Cet article date de plus de quatre ans.

Ça s'est passé le 3 juin 1984 : le premier coup d'éclat d'Ayrton Senna sous une pluie battante

Le 3 juin 1984 a lieu le célèbre Grand Prix de Monaco. Ce dimanche de printemps, un déluge submerge le Rocher et les monoplaces qui lui tournent autour si bien que la course est stoppée dès le 32e tour. Une décision contestée qui privera Ayrton Senna de sa première victoire et Alain Prost d'un premier sacre quelques mois plus tard.
Article rédigé par Antoine Limoge
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (ERIC GAILLARD,GABRIEL DUVAL / AFP)

1984. Après trois saisons chez Renault et un titre mondial perdu de seulement 2 pts face à Nelson Piquet et son essence "douteuse", Alain Prost est de retour chez McLaren, l'écurie de ses débuts. Le Forézien en veut à la Régie d'avoir renoncé à porter réclamation et espère conquérir la couronne mondiale sous l'égide de Ron Dennis. A 29 ans, il fait partie des tous meilleurs pilotes du circuit et doit cohabiter avec l'expérimenté Niki Lauda dont la carrière est plus que jamais dans les rétros. A l'inverse, Ayrton Senna vient seulement d'entamer la sienne avec la modeste écurie Toleman. Le pilote brésilien n’est pas encore connu mais ce n'est qu'une question de temps. Le 3 juin se déroule le 6e Grand Prix de la saison sur le mythique circuit de Monaco.

Une course mythique sous un déluge 

Limité par les performances de sa modeste Toleman-Hart, Senna ne peut faire mieux qu’une 13e place lors des qualifications. Alain Prost part lui de la pole position. Mais le lendemain, tout va changer en Principauté par la faute d'une invitée de dernière minute : la pluie. En ce début juin, elle s'abat comme rarement sur le circuit monégasque. Des conditions dantesques que Prost "n'avait jamais connu depuis le début de sa carrière". Tous les pilotes roulent sur des oeufs sauf un, Ayrton Senna. 

Au plus fort du déluge, le Brésilien déjoue les pièges d’une piste glissante et remonte un à un ses concurrents et pas des moindres (Arnoux, Rosberg). Au 18e tour, le prodige de 24 ans pointe déjà à la 3e place. Devant lui les McLaren de Niki Lauda et Alain Prost font la course en tête et limitent les dégâts. Lors du tour suivant, la folle remontée du brésilien se poursuit. Dans la ligne droite des stands, il déborde l'Autrichien avec autorité et compte alors une trentaine de secondes de retard sur Prost. Mais le Français a des problèmes de frein et perd petit à petit sa confortable avance. Au 30e tour, Prost, n'a plus qu’une dizaine de secondes de marge sur Senna ! Le duel est extraordinaire et le scénario hitchcokien.

Début d'une rivalité entre Senna et Prost 

Malheureusement pour les amateurs de films à suspens, Jacky Ickx, directeur de la course, prend la décision de stopper l’épreuve au 32e tour. Le drapeau rouge et le drapeau à damier sont agités sur la ligne. "J'ai préféré arrêter la course un tour trop tôt qu'un tour trop tard", se justifiera Monsieur Le Mans. "Seules les conditions météorologiques ont guidé mon choix même si je sais que trois tours plus tard, logiquement, Ayrton Senna passait en tête". Une décision que Senna ne digère pas. Alors que Prost, conformément au règlement, place sa McLaren devant la ligne d'arrivée, le Brésilien déboule en levant à peine le pied et franchit la ligne d'arrivée en premier. 

La joie de Magic Senna sera de courte durée. Prost est logiquement annoncé victorieux : la course a été interrompue lorsque le pilote de McLaren était en tête. La déception du brésilien est immense tout comme sa colère. Il ne célèbre même pas le premier podium de sa carrière. Il s'estime lésé par la "politique F1" comme il aimait si bien le dire. Il fallait continuer cette course et la pluie fait partie des aléas de ce sport. "Quand il pleut, vous risquez de perdre le contrôle ou de percuter quelqu'un qui perd le contrôle mais si vous sentez que vous dominez la situation alors c'est vous qui agissez sur les événements au lieu de les subir. J'étais en mesure d'inquiéter Alain."

A Prost la victoire et ses ...4,5 points au lieu des 9 donnés habituellement au vainqueur. Ironie de l'histoire, le Français perdra le championnat pour 0,5 pt face à Lauda. Ce demi-point que Prost aurait pu glaner en Principauté et qui en aurait fait un beau champion du monde, fort de ses 7 victoires (Lauda n'en a remporté que 5 cette saison-là, ndlr). Le natif de Saint-Chamond se rattrapera l'année suivante en coiffant le premier de ses quatre titres mondiaux. Quant à Senna, ce ne sera aussi que partie remise. Le Brésilien reste à ce jour le pilote le plus titré à Monaco avec la bagatelle de 6 victoires.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.