Formule 1 : Pourquoi la victoire de Pierre Gasly est historique
Il y a des podiums plus difficiles à grimper que d’autres, et des Marseillaises qui résonnent plus fort que d’autres. En ce dimanche 6 septembre 2020, celle entonnée sur le circuit de Monza en Italie est devenue l'une de celles-là, en dépit des tribunes vides autour de la mythique piste italienne. Et pour cause, le Français Pierre Gasly y a remporté son premier Grand Prix de Formule 1. Un évènement majeur pour tout le sport tricolore.
24 ans de disette
Pour bien mesurer l’exploit de Gasly, jetons un coup d’œil dans la rétroviseur : la dernière victoire d’un pilote français en formule 1 remonte à mai 1996. A l’époque, c’était Olivier Panis qui s’était imposé lors du GP de Monaco. C’était il y a 24 ans, 3 mois et 18 jours. Ce jour-là, Pierre Gasly avait à peine 3 mois. Il était venu au monde à l’opposé de l’Hexagone, en Normandie. 24 ans plus tard, à 24 ans donc, il succède enfin à Olivier Panis pour son 55e départ.
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"Je me suis toujours dit en arrivant en F1 que je voulais faire changer cette statistique. Je n'aurais jamais pensé que j'y arriverais ici chez AlphaTauri. C'est fou, je suis tellement heureux", a savouré le pilote français sur la ligne d’arrivée, submergé par l’émotion. Un an après son premier podium au GP du Brésil (2e), il a profité d’une journée à rebondissements (Hamilton pénalisé, course interrompue…) pour s’inviter par surprise sur la première marche du podium.
Flanqué du numéro 10 sur sa combinaison, Pierre Gasly fait ainsi souffler un vent de fraîcheur sur la F1 française, qui avait pris l’habitude d’être discrète. Certes, il y a bien eu Alain Prost et ses quatre titres de champion du monde (1985, 1986, 1989, 1993), et quatre secondes places (1983, 1984, 1988, 1990). Mais en dehors de Prost, la F1 française n’a brillé que par intermittence, et ne compte aucun autre champion du monde. Ainsi, grâce à sa victoire à Monza, Gasly entre dans le cercle très fermé des 13 français a avoir remporté un GP de F1, après Prost donc, mais aussi Maurice Trintignant, Patrick Tambay, Didier Pironi, Olivier Panis, Jacques Laffite, Jean-Pierre Jabouille, Patrick Depailler, François Cevert, Jean-Pierre Beltoise, René Arnoux et Jean Alesi.
Plus qu’une victoire, il s’agit peut-être de la confirmation d’un nouveau départ pour la F1 française. Après des années 2000 marquées par l’absence de pilote tricolore, et même de Grand Prix de France, les cylindrées et pilotes français rugissent de nouveau sur les circuits de F1. Car en dehors de la parenthèse de l’écurie Renault, qui a brillé avec l'Espagnol Fernando Alonso champion du monde en 2005 et 2006, il a fallu attendre l’arrivée de Romain Grosjean pour retrouver un peu de Bleu, Blanc, Rouge sur un podium de F1 (10 podiums en 2012 et 2015). Mais à l’image de Grosjean, la France a toujours calé au moment fatidique. Pas Pierre Gasly ce dimanche à Monza.
Au volant de sa monoplace italienne, Gasly a remporté son premier Grand Prix à 24 ans, et l’un des plus prestigieux du calendrier. Il a ainsi confirmé l’essor d’une nouvelle génération française, qu’il incarne avec Esteban Ocon (Renault). Et peut-être d’un renouveau des sports automobiles français, également porté par Fabio Quartararo en Moto GP. Grâce à cette victoire, Gasly grimpe à la 8eme place du championnat du monde, qu’il ne remportera pas cette année. Mais après 24 ans de disette, la France du volant peut savourer.
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