Lavigne : "Le Dakar est dur par essence"
Ce Dakar 2014 s'annonce corsé. Il fallait muscler le jeu ?
Etienne Lavigne : "Oui c'est un retour aux sources pour les étapes marathons des motos et quads et pour la première fois des parcours distincts pour des compétitions différentes. Trois pays, deux itinéraires, treize jours de course, 9.000 km dont 5.000 de spéciales et la promesse d'avoir des territoires assez fabuleux pour dérouler ce Dakar 2014."
Pour sa 6e édition en Amérique du Sud, le Dakar s'est-il enfin adapté à l'Amérique du Sud ?
EL : "Quand on regarde dans le rétroviseur entre la première édition en 2009 et maintenant, on avait quand même acquis assez d'expérience et de maturité au bout des deux premières années, par rapport à la géographie très particulière de l'Amérique du Sud, pour offrir des paysages encore plus audacieux. Ce changement a été bénéfique. Sur le Dakar, il y a 50 nationalités, on n'a jamais été aussi international, que ce soit en terme de concurrents ou de diffusion TV. L'an passé, au moins un milliard de personnes a vu des images de la course. Le rayonnement est énorme".
Quel élément vous satisfait dans le tracé de cette édition ?
EL : "Ce qui me fait plaisir cette année, c'est de faire découvrir la Bolivie à une partie des concurrents, les motards, parce qu'on plonge là vraiment au coeur du continent sud-américain. Avec des terrains absolument incroyables de variété et de difficulté, on est un peu dans la génétique de cette épreuve. Ce qui nous motive c'est d'emmener les gens à travers des pays différents, qu'ils ne connaissent pas. Clairement on est dans l'aventure, ça laisse une part au hasard, au risque. On est à plus de 5.000 km de spéciales, donc c'est une belle virée, en partant quasiment de la rive la plus à l'est de l'Atlantique pour finir sur le Pacifique, c'est assez exceptionnel. Le Dakar reste le plus grand rallye du monde, le plus dur par essence, couru en plein été avec des chaleurs infernales. C'est indiscutable à la fois par le plateau, mais aussi par le nombre de véhicules d'assistance".
L'image du Dakar est liée à la pollution alors que l'organisation compense l'impact carbone de la course...
EL : "On aide en effet une association qui lutte contre la déforestation de l'Amazonie. C'est clairement un volontarisme budgétaire même si on le fait parce qu'on pense que c'est important. Les pays qu'on traverse communiquent toute l'année sur leurs paysages et leurs beautés naturelles, ils nous mettent une grosse pression - légitime - qu'on accompagne volontiers pour faire les choses proprement et correctement, avec notamment un suivi archéologique sur le parcours. Nous sommes les seuls à faire ça alors que notre impact carbone correspond à deux GP de F1. Donc le regard que certains portent sur l'image du Dakar est décalée par rapport à la réalité de son organisation aujourd'hui".
Que vous inspire le nombre stable des participants ?
EL : "Ce sont des chiffres exceptionnels quand on connaît le contexte actuel. En moto, depuis plusieurs années maintenant, on sélectionne les motards pour contrôler le niveau. Cette année, on a refusé environ 50 concurrents car on estime qu'ils ne sont pas prêts. Cela se ressent dans le nombre de motos et de quads qui terminent, parce qu'on a des gens bien mieux préparés qu'il y a une quinzaine d'années sur le plan physique et mental. On les accompagne davantage, par exemple avec des hélicos supplémentaires, et on les sensibilise beaucoup plus. On organise deux sessions de préparation à Paris et à Buenos Aires et ils peuvent également aller sur notre site intranet avec des modules de formation".
La Bolivie va faire des envieux
EL : "Il y a certainement des jaloux. On ne peut pas emmener tout le monde pour des problèmes d'itinéraires et de logistiques. Pour monter à Uyuni, il faut une vraie volonté car c'est haut, escarpé. On monte à plus de 4.000 m dans certains cols et il n'y a qu'une piste pour y aller. On est très nombreux sur le Dakar et cette année ce ne sera que pour les motos et quads."
Quel plateau pour cette édition 2014 !
EL : "Une grosse baston en moto avec les meilleurs pilotes de la discipline répartis chez KTM, Yamaha et Honda. C'est un rendez-vous qui est acté. En auto, il y a l'armada des onze Mini X-Raid face aux buggys de SMG de Carlos Sainz et Ronan Chabot. C'est une très belle voiture réalisée par Philippe Gache, très profilée. Ford et Toyota sont eux toujours en quête d'un podium."
Il ne manque que Peugeot…
EL : "Il y a beaucoup de rumeurs. On verra s'ils viennent ou pas en 2015…"
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