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Frédéric Sausset en auto-thérapie aux 24 Heures du Mans

Participer aux 24 Heures du Mans malgré une quadri-amputation, c’est le pari fou de Frédéric Sausset. Du rêve à la réalité, le Blésois a surmonté tous les obstacles pour voir le drapeau à damier dimanche 19 juin à 15h00.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Frédéric Sausset entouré de ses deux coéquipiers Christophe Tinseau et Jean-Bernard Bouvet (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Depuis 1923, les 24 Heures du Mans mettent en lumière des hommes hors du commun. C’est encore plus vrai cette année dans le cadre du 56e stand qui vise à promouvoir les nouvelles technologies mais où l’innovation cède sa place à un exploit avant tout humain. Frédéric Sausset n’était pas un pilote. Il n’aurait jamais dû se retrouver dans le baquet d’une LMP2 pour un double tour d’horloge de la plus grande course d’endurance du monde. Malgré sa passion pour les autos et quelques pèlerinages au Mans, sa vie c’était le prêt-à-porter. Une vie qui bascule à l’été 2012 à cause d’une banale égratignure à un doigt. Un streptocoque virulent infecte la plaie et ronge son corps en quelques heures Frédéric Sausset tombe dans le coma et survit à deux arrêts cardiaques. Au réveil, il découvre son corps amputé des quatre membres et doit faire un choix. Se battre pour lui et sa famille ou abandonner. Germe alors l’idée de faire les 24 Heures du Mans. « Je savais que c’était ce qui pourrait me tirer vers l’avant, raconte Sausset. Mon tempérament n’est pas fait pour rester inactif. Quand on a un lourd handicap, soit on reste sur le canapé devant la télé toute la journée et on se laisse crever, c’est comme ça que ça aurait fini, soit on se fixe un objectif énorme. Les 24 Heures du Mans, c’était tellement mythique. Certains m’ont dit vas-y en se disant que je n’avais aucune chance d’y arriver. »

Il rêve du 19 juin à 15h00

Dans ses connaissances figure Christophe Tinseau, pilote d’endurance chevronné. Frédéric Sausset n’y va pas par quatre chemins et lui expose son projet. Sans savoir si l’aventure ira au bout, le pilote instructeur du circuit du Mans n’hésite pas une seconde. « J’ai été tellement touché par son histoire que j’essayé de tout mettre en œuvre pour l’aider. » C’est ensemble qu’ils vont voir Vincent Beaumesnil, le directeur sport de l’ACO. Le doute s’efface très vite. Le monsieur course des 24H dit banco après quelques minutes. Le plus dur commence. On ne devient pas pilote de course avec ce lourd handicap du jour au lendemain comme on ne lève pas un budget de trois millions d’euro en deux minutes. Sausset l’entrepreneur va se démener avec une incroyable énergie pour arriver à ses fins. Le Mans devient vital. « Quand je suis sur un circuit, j’ai beaucoup moins de douleurs. Je les oublie presque. Il fallait trouver un sens à cette nouvelle vie. Je pense que je l’ai trouvé dans le sport auto. » Invité aux 24 Heures 2016 via le 56e stand, Sausset ne souhaite aucun passe-droit. Pas question d’arriver dans la Sarthe pour jouer les chicanes mobiles et représenter un danger pour les autres pilotes. Un immense stress le parcours toujours au moment d’être installé dans sa voiture. Et s’il n’était pas au niveau ? « Frédéric aurait pu devenir un très bon pilote », assure coach Tinseau qui a vu sa progression depuis trois ans. Sur la piste, les stars comme Benoît Tréluyer lui tirent leur chapeau. Même si des diodes bleues placées sur son auto indiquent qu’il est au volant, plus rien ne le distingue des autres concurrents. Depuis plusieurs mois Frédéric Sausset rêve du 19 juin à 15h00. Si tout va bien, il sera au volant de sa Morgan-Nissan avec le drapeau à damier sous ses yeux.

Les 24 Heures de Frédéric Sausset feront l'objet d'un reportage dans Stade 2 dimanche sur France 2

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