Rio 2016 - L'argent du demi-bonheur des fleuretistes français
Voici quatre ans, Erwann Le Pechoux errait comme une âme en peine à Londres. Incapable de comprendre ce qui avait advenu de l'escrime française, avec son zéro médaille en 2012, au sein d'une équipe du fleuret dont les tensions avaient explosé au grand jour. Quatre ans après, il est déçu. Mais pas de la même manière. Et surtout, il a une médaille d'argent autour du cou. A 34 ans, il est le doyen de cette équipe. Il l'a portée avec Enzo Lefort pour mener à la victoire contre l'Italie, en demi-finales. "On n’arrive pas à se rendre compte de la beauté de cette victoire. L’Italie, c’est la meilleure équipe du monde. On a montré qu’on était largement aussi fort qu’eux, voire plus fort. C’est incroyable. On y croyait mais les battre de cette manière, c’est fort", disait-il après la victoire de 15 points (45-30).
Vidéo: La finale contre les Russes
En finale, contre les Russes, le chemin semblait mené jusqu'à la plus haute marche du podium. A mi-course, l'avantage était important (25-16). Mais la Russie s'accrochait, et comblait son retard, sans que Jean-Paul Tony Helissey, entré en jeu comme remplaçant, et Le Pechoux, ne puissent endiguer ce retour. "Il y a eu un moment clé avec le duel entre Cheremisinov et moi", constatait Jérémy Cadot. "On le savait. Dans la saison, j’ai pris 5-0 et 8-1 contre lui. On savait que ce serait compliqué. Je suis arrivé sur la piste avec un esprit de vainqueur. J’avais travaillé pour tenter de combler mes lacunes contre ce type de tireurs. J’ai fait mon maximum. Les autres ont été très forts." L'autre moment-clé, c'est l'entrée de Jean-Paul Tony Helissey, battu par Akhmatkhuzin (10-3). "J’avais préparé beaucoup de scénarios, comme celui de ne pas avoir de médaille", expliquait le remplaçant. "Je n’avais pas pensé à celui-là : faire mon entrée et ne pas la réussir. C’est difficile de passer toute une journée derrière les mecs et de rentrer soudainement. Après, j’étais prêt. Malheureusement, ça s’est mal passé face à un adversaire coriace. "J’aurais voulu faire mieux, apporter ma pierre à l’édifice, aider mes camarades d’équipe."
Des changements décisifs depuis 2012
Mais contrairement 2012, l'équipe fait front. "On a été une équipe toute la journée, on a eu de beaux succès, c’est une défaite en finale des JO. On perd tous ensemble", affirme Enzo Lefort, qui connaît Jean-Paul Tony Helissey depuis qu'ils ont 5 ans. "C’est vraiment pas facile de rentrer comme ça. Il n’a pas de séance individuelle, il n’a pas tiré sur les deux premiers matches et on lui demande de rentrer dans le dernier relais de la finale olympique." Un avis partagé par Jérémy Cadot: "Pour n’importe qui, cela aurait été difficile. Sur le plan psychologique, c’est très compliqué car il n’a pas eu les individuels pour se mettre dans la compétition. Il s’est entraîné rien que pour cet instant. Pendant toute la journée, les autres tireurs ont plusieurs matches pour se régler et entrer dans la compétition, avec l’agressivité et la tension, à un moment-clé du match. On ne lui en veut absolument pas. On est une équipe : on a battu de fortes équipes en équipe, et on perd en équipe."
En quatre ans, beaucoup de choses ont changé. Enzo Lefort se charge d'en énumérer quelques aspects, qu'il relie à un nom: Franck Boidin, entraîneur du fleuret depuis 2012. "Franck nous a appris à ne pas stéréotyper nos jeux. Jusqu’à 2012, il y avait un jeu à la française, fait d’avancées et de reculs, sans trop de surprise. Il a apporté des changements de rythme, une façon de jouer avec la distance. Il a changé pas mal de choses tactiquement. C’est là-dessus qu’il a mis l’accent. On s’entraîne beaucoup plus dur. Ce sont plein de petits ajustements qui font que c’est une médaille d’argent." Et Jérémy Cadot ne veut retenir que le positif de cette aventure: "Le rêve s’est réalisé : on a battu l’Italie. Si on m’avait dit ça ce matin, j’aurais signé. Je suis très fier de cette médaille d’argent. Honnêtement, si on voit la saison, et les dernières rencontres contre l’Italie, statistiquement, il y avait plus de chances qu’on perde plutôt qu’on ne gagne. On a bien gardé à l’esprit que c’était possible, que c’était faisable. Il y a quelques années, on a été champion du monde, champions d’Europe. On savait qu’on pouvait battre ces équipes là. L’Italie, c’est l’équipe N.1 mondiale." Et les Français sont désormais vice-champions olympiques.
Vidéo: La réaction des escrimeurs
À regarder
-
"C'est un honneur incroyable..." On a rencontré Maxence, pro du parkour et l'un des personnages mystères de la cérémonie d'ouverture de Paris 2024
-
La cantatrice Axelle Saint-Cirel entonne la Marseillaise pour clore la parade des athlètes
-
Les joueurs de l'équipe de rugby à 7 dansent leur choré au pied de l'Arc de Triomphe
-
Teddy Riner est ovationné par la foule lors de la Parade des Champions
-
La "Parade des champions" est officiellement lancée depuis les Champs-Élysées
-
Paris 2024 : revivez les 4 cérémonies en 4 minutes
-
Qui est GЯEG qui a performé à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques ?
-
Paris 2024 : Revivez les plus beaux moments de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Jean-Michel Jarre enflamme le Stade de France
-
Jeux paralympiques : les exploits et des sourires en or pour les athlètes français
-
Il est temps de dire au revoir à la flamme
-
Huit danseurs de breaking valides et handicapés font le show
-
Les porte-drapeaux français pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
"La Marseillaise" interprétée par le trompettiste André Feydy
-
Santa ouvre la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : historique, l'équipe de France de cécifoot championne paralympique
-
Prothèses, fauteuils roulants : comment s'équipent les athlètes pendant les Jeux paralympiques ?
-
Ces Jeunes archers du Nord découvrent le para tir à l'arc et ses champions
-
Paris 2024 : "Durant ces Jeux, on a montré que l'on pouvait faire rimer les notions de handicap et de performance..." Le bilan tout sourire de Marie-Amélie Le Fur, patronne du comité paralympique
-
Paris 2024 : il réconforte les athlètes, sensibilise les officiels au handicap... Marc ne fait pas que conduire en tant que chauffeur volontaire sur les Jeux
-
À 23 ans, il va mixer pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques !
-
La para-escalade fera son entrée aux Jeux de 2028 : une innovation française permet aux personnes en fauteuil de grimper comme tout le monde
-
Paris 2024 : Aurélie Aubert, chouchou du public et nouvelle star du sport para
-
Qui est Frédéric Villeroux, légende du cécifoot ?
-
Immersion avec des collégiens invités aux Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : l'équipe de France de cécifoot est en finale paralympique
-
Paris 2024 : nouveau doublé français en para cyclisme
-
Qui est Axel Bourlon, champion de para haltérophilie ?
-
Paris 2024 : qui est Gabriel Dos Santos Araujo, star de la para natation ?
-
Paris 2024 : des tablettes et des casques VR pour les personnes malvoyantes
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.