent après sa blessure à l’épaule, le scénario était forcément original. Il l’a été de bout en bout. De Lima à Santiago, le tenant du titre a roulé sur des montagnes russes. Face à la concurrence accrue des Husqvarna, Yamaha, Honda, le Français s’est vite senti un peu seul. Prié de faire la trace pour ses rivaux, il était en décalage total avec ses Dakar précédents. Presque sans repère. Malgré un court passage en tête au soir de la 3e étape, le pilote KTM s’est calé dans l’ombre des Yamaha de Pain et Casteu. Une situation nouvelle mais loin d’être désespérée d‘autant que Barreda, malgré son talent (4 victoires d’étape), s’était éliminé de la course à la victoire à cause d’une pompe à essence. Avant de revenir au sommet, Despres a glissé tout en bas de la dune. Au soir de l’étape marathon, l’Andorran n’en menait pas large. Une cinquième vitesse bloquée et un moteur fatigué, Despres était très mal embarqué. Le changement du bloc moteur était obligatoire mais sur un bivouac déporté et sans les assistances, la tâche était sérieusement compliquée. Le téléphone a beaucoup sonné entre KTM, ses pilotes et le Polonais Marek Dabrowski. Le pilote du team Orlen s’est sacrifié en offrant son moteur au Français. Despres ne le savait pas encore mais le vent venait de tourner. Sur un nuage pendant sept jours, Olivier Pain est redescendu sur terre. Le lendemain de la journée de repos, c’était au tour de David Casteu de tomber. Sur une vache. Leader pendant une journée, le Niçois quittait le Dakar dépité et laissait un boulevard aux KTM. Quand Cyril Despres a choisi Ruben Faria pour l’épauler, il ne s’est pas trompé. Savoir s’entourer, c’est aussi la marque des champions. En tête du rallye à quatre jours de la fin, le « porteur d’eau » n’a jamais donné l’impression de vouloir dépasser le maître. Un esprit de sacrifice bien plus prononcé que chez Christopher Froome avec Bradley Wiggins sur le Tour de France. Despres libéré, il remportait sa seule spéciale sur rallye et prenait un ascendant définitif au classement général. Restait la menace Francisco Chaleco Lopez. Sur ses terres, le Chilien luttait jusqu’à La Serena mais un ultime changement de moteur (problème de boîte de vitesse), scellait le cinquième Dakar de Cyril Despres. Le pilote KTM court désormais derrière les six victoires de Stéphane Peterhansel. Un record qu’il pourrait égaler dès l’année prochaine.
Peterhansel tout en contrôle
Si son record à moto tient encore, Stéphane Peterhansel reste l’incontournable « Monsieur Dakar ». Et pour très longtemps. Cette année, il a ajouté un nouveau titre et deux spéciales (les 61e et 62e, ndlr) à un palmarès déjà monstrueux. « Peter », qui a signé jusqu’en 2014 avec Mini, n’a même pas eu à forcer son talent pour empocher ce 5e titre en auto (nouveau record, ndlr), le 11e au total. Seul constructeur présent officiellement via le team X-Raid, Mini voit toujours d’un mauvais œil les buggys qui bénéficiaient d’un petit coup de pouce du règlement cette année. En première semaine, les deux roues motrices de Qatar Red Bull et SMG ont secoué les dunes comme rarement sur un début de Dakar. Carlos Sainz, Ronan Chabot, Guerlain Chicherit et surtout Nasser Al-Attiyah ont donné quelques sueurs froides au boss de X-Raid Sven Quandt. Toujours au contact, Peterhansel n’a lui jamais perdu son calme. Un flegme presque britannique de circonstance. En fait, il suffisait d’attendre que toutes les ailes des buggys se grillent les unes après les autres. Le suspense a duré jusqu’à la journée de repos à San Miguel de Tucuman. Sur les pistes argentines, Nasser Al-Attiyah a mesuré la difficulté de fiabilisé une voiture jeune. Cinq mois après sa naissance, le team Qatar Red Bull a tout de même réussi un beau Dakar et sera prêt pour briguer la victoire en 2014. Débarrassé de toute concurrence puisque son premier poursuivant Giniel De Villers était à plus de cinquante minutes, le natif de Vésoul s’est alors contenté de gérer. Un domaine qu’il maîtrise à la perfection. Il est loin le panache d’un Gordon mais pourquoi risquer de tout perdre pour un spéciale de plus. Peterhansel connaît trop bien les enjeux d’un Dakar.
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