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Coronavirus : sportifs de haut niveau et parents, comment s'organiser ?

Depuis jeudi dernier, les crèches, écoles, collèges, lycées et universités sont fermés suite à l'annonce du président de la République. De nombreux sportifs de haut niveau doivent s'adapter pour la garde de leurs enfants. C'est le cas de Charline Picon, championne olympique de planche à voile, et Camille Lecointre, membre de l'équipe de France de voile, qualifiées pour les Jeux olympiques de Tokyo.
Article rédigé par Théo Dorangeon
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

"Je lui ai expliquée que la crèche était fermée et qu'elle ne pourrait pas voir sa copine parce qu'il y a un virus." Pas facile pour Charline Picon d'expliquer à sa fille Lou, trois ans en juillet, la situation autour du coronavirus. "Elle ne calcule pas trop, mais avec mon conjoint, on essaye de lui expliquer avec des mots simples." La championne olympique en titre de planche à voile RS:X doit s'adapter aux mesures annoncées jeudi dernier par le président de la République, Emmanuel Macron, et complétées samedi par celles plus restrictives du Premier ministre Edouard Philippe. "Quand on annonce l'école, la crèche... tout qui ferme, comment on fait ?"

Heureusement pour la Rochelaise, "Lou ne va à la crèche que le mercredi". Les autres jours de la semaine, sa fille est gardée par une assistante maternelle, "qui n'est pas impactée par cette mesure, car elle n'est pas rattachée à une crèche", explique Charline Picon."Donc le mercredi j'ai un souci. Ma maman a repris le travail et il faut que je voie avec mon père. Mon conjoint est kiné, il ne va pas tout annuler. C'est qu'une journée donc ça passe. Il faut quand même que je trouve une solution."

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Revenue début mars des Championnats du monde en Australie, où elle a décroché l'argent, la véliplanchiste de 35 ans se trouve dans une "période plus cool depuis le retour. J'avais le décalage horaire, j'étais un peu malade en rentrant. Tout le monde me demandait si j'avais le virus (rires). Et je devais partir la semaine prochaine en stage au centre national de ski de fond à Prémanon pour quinze jours, mais c'est annulé. Le centre est fermé", confie-t-elle. 

"Lou est contente. Elle avait bien compris que je devais repartir, et que je ne pars plus"

Malgré le contexte délicat, elle perçoit un pointe de positif : "Ça faisait à peine dix jours que j'étais revenue d'Australie. Je n'avais pas vu Lou pendant plus de deux semaines. C'était un peu tôt pour repartir quinze jours. J'avais un peu les boules. Donc Lou est contente. Elle avait bien compris que je devais repartir, et que je ne pars plus. Mais voilà, il faut trouver l'équilibre."

Charline Picon se dit "faire partie des plus chanceuses. J'imagine que d'autres sportifs ont leurs enfants à la crèche toute la semaine, donc c'est compliqué." C'est la situation dans laquelle se trouve Camille Lecointre, membre de l'équipe de France de voile 4 70. Son fils Gabriel, deux ans, va à la crèche tous les jours. "Ça va être le casse-tête et ça va charger les journées", témoigne l'athlète de 35 ans. 

Une pression de plus dans le contexte flou des Jeux de Tokyo

Pour elle, les difficultés se sont présentées à l'étranger. "J'étais en déplacement avec mon fils à Palma de Majorque pour les Championnats du monde", indique Camille, qui a pour habitude d'emmener son fils avec elle en stage et en compétition. "J'avais organisé des moyens de garde. Mais ça a été chamboulé. Mes beaux-parents qui devaient venir n'ont pas pu sortir de leur pays. Ils sont Israéliens et les vols depuis Israël étaient interdits. J'ai dû trouver quelqu'un au pied levé sur place."

"Quand le championnat du monde a été annulé deux jours avant la compétition, on est rentré, explique Camille Lecointre. Gabriel était un peu plus nerveux. Je lui avais expliqué qu'on allait rester un mois, que sa mamie allait venir... et du jour au lendemain, on a pris un avion pour rentrer à la maison. Il était surpris. Et il comprend pas pourquoi il ne va pas à la crèche."

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La Brestoise le confesse, elle n'a pas encore "organisé grand chose" pour prévoir la garde de son fils. "Je suis chez moi et il va falloir que je trouve une solution pour continuer à m'entrainer. La première va venir des familles. J'ai une soeur qui habite à Brest et qui est dans la même situation que moi, pour faire garder sa fille. On va s'organiser entre soeurs pour garder les petits à tour de rôle. Mon mari (Gideon Kliger, entraineur de voile) va aussi rentrer de déplacement. Quand lui ne sera pas là, je vais devoir me rendre disponible pour garder le petit. Pour le moment, je n'ai pas d'autre solution."

"C'est une situation inédite et il faut remettre en cause nos plans, c'est pareil pour toute la population"

Car pour Charline Picon et Camille Lecointre, il y a également une préparation olympique à tenir. Toutes les deux sont qualifiées pour les Jeux de Tokyo. Pour l'heure, la compétition n'est pas reportée ou annulée. Mais l'incertitude qui plane autour, avec les paramètres des enfants, plonge dans le flou les athlètes. "C'est assez dur à gérer car on est dans le doute. C'est une situation inédite et il faut remettre en cause nos plans, c'est pareil pour toute la population", décrit Camille Lecointre. Charline Picon enchérit : "Si c'est repoussé d'un mois, en voile ça change des choses. D'un an, je ne vous parle même pas d'une nouvelle année de prépa olympique. Et si c'est annulé..."

Les deux mamans espèrent tout de même pouvoir continuer sereinement leur préparation. "La semaine prochaine, mon prépa physique vient pour le stage délocalisé. C'est le papa qui va déposer Lou chez la nounou à 7h30, prévoit Charline Picon. Il faut que je puisse être dans un climat stage. Je vais essayer d'aller la chercher plus tard pour être dans ce cadre."

Pour Camille Lecointre, l'organisation et la communication avec son équipe seront primordiaux : "À Brest, les conditions commencent à être pas trop mal. On va trouver des solutions. Je suis assez flexible dans mon planning d'entrainement. Il suffit juste que je me mette d'accord avec mon coach et ma coéquipière, Aloïse (Retornaz)".

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