Mondiaux d'athlétisme : les médaillés d'or des meilleures excuses sont...
Une contre-performance sur la piste de Moscou est toujours possible. Une justification alambiquée pour l'expliquer aussi. Voici notre palmarès.
"Le terrain était trop lourd !" "Et les sangliers ont mangé des cochonneries !" Comme le bruyant public gaulois d'Astérix aux Jeux olympiques, qui n'a pas expliqué, avec des arguments massues, la contre-performance de son champion, devant sa télé ou dans les gradins du stade ? Reste qu'après un mauvais résultat, les sportifs déploient eux-mêmes un arsenal d'excuses fantaisistes pour justifier leur échec, comme lors de ces championnats du monde d'athlétisme, qui se déroulent jusqu'au 18 août à Moscou. C'est à vous de voir si vous les jugez plausibles ou si vous préférez crier à la mauvaise foi.
Hagos Gebrhiwet : "Je me suis trompé de bus"
L'équipe éthiopienne du 5 000 mètres masculin a failli ne pas disputer sa série. "Nous nous sommes trompés ce matin-là, et nous avons pris le mauvais bus en sortant de l'hôtel, explique le fondeur Hagos Gebrhiwet. Nous sommes retournés en catastrophe à l'hôtel pour dénicher un minibus pour nous amener au stade rapidement." Le trio, qui constitue la principale menace pour le favori britannique Mo Farah, s'est quand même qualifié.
Renaud Lavillenie : "La piste était trop courte"
Renaud Lavillenie a semblé emprunté tout au long du concours de saut à la perche, où il a arraché une médaille d'argent en guise de lot de consolation. Après coup, il ne digère pas : "Je ne veux pas chercher d'excuse, mais je me sens désabusé et désemparé. On avait 42 mètres pour s'élancer, contre 53 je crois par exemple à Londres." Ajoutez à cela des fils et des traits sur la piste qui l'empêchaient de repérer correctement ses marques. "On aurait pu aussi nous mettre une barrière de steeple !" enrage-t-il. Le perchiste français est pourtant le seul à s'être plaint des conditions du concours, qui s'est joué à des hauteurs plus basses qu'à l'accoutumée.
Victor Hogan : "J'ai été gêné par une course de haies"
Trop de monde sur la piste. C'est l'argument du lanceur de disques sud-africain Victor "Hulk" Hogan pour expliquer sa contre-performance. "Sur mon premier essai, j'ai perdu une minute à attendre le coup de feu du départ de la course de haies. A ce moment-là, on m'a fait sortir de la cage car j'avais pris trop de temps pour lancer." Ah, les joies des compétitions d'athlétisme où toutes les épreuves se déroulent en même temps... On se souvient ainsi qu'au meeting de Stuttgart (Allemagne), en 2001, la fondeuse roumaine Gabriela Szabo avait été percutée de plein fouet par un triple sauteur.
Pire, le triple sauteur tricolore Salim Sdiri s'était trouvé sur le chemin d'un javelot lancé à Rome en 2007. Et là, on ne peut pas vraiment l'accuser d'être de mauvaise foi, puisqu'il a dû être hospitalisé de longues semaines après cet accident.
Kevin Mayer : "J'ai été critiqué sur Facebook"
Le décathlonien français Kevin Mayer a échoué au pied du podium dans sa spécialité. Après une première journée en demi-teinte, il est allé consulter sa page Facebook, bourrée de commentaires critiques. Ce qui l'a remonté comme jamais pour la deuxième journée. "J'ai prouvé qu’il était possible de viser une médaille après une première journée de merde." Hélas, une crampe à la fesse tenace, qui elle n'a pas disparu malgré les critiques sur Facebook, a eu raison de ses espoirs de médaille.
Eloyse Lesueur et Jimmy Vicaut : "La faute aux qualifs"
Un grand classique, utilisé cette année par deux Français. La sauteuse en longueur Eloyse Lesueur, éliminée d'entrée alors qu'elle pouvait prétendre au podium, s'est exclamée : "Ah, les qualifications ! Je n'arrête pas de le dire : c'est plus dur qu'une finale !" Pourtant, en qualifs comme en finale, le but est de sauter le plus loin possible. Jimmy Vicaut, le sprinter tricolore, éliminé pour un centième de seconde, avec 10"01, en demi-finales du 100 mètres, n'est pas plus satisfait : "Il y a des injustices dans ce format [de qualification]."
Myriam Soumaré : "Le 100 m, c'est bien trop compliqué"
C'est ce qu'explique la sprinteuse française Myriam Soumaré, à l'issue de son élimination en demi-finale du 100 mètres : "Je vais essayer de me servir de mes erreurs pour le 200 mètres. Mes erreurs ? J'ai pris un super départ, le départ de ma vie, mais je pense que ça 'bugue' en fin de transition, dès qu'il faut commencer à courir. Au moins sur 200 mètres, il n'y a pas toute cette technique. Ça ira mieux." Au départ du 100 mètres, les coureurs se redressent progressivement tout en prenant de la vitesse. Se redresser trop tôt freine le coureur, donc la technique de course est millimétrée.
Kevin Borlée : "Je ne suis pas un robot"
On surnommait Michael Johnson, le recordman du monde du 400 m, "la loco de Waco", du nom de la ville du Texas où il s'entraînait. Il faudra trouver un surnom moins mécanique pour le Belge Kevin Borlée, qui a échoué en demi-finale du 400 mètres : "J’avais le potentiel pour la finale, mais il ne s’est pas exprimé. Je ne suis pas un robot."
Aries Merritt et Brianna Rollins : "Heurter les haies, ça n'aide pas"
La palme de la philosophie est décernée au champion olympique du 110 mètres haies, l'Américain Aries Merritt, qui a échoué à la sixième place de la finale, lundi 12 août. "Forcément, dans une course d'obstacles, si vous heurtez les haies, vous ne gagnerez pas, fait-il remarquer, cité par le site USA Track and field (en anglais). Je suis déjà content de ne pas m'être blessé pendant la course."
Et la palme de la rage va à l'Américaine Brianna Rollins, sérieuse challenger pour le 100 mètres haies, qui s'est blessée en heurtant une haie à l'entraînement. Elle a immédiatement tweeté sa colère vis-à-vis des organisateurs, coupables d'avoir laissé de vieilles haies en métal sur le terrain d'entraînement. "Ils devraient investir dans des haies en plastique, on n'est plus dans les années 1970 !"
Il y a aussi des excuses plus que valables. La lanceuse de disque Natalia Semenova s'est fait casser le nez par une concurrente polonaise qui répétait un lancer. Semenova, une des favorites de la compétition, n'a pas pu défendre ses chances et a été éliminée dès les qualifications. "Mon entraîneur m'a dit de renoncer, mais je devais lancer pour montrer à mes parents et à mon mari à Donetsk [en Ukraine] que j'étais en vie, que je me sentais bien."
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