Roland-Garros 2022 : "l'ambiance complètement folle" dans les tribunes a marqué la première semaine du tournoi
L'ambiance mise par le public français dans les tribunes de Roland-Garros a marqué la première semaine de compétition.
Trois ans que les joueurs français attendaient ça et ils n'ont pas été déçus. Après deux éditions où le public était absent ou en nombre limité, l'ambiance de Roland-Garros est revenue à la normale avec des tribunes et des allées pleines. Un retour des spectateurs marqué par une atmosphère chaude qui a poussé des Bleus pourtant décevants dans l'ensemble. Un supplément d'âme qui, néanmoins, a permis à certains Tricolores de se surpasser et d'offrir à ce public d'intenses moments.
Pourtant, la situation du tennis hexagonal ne fait pas rêver. Après le retrait de Gaël Monfils, quart de finaliste du dernier Open d'Australie, il n'y avait aucun représentant du clan français, que ce soit chez les hommes ou chez les femmes, parmi les têtes de série, une première depuis 1980 à Roland-Garros. Mais le public a été le numéro un français lors de cette 121e édition, avec un soutien quasi-indéfectible envers les siens.
Chants dignes d'un stade de football, explosion de joie sur chaque point ou encouragements soutenus, les supporters français ont brillé par leur ingéniosité. "Les supporters de tennis sont très inventifs et savent mettre l’ambiance. Il faut rendre le tennis le plus populaire possible et qu’on quitte cette image de sport de privilégiés, de bourgeois, qui n’est plus vraie aujourd'hui", analyse Michaël Jeremiasz, consultant pour France Télévisions.
Des adversaires décontenancés
Le premier tour de Gilles Simon face à Pablo Carreno Busta en est le meilleur exemple. Dans une ambiance de folie, bien après minuit, le Français s'est imposé en cinq sets (6-4, 6-4, 4-6, 1-6, 6-4) face à la tête de série numéro 16, au bout de l'effort, alors qu'il n'avait remporté qu'une seule rencontre sur le circuit ATP cette année. "Il ne reste que des génies à la fin. A 1h30 du matin, il ne reste que les vrais", a-t-il réagi après la rencontre.
"Pour le moindre point que je gagne, ils sont là, ils gueulent, ils se lèvent, ils chantent ; ils n'arrêtent pas. Ils n'ont jamais arrêté, du premier au dernier point"
Gilles Simonconférence de presse
Une ambiance qui avait dégoûté son adversaire espagnol, coupable d'une vilaine double faute en toute fin de match alors qu'il était chahuté par le public. "La double qui tombe à la fin, à 30A, elle ne tombe pas par hasard. Ils ont été ultra importants et je les remercie énormément", a avoué le tricolore. Une ambiance qui a également soulevé des critiques sur les tribunes de Roland-Garros. "Ca se passe comme ça ailleurs aussi, on a l’habitude dans le foot ou dans d’autres sports parce que le tennis c’est généralement plus calme, mais en Australie aussi, par exemple, il y a une énorme pression", atténue Michaël Jeremiasz.
Visiblement pas tant que ça. L'Australien Alex de Minaur, justement, s'est plaint du soutien tricolore pour Hugo Gaston sur le court Suzanne-Lenglen lors du premier tour. "Je suis sûr que pour lui, c'était une ambiance formidable et il a apprécié chaque seconde. Mais disons que quand la foule me dit des choses, droit dans les yeux, après une double faute… il y a une ligne qu'il ne faut pas franchir", a-t-il fait remarquer à l'issue de sa défaite.
"On a toujours envie qu’on ne dépasse pas la petite ligne, qu’on n’applaudisse pas les fautes ou qu’on ne crie pas « double faute » entre les deux services, c’est sûr que ce n'est pas ultra fair-play."
Michaël Jeremiaszfranceinfo: sport
Dans les allées de Roland-Garros, les passants sont unanimes. "C'est plus chauvin qu'il y a quelques années", glisse-t-on entre le court Philippe-Chatrier et le Lenglen. "Il y a plus d'ambiance pour les Français, c'est plus sympa", commente Stéphane, habitué de la porte d'Auteuil, qui estime que la présence de plus en plus nombreuse d'un public jeune favorise cette ambiance chaude.
Effet de mode ou dynamique au long terme ?
Des jeunes justement qui n'hésitent pas à donner de la voix comme Amadéo, 19 ans. "Il y a plus de gens qui crient", analyse-t-il avant de se lancer dans une sociologie des tribunes. "Il n'y a pas que des gens en costard-cravate, ça me paraît plus accessible".
Un public rajeuni, mais aussi assoiffé d'émotions après deux années passées à l'écart des travées. "L'ambiance à Roland-Garros, cette année, est complètement folle. Les deux années de pandémie ont fait que les gens ont envie de célébrer et il n’y a rien de mieux qu’un stade. La fréquentation joue également un grand rôle, j’ai l’impression qu’il y a beaucoup plus de monde et beaucoup plus d’envies de regarder et de partager des émotions de sport", éclaire Michaël Jeremiasz.
Un vrai plus à domicile qui n'a pas permis aux Bleus de se hisser en deuxième semaine. La prochaine édition nous dira si ce regain d'ambiance, digne des plus grandes années de Coupe Davis, perdurera ou s'il était juste un effet de retour après deux années à l'écart des tribunes.
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