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Après une saison écourtée, les guides de montagne misent sur la saison estivale pour s'en sortir

Depuis le 13 mai, la reprise des activités professionnelles des guides de montagne est autorisée en France. Un soulagement pour le secteur qui a été durement touché par la crise sanitaire du Covid-19, et qui aura laissé des traces dans la profession.
Article rédigé par Apolline Merle
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
  (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

Depuis 10 jours, les guides de montagne ont pu reprendre leur activité professionnelle, de manière “partielle et raisonnée” afin de limiter la propagation du Covid-19. Un soulagement pour ces amoureux de la montagne, qui avaient hâte de retrouver les sentiers de randonnée et les hauteurs des sommets après deux mois de confinement. Pour autoriser la reprise de leur activité, les guides sont donc soumis aux mêmes règles de distanciation physiques imposées partout en France. Si de manière générale, l’application des mesures sanitaire est facilement réalisable pour la plupart des activités de randonnée, et en facilitera la reprise, reste que le secteur a été durement touché par la crise sanitaire.

D’abord, par un hiver en manque de neige dans de nombreuses stations de ski, puis par un printemps, saison phare du ski de randonnée, écourté en raison du coronavirus. “Pour certains guides, le ski de randonnée représente 30% de leur activité”, explique Olivier Greber, président de la Compagnie des guides de Chamonix. Un chiffre d’affaires difficilement récupérable. Ensuite, l’incertitude quant à la venue de clients cet été. “Ce qui va être compliqué pour les guides, ce n'est pas tant les gestes barrières, mais c'est d'avoir des clients. Nous ne savons pas à partir de quand la clientèle étrangère pourra revenir en France et pour ce qui est des Français, ce ne sera peut-être pas une priorité pour eux financièrement de prendre un guide pendant leurs vacances”, indique Jean-Baptiste Bois, guide et secouriste en montagne (CRS). Un constat que partage Olivier Greber : “L’activité reste très réduite en mai à cause de la limitation des déplacements dans un rayon de 100 km. Notre clientèle vient généralement de plus loin. Que les touristes étrangers ne puissent pas venir en France est, pour nous, un vrai souci.”

Une profession soumise à la précarité

Et l’inquiétude quant à leur avenir économique est bien présente dans la profession, où la majorité des guides sont des travailleurs indépendants. “Ce que nous vivons montre bien la précarité de notre activité. Les guides se sont retrouvés dans l’impossibilité de travailler, et une grande partie d’entre eux n'a pas d’autres sources de revenus. Rappelons qu'à la différence des moniteurs, par exemple, les guides ne sont payés qu’à la prestation sur le terrain”, détaille Sébastien Escande, guide de haute montagne dans la région de Grenoble et chargé de formation pour l’Anena (Association nationale pour l’étude de la neige et des avalanches). Pendant le confinement, les guides indépendants ont pu toucher une aide de l’Etat de 1500 euros et “ceux qui avaient le plus besoin, pouvaient bénéficier également d’une aide supplémentaire de notre caisse de prévoyance”, ajoute Sébastien Escande. 

Les refuges, la clé de la reprise 

Alors, pour que le secteur reparte véritablement, les guides sont unanimes : ils attendent de pied ferme la réouverture des refuges, jusqu’à présents fermés, ce qui contraint les guides à se rabattre sur des courses de journée. “A leur réouverture, attendue pour juin, leur capacité sera sûrement réduite dans les dortoirs afin de respecter les règles de distanciation”, estime Sébastien Escande. Pour préparer l’été à cette nouvelle donne, le Syndicat national des guides de montagne (SNGM) a suggéré aux guides de s’orienter sur des prestations plus axées sur le côté “nature” avec la possibilité d'aller bivouaquer en altitude, une option peu habituelle pour le milieu qui utilise d’ordinaire les refuges. “Je m’organise donc dans cette optique pour cet été”, poursuit Sébastien Escande.

A l’approche du début des vacances estivales, les guides attendent surtout les clients. Certaines mesures devraient d’ailleurs rassurer les touristes qui viendront à Chamonix. “Le téléphérique de l'aiguille du Midi (Massif du Mont-Blanc) a rouvert et la capacité des cabines a été divisée par deux, les masques sont obligatoires pour pouvoir y accéder et chaque personne est soumise à un contrôle de température avant de monter dans la cabine”, indique le guide et secouriste Jean-Baptiste Bois. Un protocole utile aussi pour les compagnies de guide. “Nous en bénéficions aussi car une personne qui aurait de la fièvre, ne pourrait pas prendre le téléférique, et donc ne pourra participer à la randonnée”, ajoute Olivier Greber.

Au-delà de la sécurité, c’est aussi l’adaptation aussi nécessaire qu'essentielle que prône le président du Syndicat national des guides de montagne, Christian Jacquier : "Notre métier est de nous adapter en permanence. Nous saurons le faire durant cette période afin de pouvoir de nouveau profiter de la montagne et partager nos sommets !"

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