24h du Mans : Toyota n°8 signe un doublé historique et remporte le titre mondial en Endurance
De notre envoyé spécial Quentin Ramelet
Le dicton local nous est rappelé chaque année : « Le Mans choisit toujours son vainqueur ». Cette 87e édition de la plus grande course automobile au monde ne sera pas l'exception. La TS050 Hybride n°7, pilotée par Mike Conway, Kamui Kobasyahi et Jose-Maria Lopez, pensait franchir la ligne d'arrivée du célèbre circuit de la Sarthe avant tout le monde. Et même avant sa sœur, la n°8 de Fernando Alonso, Kazuki Nakajima et Sébastien Buemi, déjà vainqueurs ici il y a un an. Sauf que l'épreuve mancelle est imprévisible comme nulle autre...
VIDEO - Cruel pour la Toyota n°7 !
Une crevaison qui sourit à Alonso
Le double champion du monde de F1 et ses deux compagnons n'en demandaient pas tant. Alors que l'on venait de rentrer dans la dernière heure de course, Jose-Maria Lopez, au volant de la n°7, voyait son véhicule ralentir subitement. La stupeur était totale dans le clan nippon. Une crevaison, au pire des moments, venait éteindre tous les espoirs du trio déjà malheureux il y a un an malgré une reprise des commandes à 27 minutes du drapeau à damier pour finalement reculer à nouveau suite au ravitaillement obligatoire à 20 minutes... Cruel.
En revanche, Fernando Alonso, et ses compères de la n°8, font coup double. Un deuxième succès au Mans et un titre mondial d'Endurance FIA au terme d'une « Super Saison » dantesque et remplie de succès. Voilà qui devrait rassurer et soulager l'Espagnol, désireux de terminer avec la manière sa première aventure en endurance alors qu'il devrait prochainement annoncer sa participation au Dakar 2020.
VIDEO - Le doublé de la n°8 !
SMP Racing prive Thomas Laurent d'un 3e podium consécutif
Si Toyota a dominé de la tête et des épaules, derrière, deux teams étaient pourtant à l'affût pendant longtemps. L'équipe suisse, Rebellion Racing, amenée par Thomas Laurent (3e en 2018 et 2e en 2017) accompagné de Nathanaël Berthon et Gustavo Menezes, a connu un ascenceur émotionnel peu glorifique. D'abord heureux suite au crash fatal de la BR1 Engineering n°17, Rebellion a vu le karma s'abattre contre lui ! En l'espace de quelques minutes et alors que le soleil s'imposait tout juste dans le ciel sarthois, Gustavo Menezes, au volant de la n°3, gâchait tout.
D'abord en concédant trois minutes de pénalité durant une neutralisation de la course par Safety Car puis surtout en filant dans le décors au niveau des virages Porsche. Les conséquences allaient être terribles pour Rebellion, passé alors de la 3e à la 5e place au général, à plus de 18 tours, offrant ainsi un boulevard à la n°11 du SMP Racing pour un podium longtemps inespéré. C'est aussi une fin cruelle pour Thomas Laurent qui connaît ici son premier échec dans sa jeune et prometteuse carrière. Le Vendéen saura sans doute trouver les ressources dès l'année prochaine avec Toyota en tant que pilote de réserve et d'essai. Mais surtout au sein du team français Signatech Alpine qui l'a engagé pour rouler en WEC.
VIDEO - En quelques minutes, tout s'effondre
A l'usure, Alpine triomphe
Au presque-parfait. La perfection, dans cette situation, se serait apparentée à un miracle puisque seule la victoire au général aurait été légitime. Mais voilà, en officiant en LMP2, l'objectif est souvent ailleurs. Pour Signatech Alpine Matmut, il y en avait deux : s'imposer au Mans et s'assurer du titre mondial de la catégorie. Outre le fait que le team français a réussi à coupler ces deux exploits, c'est la manière qui a surtout impressionné amateurs et observateurs à l'oeil aiguisé.
Au volant de l'Alpine 470 n°36, Nicolas Lapierre, André Negrao et Pierre Thiriet ont offert un récital de pilotage. Sans jamais « surconduire », les trois hommes ont su se montrer constants de bout en bout tout en exécutant les dépassements qu'il fallait dans les bons moments et ne jamais paniquer quand, pendant de longues heures, la n°26 du G-Drive Racing leur mettait la pression. Bref, finalement, ce succès dans la Sarthe et ce titre mondial ne pouvaient pas aller à quelqu'un d'autre.
VIDEO - Chez Alpine, on sait patienter...
Enfin, les 24h du Mans, ce n'est pas seulement une course de professionnels de la conduite. Du moins, en quelques sortes. Car dans les faits, nombreux sont ceux qui peuvent participer à la plus mythique des courses avec beaucoup moins de bagages que les vrais as du volant. Les catégories Grand Tourisme pro et surtout Grand Tourisme amateur remplissent cette case. Et de quelle manière ! Comme à chaque édition, les GTE ont assuré le spectacle du début jusqu'à 15h00 ce dimanche 16 juin.
A trop voler, Corvette s'est brûlée les ailes
En pro évidemment, la mêlée n'a jamais cessé de lutter. Dépassements à gogo, prises de risque maximales et un plateau plus indécis que jamais : Ferrari, Porsche, Ford et enfin Corvette nous ont proposé une master-class plus captivante que jamais. Si le team AF Corse, avec sa Ferrari 488 n°51, a finalement touché le Graal, son exploit est surtout bonifié par la bataille acharnée qui a lieu en amont. Porsche GT Team, avec sa n°92, pensait aller droit au but... Puis Corvette Racing, qui va faire ses adieux au Mans, pensait aussi s'être extirpée de la meute enragée où pas moins de huit bolides ronflants se sont battus pendant près de vingt heures. Mais voilà, à force de trop chauffer le bitume sarthois, les Corvette n°64, contrainte à l'abandon après un crash, et n°63, sortie dans le décor à trois heures du terme, n'ont pas réussi à réinscrire leur célèbre marque au palmarès des 24h.
VIDEO - Corvette s'est crashée !
Enfin, en GTE am, Keating Motorsports, avec la première Ford GT (n°85) dans l'histoire de la catégorie, a signé une victoire aussi belle qu'inattendue. Durant ces 24 heures, le team américain, porté par le trio Keating-Bleekemolen-Fraga n'a jamais subi la pression de l'événement. Au contraire, il a parfaitement gérer ses relais, sa conduite et a su profiter des abandons des grands favoris dont l'Aston Martin n°98 ou la Porsche 911 n°77 de Dempsey-Proton Racing. Comme quoi, au Mans, ce n'est pas la marque qui force la victoire, mais le circuit qui fait un nom.
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