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Bourdais le maudit

Pour la troisième fois de sa carrière, Sébastien Bourdais aura le podium amer au Mans. Toujours cette maudite marche qui manque. La plus haute, la plus dure. L’inaccessible. Devant son public, le Manceau regardera du coin de l’œil le triomphe allemand, les larmes contenues.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Sébastien Bourdais (Peugeot) (VINCENT CURUTCHET / DPPI)

Etre passé si près. Echouer de si peu. Car la victoire était bien palpable pour la Peugeot 908 N.9. Le contrat des pilotes était rempli, surtout pour le duo français, Pedro Lamy ayant été rapidement éconduit par le directeur sportif Bruno Famin faute d’une performance égale à celle de ses coéquipiers. « L’équipe a décidé de ne continuer qu’avec Seb et Simon, donc j’ai moins conduit, a expliqué le Portugais, très marqué après la course. Je n’étais pas très heureux mais c’est une décision du team et je devais la respecter. »

Mais un Lamy en dedans n’est pas la seule explication. Selon Bourdais, elle était au niveau pneumatique en début de course. « On n’a pas pu se battre jusqu’à samedi 23h00. Nous n’arrivions pas à faire fonctionner l’auto et quand on est passé en soft, on a pu leur donner une sérieuse réplique et se rapprocher. Les safety car, c’était un coup à eux, un coup à nous. Si on avait pu avoir une course toute de nuit… » Pourtant, au gré des ravitaillements et des safety cars, l’espoir allait renaître.

Lancés dans un combat à l’ancienne, au temps où les 24 Heures se couraient à deux, Bourdais et Pagenaud ont appliqué ce zéro faute indispensable pour s’imposer. Sous le crachin, les secondes ont fondu tant et si bien qu’à trente minutes de l’arrivée, la N.9 était revenue à six secondes de la N.2. Mais voilà, cela ne suffisait pas cette année face à une R18 seule rescapée d’une l’armada d’Ingolstadt décimée et diablement performante. En tête parcimonieusement, juste à la faveur de ravitaillements décalés, la 908 n’a pas réussi à hausser le rythme et imposer sa gestion de la consommation. La déception est immense pour Peugeot et ses pilotes.

Trois fois deuxièmes, Sébastien Bourdais vivait cette année une nouvelle émotion, signe d'un certain recul pris par rapport à cet évènement qui lui est si cher. « 2007, c’était complètement inattendu car on n’avait jamais réussi à terminer un test d’endurance. 2009, c’était une énorme frustration car on avait tout ce qu’il fallait pour gagner. Cette année, on a été battu par plus fort que nous, a concédé Sébastien Bourdais, déçu mais réaliste. Ils ont réussi ce qu’on n’a pas su faire, développer en une seule année une voiture fermée fiable et meilleure en rythme. On n’a pas à rougir. La direction avait fixé les objectifs : emmener les voitures au bout. Nous avons moins de ressource et il fallait choisir un cheval de bataille. On a opté pour la fiabilité. Objectif rempli mais il nous manque treize secondes à l’arrivée. » Bourdais ne remet pas en cause les choix du patron mais ils ont peut-être coûté la victoire à son équipe. On ne saura jamais si ces Audi étaient vraiment indestructibles.

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