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La pole position, "c'est pour la télé"

A part pour le marketing des marques ou l’égo des pilotes, qui veut vraiment la pole position des 24 Heures du Mans ? Etre le plus rapide sur un tour est une notion en total désaccord avec le principe même de l’endurance où la constance règne en maître. Et si certains hésitent encore à se lancer dans un run complétement débridé, les statistiques sont là pour leur rappeler que le poleman est rarement sur la plus haute marche du podium le dimanche. Reste le spectacle.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Audi et Toyota n'ont pas lutté pour la pole position face aux Porsche (JEAN MICHEL LE MEUR / DPPI MEDIA;JEAN MICHEL LE MEUR)

Ils ne sont que neuf. Sept pilotes en tout à avoir réussi l’exploit de cumuler pole et victoire au Mans depuis l’apparition des qualifications en 1963. Avec trois doublés, Jacky Ickx fait même figure d’extra-terrestre. En revanche, on attend toujours celui qui réussira le triplé avec le meilleur tour en course. Avec son petit 18 % de  réussite, le poleman ne tire donc quasiment aucun avantage de sa position de pointe. Et pour cause, sur 24 Heures, ce n’est pas sur la ligne de départ qu’on gagne mais dans les stands. Ceux qui s’imposent sont simplement les mieux préparés pour la course et les plus fiables, pas forcément les plus rapides sur un tour. « La pole, c’est bien pour la télé et les photos, reconnaît Romain Dumas dont la Porsche 919 Hybrid a réalisé le meilleur temps mercredi, record du circuit à la clé en 3’16’’887. Le marketing est content mais au bout d’une heure tout le monde a déjà oublié. Notre mission est pour dimanche 15h00. Et seul le résultat compte, le reste... »

Comme le martèle Dumas, maître horloger, Il faut se servir du passé pour comprendre l’endurance. « En 2010, les Peugeot nous tournaient autour tellement elles étaient plus rapides, raconte-t-il. Mais à la fin, avec une course sage, on a gagné. » De quoi faire passer la chasse à la pole pour une vulgaire pêche aux canards. A quoi bon s’escrimer en piste au risque de casser le matériel ? Chez Audi, on a fait comme d’habitude. Pas besoin de sortir les muscles pour prouver qu’on est fort. « On savait qu’on ne pouvait pas jouer la pole, explique Benoît Tréluyer, triple vainqueur des 24 Heures. On pensait être un peu plus vite et on aurait aimé être en 3’18 mais le plus important, c’est la course. Autant se concentrer là-dessus. »

Recordman du meilleur tour en piste (pour le moment) sur Peugeot en 2010, Loïc Duval laisse volontiers la pole à Porsche. Ce qui l’intéresse, c’est ce qui va se passer en course lors du 2e ou 3e relais. « Partir 4, 5 ou 6, ça ne change rien. On ne va rien tenter. Ils ont fait la pole car ils tirent profit de leur système hybride sur un tour, explique Duval, pilote de l’Audi e-tron quattro N.8. Ils sont capables d’emmagasiner beaucoup d’énergie sur un tour et de mettre un gros coup de boost. En revanche, si on regarde les tours suivants, ça change… Attention, ils seront très forts sur les relais mais ce n’est pas la même histoire. Sur un relais simple, ils sont 5/10e plus rapides en moyenne au tour. En revanche, on n’a pas encore vu ce que ça donnait sur des doubles ou triples relais mais j’ai ma petite idée. » Une idée qui a fait ses preuves.

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