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Guy Ligier renaît au Mans

C'est une cure de jouvence que s'est offert Guy Ligier en s'associant avec le constructeur Onroak Automotive. Leur union a donné naissance à la JS P2 qui participera aux prochaines 24 Heures du Mans. Guy Ligier était au Mans vendredi dernier pour assister aux premiers tours de roue du prototype.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
 

Un son rauque déchire le ciel du circuit Bugatti. En toute discrétion ou presque, la Ligier JS P2 effectue ses premiers tours de roue. A chaque passage devant les stands, ils sont plusieurs paires d'yeux à suivre la progression du bolide en carbone. Derrière des grosses lunettes, les billes fatiguées de Guy Ligier ne ratent pas une miette du spectacle. Non sans émotion et quelques clignements humides, les seuls de cette journée radieuse. Les souvenirs se bousculent dans la tête de Guy Ligier. A 83 ans, ce grand nom du sport-automobile français effectue un bond de 44 ans dans le passé. En 1970, la JS 1, premier modèle sorti des ateliers de Vichy, foulait elle aussi le bitume sarthois, point de départ d'une formidable épopée qui allait conduire les Bleus jusqu'au podium des 24 Heures du Mans (2e en 1975) puis aux premiers rôles en Formule 1 (9 victoires et 31 podiums). "On a débuté ici avec une JS1, une JS 2. Par surprise, car on ne s'y attendait pas, on a quand même fait 2e (1975), se rappelle-t-il. C'était extraordinaire pour nous. La voiture n'était pas préparée pour ça mais elle a réussi à aller au bout. J'ai déjà vécu cette ambiance et la revoir, ça me fait plaisir." Absente au plus haut niveau depuis le passage de témoin à Flavio Briatore, Ligier a lutté pour survivre mais loin du sport des paddocks.

Un avenir avec endurance

Guy Ligier n'était pas revenu sur le circuit sarthois depuis une invitation datant d'une bonne dizaine d'année. Le temps d'une révolution économique et la fin d'un certain âge d'or de la compétition automobile. Le Mans aussi a bien changé. La ville et son circuit se sont modernisés. Derrière la passerelle Dunlop se dessine au loin les contours du MMArena, équipement phare de la ville mais coquille vide depuis la liquidation du Mans FC, club de foot professionnel, prononcée à l'automne 2013. La capitale du Maine est définitivement une ville de basket et de sport mécanique. En temps de crise, on dit que les gros se serrent la ceinture et que les petits crèvent de faim. Jacques Nicolet n'est pas un "gros" mais il fait partie de ces audacieux entrepreneurs qui jouent aux échecs avec les budgets. Même en Ligue 2 des prototypes derrière les faramineux moyens d'Audi, Porsche et Toyota, le Oak Racing n'est pas menacée de relégation. Au contraire, il se prépare un avenir serein avec en filigrane son union avec Ligier. Les deux patrons sont ravis d'autant que leur bébé semble bien né et qu'il a les gènes des deux entités.

Un mariage passionné

"C'est deux passions qui se rencontrent avec une envie très forte, confirme Nicolet. A Moi de capitaliser sur cette image fantastique de Ligier, de F1, d'endurance, de GT. Guy a lui très envie de partager ça et peut-être de retrouver une excitation qu'il a pu avoir à une certaine époque. Je suis ravi qu'on puisse partager tout cela. Le rapprochement avec Guy Ligier est une façon pour nous de nous ancrer dans une histoire, ajoute Jacques Nicolet. Et cette histoire, il faut la prendre à 100% telle qu'elle est. A l'origine, Guy a souhaité rendre hommage à son ami Jo Schlesser. Ça fait partie des gênes de la marque et il faut les garder. Tout en ayant envie de progresser, il faut rester conservateur sur les choses importantes et c'en est une. Les Ligier vont continuer à s'appeler JS et on y accrochera les modèles à venir." Si la JS P2 est une vitrine, les projets ne manquent pas aux Etats-Unis, en Europe et en Asie. Jacques Nicolet a noué un partenariat économique avec Guy Ligier et pourrait à terme devenir le nouveau grand patron de la marque. "Jacques me permet de vivre encore longtemps parce que la course c'est tout pour moi, assure Ligier. Il m'a dit : "maintenant, je suis le gardien du temple". C'est formidable, on ne peut pas tomber mieux." Tant que la santé ira, Guy Ligier n'est pas un homme de l'ombre. On le verra au Mans et sur d'autres manches du championnat du monde d'endurance. Guy Ligier n'a qu'une vie mais il la vit à fond.

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