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Jules Bianchi: quatre questions autour d'un drame

Le terrible accident de Jules Bianchi lors du Grand Prix du Japon à Suzuka dimanche, pose de nombreuses questions. Le Français de 25 ans, qui souffre d'une "grave blessure à la tête" et est toujours hospitalisé à Yokkaichi, a-t-il été victime d'un concours de circonstances ou d'erreurs ? Les enquêtes devront le déterminer dans les prochaines semaines, pour permettre à la F1 de sécuriser encore plus une discipline intrinsèquement dangereuse.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
 

La course devait-elle avoir lieu ?

Avec la menace de l'arrivée lundi d'un typhon dans la région, les organisateurs savaient que la pluie serait de la partie pour la course. La Fédération internationale automobile a proposé par deux fois au promoteur d'avancer le départ de 2h, pour trouver une meilleure fenêtre. En vain. La pluie était donc là, forte, intense, et c'est pour cette raison que le départ a été donné sous safety-car. Elle a même été interrompue après deux tours, face aux conditions trop dangereuses. Quelques minutes après, les monoplaces sont ressorties des stands, et le safety-car s'est effacée au dixième tour pour les libérer. Les intempéries ont ensuite faibli, permettant le passage de certaines voitures en pneus intermédiaires. C'était notamment le cas de Jules Bianchi. "Les conditions étaient difficiles, mais la course a été conduite en toute sécurité", a affirmé Niki Lauda. 

Pourquoi Jules Bianchi est sorti de la piste ?

Parti de la 20e position sur la grille de départ sous safety-car, Jules Bianchi avait changé ses pneus au 24e tour, pour chausser des gommes intermédiaires. Mais la forte pluie a refait son apparition, entraînant la sortie de piste de la Sauber d'Adrian Sutil au 41e tour. Deux tours après, le Français est, à son tour, parti en aquaplaning pour venir finir sa course en partie sous le camion-grue qui tentait d'extraire la monoplace de l'Allemand. "Jules a tiré tout droit, comme moi, en aquaplaning. Il ne pouvait rien faire", a dit ce dernier, qui était placé juste derrière le rail de sécurité. Ces pneus inadaptés pour cette pluie, et en plus usés, peuvent expliquer cette sortie de piste. Est-ce la seule raison ? "Pour ceux de devant, dans des conditions scabreuses, ça passe. Pour nous autres, moins bien dotés, pas toujours", glissait Sutil après la course. Felipe Massa, pour sa part, demandait depuis plusieurs tours que la course soit arrêtée, la luminosité ayant beaucoup faibli.

La sortie du camion-grue était-elle nécessaire ?

Avec la présence de la Sauber de Sutil à proximité d'une échappatoire et surtout dans la trajectoire d'une possible sortie de route d'une autre monoplace, les commissaires de piste devaient agir. La Sauber représentait en effet un danger. Mais son intervention, sous drapeau jaune afin de faire ralentir les voitures en course, aurait-elle dû s'accompagner de la sortie du safety-car ? Alain Prost le croit: "Une dépanneuse ne doit pas se retrouver en sortie possible de trajectoire, sans une voiture de sécurité déjà en piste pour protéger les F1 qui roulent", estimait dimanche l'ancien champion du monde sur Canal +. Contrairement aux courses aux USA, l'intervention d'un tel engin n'implique pas obligatoirement la sortie du safety-car.

Pourquoi aucune image officielle de l'accident n'a été vue ?

En cas d'accident grave, pour préserver les familles et les proches ainsi que pour éviter toute dérive, Formula One Management (FOM), qui détient les droits commerciaux de la F1 et produit les images pour les chaînes du monde entier, ne montre plus d'image de la scène. Cela n'avait pas été le cas lors du terrible accident d'Ayrton Senna, qui avait coûté la vie au Brésilien sur le circuit d'Imola en 1994. Lundi en milieu d'après-midi, des images amateurs tournées sur place circulaient sur le web. La FOM les a fait retirer quelques heures plus tard. 

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