Au Brésil, le président Jair Bolsonaro insiste pour une reprise rapide du football
Jair Bolsonaro maintient sa ligne face à l’épidémie de coronavirus. Le président brésilien, qui avait récemment accueilli d’un cinglant "Et alors ?" le chiffre des 5 000 morts du Covid-19 au pays de l’Ordre et du Progrès, s’est vendredi prononcé en faveur d’une reprise rapide des compétitions de football, suspendues depuis le 15 mars dernier.
"Les footballeurs ont une petite chance d’en mourir"
Interrogé vendredi par Radio Guaiba, Bolsonaro n’a pas dévié de sa ligne, se montrant favorable à un retour sur les terrains, alors que le pic de l’épidémie devrait arriver dans les deux prochaines semaines au Brésil. "Beaucoup de personnes sont favorables à une reprise car le chômage frappe à la porte des clubs.", s’est justifié le président brésilien sur les ondes de la radio de Porto Alegre. "Les footballeurs, s’ils sont infectés, ont une petite chance d’en mourir. C’est dû à leur état physique, car ce sont des athlètes".
Dans un pays où le confinement est mis en place mais non-coercitif, beaucoup de citoyens sont obligés de briser la distanciation sociale afin de subvenir à leurs besoins. La reprise des entraînements et des compétitions entraînerait un risque d’afflux massif de personnes, au sein d’un pays où le football a depuis longtemps été érigé au rang de religion. Alors qu’il avait déclaré en mars dernier que la suspension des championnats avait participé à "l’hystérie", Bolsonaro pousse désormais dans le sens de certains clubs souhaitant une reprise rapide. "La plupart des joueurs ne gagnent pas bien et ont besoin de football pour subvenir aux besoins de leur famille. Ils en ont besoin. La décision de reprendre le football n’est pas la mienne mais j'ai déjà parlé au ministre de la Santé pour que le football revienne sans les fans.", a-t-il continué dans des propos rapportés par GloboEsporte.
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L’inquiétude grandit dans le monde du sport et ailleurs depuis plusieurs semaines face aux mesures entreprises par le dirigeant brésilien, d’autant que les estimations réelles font craindre un bilan total bien supérieur à celui annoncé par les autorités. Beaucoup de voix s’élèvent pour empêcher une reprise trop précoce du football, alors que le nombre de décès au Brésil a déjà dépassé celui de la Chine et augmente drastiquement. La confédération brésilienne de football (CBF) a elle estimé mardi que les compétitions doivent reprendre "dès que c’est possible, avec les assurances sanitaires et sécuritaires requises pour tous." Alors que son voisin argentin, mais aussi les Pays-Bas et la France ont décidé d’annuler leur saison, Bolsonaro, de plus en plus isolé politiquement, persiste.
Le football brésilien en émoi
La spécialiste des maladies infectieuses Tânia Vergara, présidente de la Société brésilienne des maladies infectieuses, a estimé sur GloboEsporte que la reprise du football était risquée à un moment où la pandémie n'est pas maîtrisée dans le pays : "Le joueur peut être asymptomatique, passer le test, être négatif et avoir le virus. Il existe des études qui prouvent que lorsqu'une personne court ou fait de l'exercice, les gouttelettes contaminent l’air. Il y aura un contact physique, soit en cas de choc, soit pour célébrer des buts", a-t-elle alerté.
Jair Bolsonaro, qui avait limogé mi-avril le populaire ministre de la Santé Luiz Henrique Mandetta, peu adepte des mesures “coronasceptiques” mises en place par son président, continue de se heurter à un désaveu des acteurs du monde du football. Le 27 mars dernier, l'ex-joueur du Barça et du PSG Daniel Alves, déjà circonspect lors de son élection en octobre 2018, l’avait interpellé sur Instagram : "Monsieur le Président, je respecte beaucoup votre présidence, mais de nombreuses familles et de nombreuses personnes travaillent pour lutter contre cette pandémie et vous, en tant que personne la plus importante de ce pays, devez également faire le bien pour lui". L’ancien international Rai, aujourd’hui directeur du club de Sao Paulo, a lui martelé que son club est contre une possible reprise pendant la pandémie, appelant même à un départ de Bolsonaro pour son management "irresponsable" de la crise. "Nous voulons une reprise en temps voulu, progressivement, en accord avec les recommandations sanitaires", a réclamé le vainqueur de la Coupe du monde avec la Seleçao en 1994.
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