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Des maux et des mots

La tente siglée d'une croix rouge est impossible à manquer sur le bivouac. A l'intérieur, médecins et infirmiers s'activent depuis le début du rallye, pour soigner les petites plaies comme les grosses blessures. En cette fin d'épreuve, ce sont surtout les traumatismes et les petites blessures dues à la fatigue qui sont soignés dans ce petit hôpital de campagne.
Article rédigé par Christian Grégoire
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Une soixantaine de médecins et infirmiers, sous la direction de Florence Pommerie, sont à pied d'œuvre durant toute la compétition pour venir à bout des maux dont souffrent les concurrents bien sûr, mais aussi tous les intervenants du Dakar qui viennent les solliciter.

Le Docteur Sylvie Dubos, anesthésiste, revient sur cette mission exceptionnelle menée sur le Dakar. "On a eu autant d'accident graves la deuxième semaine que la première semaine. Ce sont deux ou trois cas très importants. Mais en fin de parcours, il y a en plus  des choses liées à la fatigue effectivement. Notamment chez les motards. Beaucoup de problèmes de tendinite,  liés à l'effort, des problèmes lombaires, de problèmes d'épaules. Nous avons six kinés et pour tout dire en ce moment, ce sont eux qui font le gros du travail".

"Nous ici, dit-elle en indiquant la tente médicale, nous avons  un déchocage pour tout ce qui concerne les patients lourds aux traumatismes graves, et nous traitons aussi toutes les petites interventions. Pas d'ailleurs seulement sur les concurrents, mais aussi tous ceux qui travaillent sur le rallye et qui souffrent de rhumes, de fièvres, de petites plaies ou de morsures de scorpion, par exemple".

Les intervenants de la caravane de santé du rallye sont des urgentistes, des anesthésistes, des chirurgiens orthopédistes et viscéraux, des radiologues... Tous on l'habitude des gestes d'urgence et peuvent intervenir avec le meilleur pronostic possible. Les équipes sont réparties dans le bivouac, et dans la course même, avec les voitures médicalisées appelées les Tangos.qui sont sur le même parcours que les concurrents avec à bord des spécialistes prêts à intervenir. Sans oublier en hélicoptère, le médecin de l'avant, celui qui maraude dans le ciel, prêtt à assurer la première intervention.. Les tangos ont un rôle très important, car ce sont eux qui sont au plus près des pilotes. Il y a également les camions-balais avec également des médecins à l'intérieur.

"Leur présence sur place est essentielle, car ce sont eux qui voient l'état dans lequel se trouvent les concurrents et qui peuvent intervenir.le plus rapidement possible, dit le Dr Dubos. Il y a toujours un anesthésiste ou un chirurgien, parfois une équipe comme un SAMU, mais  c'est très physique, parce qu'il y a un conducteur et un autre médecin qui doit faire la navigation, en suivant le road-book, comme les concurrents, avec en plus la possibilité à tout instant de devoir suivre un blessé".A la tente aussi, les médecins sont sur le qui-vive.Il n'est pas rare qu'ils passent des nuits blanches car certains concurrents arrivent parfois très tard.

Avec les jours qui passent, s'installent également une certaine fatigue mentales chez les pilotes, avec des conséquences physiques. Mais il n'y a pas de règle..
"La fatigue mentale, on la voit essentiellement dans les Tangos. Quand on est par exemple avec les voitures balais derrière des motards en difficulté. On est tenté de leur dire d'arrêter mais on va jusqu'au maximum parce que c'est un rêve pour ces gens-là. On ne veut pas les mettre en danger mais on sait que c'est important pour eux. Si ça ne va vraiment pas, on intervient. Il y a eu une nuit où on a failli insister pour qu'un concurrent renonce, il a persisté et finalement il est encore en course.C'aurait été dommage. Mais on  regarde quand même toujours s'ils sont encore aptes, s'ils ne sont pas épuisés, on leur donne à boire. Ce sont surtout les motards qui sont les plus éprouvés. Sans compter les évènements comme la chaleur avec leur équipements, ils transpirent énormément et chaque fois qu'on les voit, ils ont l'air fatigué....Mais l'âge aussi est important surtout pour les pilotes amateurs, qui en veulent, et qui n'acceptent pas volontiers de s'arrêter. Mais parfois ils ne sont pas toujours bien préparés".

Le travail du service médical tient un rôle prépondérant sur le Dakar. Et le travail se fait aussi en amont. Pour trouver une équipe, gérer des tonnes de matériel, faire les reconnaissances sur le terrain pour connaître le potentiel des hôpitaux avec lesquels il est possible de travailler. Car si les chirurgien présent sur le bivouac sont tout à fait à même de procéder à une opération chirurgicale, en cas de détresse vitale, pour les autres cas, la prise en charge est faite par les structures hospitalières locales.

Comme les concurrents et tous les suiveurs, les médecins du Dakar suivent un rythme effréné, même si dans la journée, ils peuvent parfois souffler un peu. Mais la plupart de ceux qui s'engagent dans cette mission, parfois avec une équipe qu'ils ne connaissent pas, louent les relations humaines qui se créent avec tous les intervenants du bivouac et les concurrents. Et beaucoup se nourrissent de ces rencontres formidables. A tel point que beaucoup reviennent vivre dans les conditions difficiles du Dakar, à se demander s'ils ne sont pas aussi addicts d'aventure que les concurrents.

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