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Tillie: "J'aurais aimé avoir les titres et surtout l'avenir" de la Team Yavbou

Moins de deux mois après l'échec en finale (contre les champions olympiques russes) du Tournoi de qualification olympique de Berlin, Laurent Tillie, sélectionneur de l'équipe de France, nous a accordé une longue interview. A plus de trois mois du TQO mondial à Tokyo (28 mai-5 juin), qui délivrera 4 tickets pour Rio de Janeiro (dont 1 à une équipe asiatique), dans cette troisième partie, il parle de son rôle sur le bord du terrain, mais aussi de son avenir et celui de cette génération Yavbou.
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3 min
Laurent Tillie entouré de Kevin Le Roux, Benjamin Toniutti et Kevin Tillie (JOE KLAMAR / AFP)

Quel est le meilleur moment pour vous dans un match ?
Laurent Tillie:
"C’est le dernier point gagné. Il y a une décompression. Normalement, c’est le dernier point du dernier match d’une compétition. Sinon, on est toujours en alerte, sur mes gammes, en éveil. Un coach doit être paranoïaque et schizophrène. Je commence à redevenir normal quand tout est fini."

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Quel est le pire moment ?
L.T.:
"C’est très clair, c’est quand on mène un match et que les joueurs commencent à faire n’importe quoi en pensant qu’ils ont déjà gagné. Ils se déconcentrent, alors que le match n’est pas fini, et on voit l’adversaire qui revient, et on perd un set… J’ai horreur du gaspillage. Et ça arrive (rires). On s’aperçoit que lors de certains matches, où tout va bien, on peut demander n’importe quoi, il y aura de la réussite. Et ceux où rien ne va, c’est très compliqué de ramener l’équipe et le bateau dans le droit chemin. Au bout du compte, c’est les joueurs qui sont maîtres de leur match. L’idée, c’est de les rendre totalement autonomes.

"J'aurais aimé avoir leurs titres et surtout leur avenir"

Si on a gagné l’Euro, c’est que lors de la demie contre la Bulgarie, où on est mené 2-0 et totalement assourdi par le bruit, ils avaient une certaine autonomie, et j’ai juste donné une ou deux consignes, pour rassurer. On n’a plus beaucoup de prise, mais il faut l’accepter. On n’est pas des magiciens, ni des joueurs de jeu vidéo. 90%, ce sont les joueurs qui font le match. J’ai appris à le comprendre. Ca fait partie du métier mais il n’y a pas de frustration. Quand on est en compétition, c’est comme lorsqu’on est dans un bateau de rafting, au milieu de la rivière, il y a de l’écume blanche de partout, et on essaye juste de ne pas chavirer."

Auriez-vous aimé faire partie de cette équipe en tant que joueur ?
L.T.:
"J’ai eu la chance d’évoluer dans une équipe à peu près similaire, avec les mêmes valeurs, les mêmes qualités, les mêmes plaisirs, les mêmes voyages, la même découverte. On avait aussi une certaine folie. Pas autant qu’eux, mais c’est pour cela que je les comprends. J’étais très bien avec ma génération. Je m’amuse et je prends plaisir à voir comment ils sont. Mais j’aurais aimé avoir leurs titres, et surtout leur avenir."

Cette génération peut-elle encore mener l'équipe de France longtemps ?
L.T.:
"Je pense qu’au minimum, ils peuvent durer 5 ans. En plus, des jeunes arrivent. Pour l’instant, je ne les exploite pas: on les garde au chaud, on les surveille. Cette génération Yavbou entraîne derrière elle pas mal de jeunes joueurs de talent."

L'avenir passe par un projet, un objectif

Si l'équipe de France venait à ne pas se qualifier pour les Jeux Olympiques, malgré tout ce parcours et notamment ces deux premiers titres de l'Histoire (Ligue mondiale et Euro 2015), serait-ce un échec ?
L.T.:
"On ne sera pas allé au bout de notre rêve. Mais on aura fait un beau parcours. Souvent, le voyage est aussi beau que la destination. Il y aura beaucoup de frustration. Mais on aura vécu tellement de choses extraordinaires."

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Vous avez repris l'équipe de France en 2012, voici quatre ans. Quel est votre avenir par rapport aux Bleus ?
L.T.:
"Je suis en fin de contrat, il faut y réfléchir. Cela demande de l’énergie mais il y a beaucoup de satisfactions. Il faut voir les objectifs. On est arrivé là aujourd’hui parce qu’on avait un objectif. Le premier entraînement, on l’a fait le jour de l’ouverture des JO de Londres. J’aime les symboles. Et je leur avais dit : ‘On s’entraîne pour Rio 2016 ‘.  Il faut repartir sur un projet. Il y a plein de challenges et de projets."

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