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Grand Prix d'Autriche : Ferrari, idées noires chez les Rouges

La reprise de la saison prend une mauvaise tournure pour Ferrari. La deuxième force du paddock a sombré en qualifications après un hiver inquiétant. Pour Charles Leclerc et Sebastian Vettel, le Grand Prix d'Autriche pourrait virer à la catastrophe et laisser augurer une saison plus difficile encore qu'imaginée. Avant le départ dimanche sur le circuit de Spielberg, le Cheval Cabré fait en tout cas grise mine.
Article rédigé par Loris Belin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5 min
 

"- Est-ce qu'on passe ?
- Oui. 10e position.
- C'est dingue…"

En quelques secondes d'échange avec son ingénieur Jock Clear, Charles Leclerc a résumé l'ambiance du clan Ferrari. Le pilote monégasque vient de décrocher sa place in extremis en Q3, la dernière séance qui regroupe les dix pilotes les plus rapides pour se disputer la pole position. A plus d'une seconde des Mercedes, le prodige de 22 ans laisse évacuer toute sa déception, lui qui était parti en tête un an plus tôt en Autriche. Juste derrière lui, son coéquipier Sebastian Vettel porte sa tête un peu plus basse encore. Il n'est même pas parvenu à arracher la Q3, une anomalie pour une des écuries supposées de pointe de la Formule 1 et pour un quadruple champion du monde. Ferrari avait prévenu, son début d'exercice serait sans doute plus compliqué que celui de la saison 2019, pourtant conclu à distance respectable de Mercedes. La firme italienne ne croyait sans doute pas si bien dire.

"Là où nous en sommes pour l'instant"

Finalement septième sur la grille de départ, Charles Leclerc va devoir signer un coup retentissant pour espérer rééditer ses exploits d'il y a quelques mois, quand le Cheval Cabré triomphait chez lui à Monza grâce à sa nouvelle étoile montante. "Ce n'était pas une qualification facile pour nous, se lamente Leclerc. Malheureusement, c'est là où nous en sommes pour l'instant." Là, c'est au coeur de la lutte pour les points, loin derrière leurs rivaux Mercedes, encore à bonne distance de Red Bull mais surtout dans les mêmes eaux que McLaren, Racing Point voire Renault, des écuries de milieu de tableau. Pour l'écurie de toute une nation, un tel affront a des allures de honte. Une honte qu'elle avait vu venir, mais pas dans de telles proportions.

"Bien sûr, c'est une surprise, a assuré Sebastian Vettel, 11e au départ dimanche. Nous pensions que nous en avions un peu plus sous le pied. Mais il semblerait que les autres devaient probablement rouler à l'économie et avec plus d'essence durant les essais." Cet aveu d'impuissance, Ferrari le voyait pendre au bout de son aileron avant depuis plusieurs mois. Depuis les succès de Leclerc à la mi-saison 2019, rien ne semble aller dans le sens des mythiques voitures rouges, à l'éclat soudainement moins pimpant. Durant l'hiver déjà, l'incapacité à combler le retard sur Mercedes lors des tests de pré saison s'était même transformé en sérieuses craintes de régression.

Le manque d'appui aérodynamique de la saison dernière n'a pas été corrigé. Pire, les évolutions testées ont été si peu concluantes que Ferrari a décidé de reprendre sa feuille de route depuis le départ et de se présenter en Autriche avec une voiture identique à celles des premiers tests hivernaux et qui devait disputer le premier Grand Prix de la saison en Australie fin mars. Le Covid-19 est passé par là, et Ferrari paie la fermeture de son usine plus rapide que celles de la concurrence, pendant que l'Italie était durement touchée par le coronavirus. Et les quelques semaines de travail depuis la reprise de l'activité à Maranello n'ont pas permis de rectifier le tir, mais plutôt de constater l'étendue des dégâts. "Cela aurait été contre-productif de continuer dans la direction que nous avions prévue, en sachant que nous n'aurions pas atteint nos objectifs, a expliqué le directeur de l'écurie Mattia Binotto. Nous savons que nous n'avons pas pour le moment la voiture la plus rapide. Nous le savions déjà avant Melbourne, et cela n'a pas changé."

Vettel en veut-il encore ?

Entre-temps, la Scuderia s'est ajouté d'autres soucis qu'une monoplace mal née. Le départ de Sebastian Vettel, en fin de contrat au terme de la saison, a été officialisé avant même d'avoir disputé la première course du calendrier. L'Allemand, arrivé en 2014 après quatre titres de champion du monde chez Red Bull, paie les opportunités manquées de ramener Ferrari au sommet, mais aussi la fulgurante ascension de son voisin de box Charles Leclerc. Battu à la régulière dans les performances par le Monégasque, rétrogradé de son rang de pilote numéro un au cours de la saison 2019, Vettel doit désormais vivre son dernier exercice en rouge en voyant déjà la porte de sortie au bout de la ligne droite.

Difficile alors de le voir motivé à écrire les dernières lignes de son histoire, lui qui avait déjà montré une certaine démotivation une fois que Daniel Ricciardo avait pris l'ascendant chez Red Bull. Vettel est d'ailleurs parti deux fois à la faute en qualifications, le privant des quelques précieux dixièmes de secondes pour la Q3. Plus troublant encore, il n'a pas hésité à révéler les dessous de son départ et à contredire la version officielle de son écurie, qui avait dans un premier temps évoqué un accord mutuel. "Il n'y a jamais eu ni négociation, ni offre" a expliqué l'Allemand face aux médias jeudi dernier, évoquant un simple coup de téléphone de Binotto pour lui annoncer la nouvelle. Il a beau avoir assuré qu'il donnerait tout lors des six prochains mois, Vettel ne s'en est pas non plus caché, il pilote aussi désormais "pour lui".

Des améliorations annoncées pour la Hongrie

Entre une monoplace décevante et un mariage qui se termine dans l'amertume, l'heure n'est pas à l'éclaircie chez Ferrari. Mais plutôt à la méthode Coué. "Je pense que ce sera différent dimanche, la piste devrait être plus chaude et cela nous coûtera moins qu'aujourd'hui" tente de se persuader Vettel. "Nous devons rester positifs, même si c'est très dur de trouver du positif, avance pour sa part Charles Leclerc. Nous devons aller de l'avant, travailler correctement et nous tirer de ces moments difficiles. Nous ne devons pas nous démoraliser."

Pour cela, la Ferrari mise tout sur la Hongrie, là où se déroulera la troisième manche du calendrier du 17 au 19 juillet prochain. Le package aérodynamique de la SF1000 devrait être revu. Le moteur devra lui aussi montrer de bien meilleures performances, puisqu'outre la Scuderia, les deux autres écuries équipées par le bloc propulseur Ferrari ont elles aussi semblé loin du compte sur les deux premiers jours passés sur le Red Bull Ring (Haas 15e et 16e sur la grille, Alfa Romeo 18e et 19e). D'ici le Hungaroring, le Cheval Cabré va devoir faire le dos rond. Et espérer éviter un désastre pourtant annoncé.

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