Kemboi toujours roi, Mekhissi en bronze
C'est une course individuelle, qui a ressemblé à une opposition par équipes. Quatre Kenyans, trois Français, un titre en jeu, et une course tactique qui s'est conclue, comme toujours, par un sprint déclenché par Ezekiel Kemboi à 200m de la ligne d'arrivée. Le champion du monde en titre n'a laissé aucune chance à ses rivaux, avec un démarrage fulgurant qui a laissé tout le monde loin derrière. Mais derrière, justement, c'était la grande bagarre. Bob Tahri et Mahiedine Mekhissi, toujours bien placés dans cette épreuve, lâchaient eux-aussi les chevaux pour livrer un sprint notamment à Birmin Kipruto, le champion olympique en titre. Dans la ligne droite, Tahri ne parvenait pas à tenir le rythme, alors que Mekhissi revenait à grandes enjambées pour s'emparer de la troisième place aux dépens de son compatriote, puis de revenir comme une fusée sur Kipruto. Mais dans les derniers mètres, le Kenyan sentait la menace et changeait sa ligne de course pour se déporter vers la droite, là où arrivait le Français, gêné et donc obligé de couper légèrement son effort pour finir à la troisième place, en lançant un regard noir à Kipruto. Si ce classement a été entériné, la délégation française a fait appel pour ce qui pourrait être considéré comme une "obstruction", un peu comme celle ayant valu à Dayron Robles de perdre son titre mondial sur 110m haies. Mais les juges n'ont pas suivi cet avis, rejetant l'appel de la France ce qui confirme le classement final de cette course.
Trois ans après sa médaille d'argent aux Jeux Olympiques de Pékin, Mahiedine Mekhissi confirme son énorme potentiel bien servi par son mètre quatre-vingt-dix et ses grands compas. Deux ans après sa médaille de bronze aux Mondiaux de Berlin, Bob Tahri se maintient dans le gotha mondial de la discipline, les deux hommes affirmant un peu plus leur statut de principal rival du Kenya dans cette discipline trustée depuis longtemps par les hommes des hauts plateaux.
Dans le concours de la hauteur masculine, Dick Fosbury a peut-être trouvé un successeur. Le créateur du saut moderne et champion olympique aux Jeux de Mexico en 1968 a peut-être assisté au sacre de son compatriote Jesse Williams, sur le sautoir de Daegu. Pour la première fois depuis Charles Austin en 1991, un Américain se trouve sur la plus haute marche du podium des Championnats du monde. C'est d'ailleurs la première fois depuis cette année là qu'un sauteur des Etats-Unis se hisse sur un podium dans cette discipline. Un bon présage pour Williams, puisqu'Austin avait connu un sacre olympique ensuite. Meilleur performeur mondial de l'année avec 2.37m, Jesse Williams a réalisé un concours parfait, passant au premier essai pour chaque barre tentée, avant de se trouver confronté sans bonheur à celle fixée à 2.37m. Trois échecs consécutifs, mais comme le Russe Aleksey Dmitrik, seul à avoir passé les 2.35m mais pas au premier essai, n'a pas réussi à faire mieux, le Californien, natif de Modesto (entre San Francisco et Sacramento), décroche l'or. Deuxième de la Ligue de Diamant 2010, il continue ainsi sa progression, lui qui avait échoué au pied du podium lors des Championnats du monde juniors en 2002. L'école russe, qui a placé deux autres représentants dans les huit premiers, avec Ivan Ukhov (5e avec 2,32 m) et Aleksandr Shustov (8e avec 2,29 m) en plus d'Aleksey Dmitryk sur la deuxième marche du podium devant le Bahaméen Trevor Barry (2.32m), peut regretter l'absence du champion olympique Andrey Silnov. Décevant aux Championnats de Russie, qualificatifs pour Daegu, Silnov avait devancé Williams, avec 2,36 m, le 6 août à Londres.
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