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Rio 2016: Les quatre enjeux majeurs pour le Brésil

Pour la première fois de l’histoire, le continent sud-américain accueille les Jeux Olympiques. En pleine crise économique et politique, le Brésil doit relever plusieurs défis pour que cette quinzaine, sans oublier les Jeux paralympiques (7-18 septembre).
Article rédigé par Thierry Tazé-Bernard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 9min
Les militaires brésiliens assurent la sécurité des sites olympiques à Rio (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

La sé​curité

Accueillir le plus grand événement planétaire de sport n’est pas anodin sur le plan de la sécurité. 10 500 athlètes venant de 204 pays qui se disputeront des breloques sur 33 sites, sans oublier tous les supporters, voilà ce à quoi se prépare le pays depuis de longues années. D’autant plus que la menace terroriste a frappé différents pays occidentaux ces derniers mois. "Si un groupe terroriste veut marquer un grand coup à un événement mondial, Rio serait un bon endroit pour commencer", estime Robert Muggah, expert en sécurité au sein du think tank Igarape, à Rio.

Et dans la ville-même, la violence est déjà omniprésente, en-dehors de tels événements. Sur les cinq premiers mois de 2016, 2083 personnes ont été tuées dans la capitale carioca, soit une augmentation de 14% par rapport à l’an dernier. Après avoir pacifié les favelas en vue de la Coupe du monde de football 2014, les autorités font face à une remontée des actes délictueux, et à une volonté des narco-trafiquants de récupérer leur territoire. Début juillet, un camion des chaînes de télévision allemandes ZDF et ARD a été volé, avec du matériel à l’intérieur, avant d’être retrouvé. Le signe d’une insécurité plus « banale ».

Pour faire face à l’ensemble des menaces, et à la gestion d’un demi-million de visiteurs pour assister aux Jeux, 85 000 membres des forces de sécurité seront engagés, soit le double qu’à Londres en 2012. Et le personnel de 55 pays participera également à la sécurisation.

Vidéo: La sécurité au coeur de Rio

VIDEO. JO 2016 : La sécurité au cœur de Rio

L’écono​mie

Qu’il semble loin le temps où le Brésil alignait des chiffres de croissance qui flirtait ou dépassait avec les 5% chaque année au milieu des années 2000. En 2010, il était même de plus de 7.5%. Mais depuis 2015, et la chute du cours des matières premières sur lesquelles l’économie du pays repose beaucoup, c’est la récession. Selon l’OCDE (organisation pour a coopération et le développement économiques), l’année 2016 devrait se terminer sur un recul atteignant les 4.3% cette année, soit plus que les 3.8% qui avaient déjà conclu l’année 2015.

Avec des affaires de corruption, un chômage galopant, des taux d’intérêt qui dépassent les 20% et une inflation impressionnante, c’est la morosité qui accompagne les Brésiliens depuis des mois. Après les millions engloutis dans les infrastructures pour le Mondial de foot 2014, les dépenses pour les Jeux sont parfois mal vues. Même si la ville de Rio se targue d’avoir mis sur pied des JO 35% moins chers que ceux de Londres voici quatre ans, les dépenses restent élevées, et n’ont cessé d’augmenter au fil du temps (la facture pourrait atteindre les 12 milliards d’euros).

Pour faire face à la crise budgétaire de l’Etat de Rio, qui s’est déclaré en situation de « calamité publique » budgétaire, le gouvernement fédéral a débloqué 79 millions d’euros afin de permettre le paiement des salaires des policiers et pourvoir aux besoins élémentaires, de l’essence des véhicules au papier hygiénique. A compter sur 3 août, l’attention des autorités brésiliennes sera bien évidemment focalisée en partie sur les recettes. Surtout le président par intérim Michel Temer, qui vise dès 2017 un retour de la croissance grâce à une action pour redresser les comptes publics via une réduction des dépenses. Dilma Roussef, ancienne présidente du pays écartée du pouvoir, verra si sa destitution est confirmée à la fin des JO.

Vidéo: Rio, ville au double visage

VIDEO. JO 2016 - Rio, ville au double visage

La san​té

Il y a deux ans, des manifestations gigantesques dans tout le pays avaient marqué l’approche de la Coupe du monde 2014. Les Brésiliens demandaient de l’argent pour l’éducation et la santé plutôt que pour faire des stades. Aujourd’hui, le pays fait face à deux fléaux : le virus Zika, transporté par les moustiques tigres, et la grippe A H1N1.

Le premier est à l’origine d’un très grand nombre de forfaits de sportifs, notamment en golf. 1.5 millions de Brésiliens ont été touchés par ce virus, qui provoque fièvres, douleurs articulaires, et surtout qui peut avoir des conséquences sur les fœtus pour les femmes enceinte. Même si le mois d’août est moins propice à la prolifération des moustiques puisqu’il s’agit de l’hiver carioca, la crainte existe. Les autorités brésiliennes tablent sur moins d’une infection sur les 500 000 touristes attendus.

Par ailleurs, la grippe A (H1N1) a fait 1003 morts au Brésil lors des six premiers mois, pour 5214 personnes touchées par la grippe. Si la majeure partie des cas a été enregistrée au sud-est et dans l’état de Sao Paulo, 150 cas ont été dénombrés à Rio, pour 44 morts. Il s’agit de la plus forte épidémie depuis 2009.

Lutter contre ces deux maladies est non seulement un enjeu pour tous les Brésiliens, mais aussi pour les visiteurs et les athlètes. Si un athlète de premier plan venait à déclarer forfait au dernier moment pour avoir contracté l’une de ses deux maladies, le retentissement serait très important. Les yeux seront également braqués sur la baie de Guanabara, théâtre des compétitions de voile. Alors que l’ambition était de dépolluer ce site à 80%, on en est loin. Les égouts se déversent là. Gare aux bactéries en cas de baignade inattendue et aux objets en tout genre, pouvant se mettre dans une dérive.

Vidéo: La pollution au coeur de Rio

VIDEO. JO 2016 : La pollution au cœur de Rio

Le sport

Comme tout pays organisateur d’un événement sportif planétaire, le Brésil rêve d’un succès sportif. D’abord de l’organisation globale. Certains sites n’ont été achevés que dans les dernières semaines, la ligne de métro reliant le quartier d’Ipanema au stade olympique de Barra de Tijuca n’ouvre que le 1er août, en service partiel (réservé aux accrédités), la circulation, toujours très dense, promet de l’être encore davantage. Mais les images de cartes postales, la zone portuaire revitalisée, un nouveau terminal de l’aéroport international inauguré, une capacité hotelière doublée, et les exploits des sportifs pourraient tout faire oublier.

Et dans la « Cidade Maravilha » (ville merveilleuse), les athlètes brésiliens rêvent de faire mieux que leur record de 17 médailles, qui date de 2012. A Londres, ils avaient décroché l’or à trois reprises (Menezes en judo, Zanetti aux anneaux et le volley féminin), l’argent à cinq, le bronze à neuf. Deux ans après le traumatisme du Mondial-2014 de foot, les deux équipes aspirent à enfin décrocher l’or olympique, derrière lequel le pays court depuis toujours. Autre institution dans ce pays, le volley, prétendant également à l’or chez les hommes comme chez les femmes. En l’absence de Cesar Cielo, non qualifié, la natation auriverde sera en grande partie portée sur les épaules de Bruno Fratus, son successeur sur le sprint.

Pour le reste, comme le dit l’ancien capitaine de la Seleçao et ancien du PSG Rai, ces Jeux seront une belle fête dans toute la ville : "Ils seront une réussite", assure-t-il.

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