Le GP de Bahreïn cible de manifestations
Sur son site internet, Al-Wefaq a invité ses partisans à une marche pacifique de protestation vendredi sur la grande avenue de Buday, qui relie plusieurs villages chiites à l'ouest de la capitale. Vendredi, jour de repos hebdomadaire, coïncide avec les essais libres du GP de Bahreïn, organisé dimanche sur le circuit de Sakhir au sud de Manama. Un autre groupe de l'opposition, "le Collectif du 14 février", plus radical, a lancé un appel à des manifestations à Manama sous le slogan "Empêchez le Grand Prix taché de sang". Depuis quelques jours déjà, des groupes de chiites ont commencé à manifester contre le Grand Prix dans des villages autour de Manama.
Selon des témoins, les manifestants masqués se sont rassemblés en scandant "Non au Prix de Formule 1" ou des slogans plus politiques hostiles à la famille régnante des Al-Khalifa. Ces rassemblements ont été systématiquement dispersés à coups de grenades lacrymogènes par la police, qui a parfois été la cible de jets de pierres et de cocktails Molotov, selon ces témoins. Les autorités ont annoncé mardi un dispositif pour sécuriser le Grand Prix, qui depuis 2001 a été marqué par des manifestations de chiites n'ayant toutefois pas empêché sa tenue. Le chef de la sûreté nationale, le général Tark al-Hassan, a indiqué qu'un "plan minutieusement élaboré serait mis en oeuvre" au cours des trois jours du Grand Prix, pour "assurer le succès de cet évènement sportif". Les forces de l'ordre seront présentes sur le circuit de Sakhir et sur les principales routes y menant, a-t-il ajouté.
Amnesty International a appelé dans un communiqué mardi les autorités de Manama à ne pas "réprimer les manifestations pacifiques" prévues à l'occasion de F1 , relevant que le gouvernement avait déjà qualifié de "traîtres" les militants appelant au boycott de la course. "Les autorités de Bahreïn ne doivent pas répéter les erreurs du passé", a déclaré Saïd Boumedouha, directeur adjoint d'Amnesty pour l'Afrique du nord et le Moyen-Orient, soulignant que le droit de l'opposition à manifester pacifiquement "est légitime et doit être respecté". Selon lui, "plutôt que de continuer à recourir à des mesures de sécurité pour faire face aux manifestations anti-gouvernementales, les autorités de Bahreïn doivent marquer le Grand Prix en annonçant des mesures concrètes pour remédier à la situation désastreuse des droits de l'Homme". Soulignant que "les arrestations arbitraires, la répression des manifestations et des actes de torture dans les centres de détention se poursuivent", le responsable d'Amnesty estime qu'"utiliser le Grand Prix pour améliorer l'image de Bahreïn est une flagrante tentative de dissimuler (ces) violations".
Alors que le pouvoir refuse de faire des concessions de fond, le mouvement de contestation prend parfois une tournure violente. Trois policiers ont ainsi été tués début mars dans un village chiite. Selon la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), au moins 89 personnes --hors forces de l'ordre-- ont été tuées depuis le début du mouvement de protestation. Le pouvoir a alourdi l'an dernier les peines pour les auteurs de violences et introduit la peine de mort ou la prison à perpétuité en cas de morts ou de blessés.
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