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Mondiaux 2017 : Mo Farah, l’an V

A l’image de Bradley Wiggins en cyclisme, c’est en 2012 que Mo Farah a commencé à construire sa légende. Depuis les Jeux et son incroyable doublé 5000-10 000, le Britannique domine la planète du demi-fond. Pourtant, les débuts ont été bien difficiles. Récit de la montée en puissance d'un des plus grands fondeurs de l'histoire.
Article rédigé par Mathilde L'Azou
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
 

Tout, ou presque, part de cette photo-finish, à l’issue du 5000m des Jeux de Londres. On y voit Mo Farah remporter son deuxième titre olympique, à domicile, lui le Somalien d’origine qui a trouvé refuge en Angleterre à l’âge de huit ans. Mais cette photo-finish n’est pas lisse, des vaguelettes viennent en troubler la lecture. Et pour cause : les cris de la foule ont été tellement denses, qu’ils ont provoqué un dérèglement de la machine. Du jamais-vu.

 

 

Mais revenons en arrière, à cette époque où Mo Farah était considéré comme « monsieur 5e place ». Cette époque où on le voyait toujours placé, mais jamais vainqueur, où l’on pensait qu’il ne serait jamais capable de franchir le cap. Trop dispersé, pas assez concentré sur sa vie d’athlète, pas assez de sacrifices… Il faut dire qu’avec son titre de champion d’Europe juniors du 5000, en 2001, les spécialistes du demi-fond voyaient en lui un candidat potentiel à la succession des deux légendes Haile Gebresselassie et Kenenisa Bekele.

Alberto Salazar, l'homme qui a changé Mo Farah

Mais le Britannique peine à confirmer. Aux Jeux de Pékin, il ne parvient même pas à se qualifier pour les séries du 5000m. C’est en 2010 que le changement commence à s’opérer, quand il remporte aux championnats d’Europe de Barcelone, le 5000 et le 10 000. Pour continuer sur cette lancée, et progresser, il se sépare de son entraîneur de toujours, Alan Storey. Direction l’Oregon, et l’équipe d’Alberto Salazar, l’ancien marathonien reconverti en coach.

A ses côtés, Mo Farah devient un autre homme. Il découvre la diététique, l’entraînement scientifique. Il ne se concentre plus que sur lui et son entraînement, courant parfois jusque 190 kilomètres par semaine. Au terme d’un long travail, essentiellement sur un tapis avec des capteurs, il parvient à changer sa foulée. Ces efforts paient dès les Mondiaux de Daegu, où l’ancien spécialiste du cross-country remporte l’or sur 5000, et prend l’argent sur 10 000.

Mais c’est en 2012 que débute sa légende… ou son règne, c’est selon. En devenant chez lui, champion olympique du 5000 et du 10 000 (devenant ainsi le premier non-africain à gagner depuis l’Italien Alberto Cova en 1984), il inscrit son nom directement dans l’histoire de l’athlétisme. La « Farah Mania » commence. En geste de célébration, le fondeur place ces mains au-dessus de sa tête, pour former un « M ». Ce geste sera surnommé le « Mobot » par la presse anglaise, et même Usain Bolt le reprendra sur la piste, quelques jours plus tard.

Depuis cette quinzaine d’août en 2012, Mo Farah a tout raflé. A 34 ans, il compte désormais à son palmarès quatre titres olympiques, cinq de champion du monde, et cinq de champion d’Europe. Il détient également les records d'Europe du 1 500 m, du 10 000 m, et du semi-marathon, ainsi que le record du monde en salle du 2 miles. Sa foulée aérienne donne une impression de facilité déconcertante, seulement trahie par le rictus qui parcourt son visage pendant l’effort. Ses derniers tours de piste sont phénoménaux. S’il n’est pas distancé avant la cloche, Mo Farah est (quasi) imbattable.

A Londres, pour ses derniers Mondiaux (le Britannique arrêtera sa carrière à l’issue du meeting de Zurich), il visera un troisième doublé consécutif, après ceux de Moscou et Pékin. Histoire de finir en beauté cinq années de règne, là où tout a commencé.

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