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Dakar - Un amour de Coccinelle

La coccinelle sur le Dakar. Ce n'est pas la suite des aventures rocambolesques de la célèbre coccinelle de Disney mais ça pourrait y ressembler. Avec son numéro 353 et ses bandes sur le capot, Stéphane Henrard fait plus qu'un gros clin d'œil à "Choupette" ou "Herbie" pour les anglophones. C'est le retour de David contre Goliath.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
 

Des yeux grands ouverts. Des sourires jusqu'aux oreilles. Et un nom de code : DunBee pour Dune Beetle. Petite bête d'amour, la Coccinelle de Stéphane Henrard et Bruno Barbier est la grande attraction de ce Dakar. Sa cote ne se dément pas et ravit le pilote Belge. "Elle a un capital sympathie colossal avec le public, raconte-t-il. C'est merveilleux de voir les yeux des enfants et des adultes qui se lèvent aux bords de la route. C'est fantastique et très amusant." Pilote chevronné qui a souvent joué la gagne sur le Dakar, Henrard est à l'origine de ce concept néo-rétro qui rejoue le classique de la mythologie David contre Goliath. "L'esthétique fait une grande partie de la qualité d'une voiture pour les gens. Elle peut être extraordinaire technologiquement mais si elle est laide, elle ne plaira à personne. Il ne fallait pas qu'on se plante. Cette Coccinelle est indémodable. Et ça se vérifie tous les jours sur la route." En rodage depuis trois ans sur l'Africa Race, la Coccinelle a attendu le bon moment pour se poser sur le Dakar.

Comique, fantastique, sympathique

Echaudé par des projets avortés ou en manque de préparation, Henrard s'est donné du temps. "L'objectif ultime est de faire le Dakar car c'est là qu'elle (la DunBee) commence vraiment à exister, explique-t-il. Avec un vrai Dakar et une arrivée, elle attrape ses lettres de noblesse en quelque sorte. Là, on a pris le temps et on l'a fait dans les règles de l'art. Elle était mature pour prendre le départ et le faire." Reste que le Dakar et son niveau d'exigence n'étaient plus qu'un lointain souvenir pour le Belge. "Je me le suis rappelé assez violemment. La légende du Dakar n'a pas changé, avoue-t-il en référence à la terrible 2e étape entre Carlos Paz et San Juan." Avec ses petites pattes alimentées par un petit moteur diesel Volkswagen 2 litres, la Coccinelle se faufile sur tous les terrains. Un "insecte" bondissant sur les pistes autour de la 30e place du classement général. "Elle se comporte pas si mal et se sort de tous les pièges, reprend Henrard. Son petit côté magique nous aide à prendre les bonnes décisions au bon moment. On est à une place acceptable dans la bonne partie du peloton. Elle est limite quand ça va très vite mais elle est agréablement surprenante. Aussi comique que fantastique et sympathique."

Un copilote sans carte

Comme souvent sur le Dakar, l'humain est au centre de l'aventure. Avec Henrard et Barbier, duo atypique, c'est la course au plaisir. Un concept qui unit les deux hommes depuis plus de trente ans et qui se prolonge sur les pistes sud-américaines. "Il y a 2 ans et demi, avant l'Africa Race, Stéphane m'a dit "est-ce que tu le ferais pas avec moi ?" Sur un coup de tête je lui ai dit d'accord, raconte Bruno le copilote qui travaille dans la finance le reste de l'année. Je n'avais pas la moindre idée de ce que c'était. On s'est essayé tous les deux et ça a été une expérience extra-ordinaire, enrichissante sur le plan humain." Le stade d'après, c'était le Dakar dans le baquet de droite. Bruno Barbier encaisse les situations de stress avec le sourire malgré une cheville droite abîmée la veille du départ de Buenos Aires. Un seul objectif, rejoindre le bivouac tous les jours pour l'apéro. "20 ans que je n'ai pas eu une carte en main, rigole-t-il. J'ai un chauffeur pour des raisons pratiques donc ce n'est pas mon truc en principe. Mais je suis enthousiaste et c'est l'essentiel."

Un Dakar à l'ancienne

Habitué à rouler aux avant-postes, Henrard adhère totalement au projet d'un Dakar à l'ancienne. "Ce n'est pas une course qu'on fait le couteau entre les dents. J'ai un copilote qui prend ça comme du plaisir. Ça faisait partie de notre philosophie." Quand le démon de la course le repique, il essaie de ménager son copilote. "Jouer ça me mange toute la journée, confirme le pilote belge. Un Dakar dans le peloton de tête, c'est beaucoup facile que le Dakar à l'arrière car les pistes sont démontées. Du coup je mets un peu la pression sur Bruno qui n'a pas beaucoup d'expérience. Parfois il a du mal à suivre le rythme et me dit d'arrêter de lui mettre la pression. C'est parce que je sais que si on recule au classement on aura des conditions difficiles." A la fin, c'est l'amitié et le partage qui gagnent. "On est aussi là pour s'amuser et démontrer que le Dakar n'est pas qu'une course de pointe et une bagarre avec des voitures de très haut niveau, conclut Henrard. Il y a encore de la place pour une course de gentlemen. A nous de le prouver."

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